Traduction par Marie-Noëlle Révision par Karine Espineira et Nathalie
(Anglais)
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Nous avons appris de l'histoire de Lynn (Fr) qu'elle est née et qu'elle a été éduquée comme un garçon et que, plus tard, son corps a été corrigé pour refléter son identité de femme par un traitement hormonal et par une opération chirurgicale très importante. En raison de ce passé, il arrive que Lynn soit qualifiée de femme "transsexuelle". Pourquoi cela lui est-il arrivé et qu'est-ce que le transsexualisme?
Pour pouvoir comprendre le transsexualisme, nous devons d'abord répondre à des questions de base au sujet de l'identité sexuelle. En quoi consiste-elle? D'où est-ce qu'elle vient? Quels sont les événements naturels qui peuvent influer sur l'attribution de cette identité? Ces pages sont destinées à répondre à ces questions. Ensuite, des liens permettent d'approfondir le sujet de l'identité sexuelle, de l'identité transgenre, du transsexualisme, de l'intersexualité ainsi que des méthodes disponibles pour une modification physique des caractères sexuels.
Les connaissances en cette matière évoluent rapidement. Il y a de nombreux défis à définir, distinguer et il semble nécessaire de "mettre des étiquettes" sur ces différents phénomènes et estimer leur prévalence. Il y a aussi des interprétations divergentes des données scientifiques qui les sous-tendent et des points de vue divergents au sujet des protocoles appliqués pour résoudre de tels problèmes.
Nous en savons cependant beaucoup plus en matière d'identité sexuelle qu'il y a quelques années en arrière et ces nouvelles connaissances valent vraiment la peine d'être diffusées et d'être utilisées. Les tabous dans ce domaine sont aussi en train de tomber, nous pouvons ainsi discuter ouvertement ces questions sans plus avoir peur, se sentir honteux ou gênés.
Partie I: Bases en matière d'identités sexuelle et identité transgenre |
L’identité sexuelle d’une personne est l’un des éléments les plus fondamentaux de son identité. Et la première question que l’on pose au sujet d’un nouveau né est: "est-ce un garçon ou une fille?"
Aussi important que ce soit, la plupart des personnes ne pensent jamais à leur propre identité sexuelle. Ils n’ont aucune idée de ce qui leur donne la conviction d’être un garçon ou une fille, un homme ou une femme. N’ayant jamais souffert d’un mauvais ajustement en la matière, ils considèrent leur identité comme une évidence, tout comme l’air qu’ils respirent, et n’y pensent jamais. C’est un vrai privilège que d’avoir cette conviction.
Au début de sa gestation, un fœtus qui a des gènes masculins (des chromosomes XY chez les humains) va se développer comme un garçon avec des organes sexuels masculins. Il se développera en fille avec des organes sexuels féminins s’il a des gènes féminins (des chromosomes XX chez les humains). Ceci se passe dans plus de 99% des cas. Les médecins et les parents examinent les organes génitaux externes des nouveau-nés et déclarent qu’ils sont des garçons ou des filles.
Quand ils grandissent, ceux qui sont déclarés être des garçons deviennent la plupart du temps des hommes avec une identité d’homme et ceux qui sont déclarés être des filles deviennent habituellement des filles avec une identité de femme. Une fois de plus, cela semble tout simple et naturel.
Alors que la plupart des enfants naissent comme des garçons ou des filles "normaux", de nombreux éléments génétiques ou liés à la gestation de l’embryon peuvent amener à ce que l’enfant naisse avec des organes sexuels ambigus, de sorte que les médecins ne peuvent pas déterminer clairement s’il s’agit de garçons ou de filles. Dans d’autres cas, les organes externes correspondent bien à ceux d’un sexe, mais ne correspondent pas aux gènes de l’enfant. Il y a aussi des enfants dont les gènes sont plus complexes que XX ou XY. Dans ces cas, l’identité sexuelle de l’enfant, son évolution physique et intérieure peut être difficile et imprédictible. Les enfants qui résultent de ces variations sont qualifiés "d’intersexués". Il y a un enfant intersexué pour 1000 naissances.
Par exemple, un enfant sur 13'000 qui a des gènes XY (ce qui correspond normalement à un mâle) ne réagit pas aux hormones masculines et développe les organes sexuels externes d’une femme, mais n’a pas d’organes sexuels internes. Ces personnes ayant un "syndrome d’insensibilité complète aux androgènes" (cAIS en anglais) sont considérées et élevées comme des filles. Bien qu’elles ne puissent porter d’enfant, elles développent la plupart du temps le corps élancé des autres femmes. La rumeur veut qu’un grand nombre de mannequins soient dans ce cas.
Dans d’autres cas, un "syndrome d’insensibilité partielle aux androgènes" ("pAIS" en anglais) a pour résultat le fait que les organes sexuels externes peuvent prendre toutes les nuances possibles entre des organes males et femelles. Référez-vous au site web du groupe de soutien de syndrome de l’insensibilité aux androgènes (AISSG) pour plus d’informations sur cette condition. Chose très importante, la plupart des femmes concernées ne sont jamais informées de la nature de leur condition, parce que leurs médecins et leurs familles se sentent terriblement honteux de ces "secrets si terribles" liés au fait que ces femmes ont des gènes masculins. A la place, on leur dit des choses comme "vous n’avez jamais développé d’organes internes et vous ne pouvez avoir d’enfant". Elles découvrent souvent la vérité bien plus tard dans la vie, le plus souvent par accident (par exemple, lisez l’histoire de Sherri sur le site de l’AISSG).
Le Comité International Olympique a fini par abolir cette politique discriminatoire en abolissant tous les "tests de sexe" à partir des jeux d’été 2000. Puis, le 17 mai 2004, le Comité International Olympique a annoncé que les femmes et les hommes transsexuels opérés pourraient participer aux compétitions, pour autant qu’ils remplissent certaines conditions, à partir des jeux d’été de 2004. De ce fait, toute discrimination contre la participation des personnes intersexuées ou transsexuelles aux jeux olympiques est finalement abolie.
Pour une introduction aux différentes catégories de personnes intersexuées et au sujet de la prévalence de cette condition, référez-vous à la page du site de la Société des Personnes Intersexuées d’Amérique du Nord qui a pour titre "How Common Are Intersex Conditions?". Pour plus d'informations, consultez l'excellente page de la version anglophone de la Wikipedia’s sur l'intersexualité, qui contient des liens vers de nombreux sites décrivant des conditions spécifiques. (L'article de la version francaise est en phase de reconstruction complète, suite à des problèmes de copyright, NDT)
L’existence d’enfants intersexués XY (génétiquement males) qui ont des organes sexuels externes féminins et qui ont une identité sexuelle de femme (les femmes cAIS) était un des faits connus depuis longtemps au sujet de l’intersexualité qui a mené les scientifiques il y a des années à comprendre que l’identité sexuelle n’est PAS déterminée directement par les chromosomes XX ou XY. A la place, ils ont émis l'hypothèse selon laquelle l'identité sexuelle d'une personne est indéterminée à la naissance, et elle est déterminée dans la petite enfance par les organes sexuels externes de l'enfant et par son éducation. Le leader de ce mouvement était John Money de l'université John Hopkins.
Selon cette théorie, un enfant qui a un vagin et qui est éduqué comme une fille grandira en développant une identité sexuelle de femme, quels que soient ses gènes. De la même manière, un enfant qui a un pénis et qui est élevé comme un garçon développera une identité sexuelle masculine quels que soient ses gènes. Si l'identité sexuelle ne correspondait pas à ce qu'ils attendaient, les psychologues et les psychiatres supposaient que quelque chose s'était mal passé dans l'éducation de l'enfant, ou que l'enfant était mentalement perturbé ou avait des hallucinations (autrement dit, était un malade mental). Les corrections de tout problème d'identité sexuelle ne pouvaient se faire, selon cette théorie, que par la psychiatrie, en affirmant que cette "perturbation mentale" pouvait être corrigée.
La pratique de "corriger chirurgicalement" les organes génitaux des bébés intersexués pour les rendre "normaux":
Dans les années 60, les progrès en matière de chirurgie plastique et reconstructive, combinés avec la théorie de l'identité sexuelle déterminée par les organes génitaux externes et par l'éducation a amené des médecins à pratiquer des opérations "correctives" sur de nombreux enfants intersexués. L'idée était de rendre "normale" l'apparence de ces organes puis d'élever l'enfant dans le genre correspondant, en supposant que l'enfant grandirait en développant une identité sexuelle correspondante et "normale".
John Money de l'université John Hopkins, qui était devenu l'autorité dominante de la communauté médicale pour ce qui concerne les questions d'identité sexuelle était le principal avocat de telles interventions. C'était un partisan des théories psychologiques comportementales, selon lesquelles l'esprit de l'enfant est considéré comme une feuille blanche, sans aucun trait de personnalité qui lui soit propre. John Money a émis la théorie selon laquelle l'identité sexuelle est le seul fruit de l'éducation et de la socialisation.
La motivation de ces interventions "correctives" sur des nouveau-nés était de résoudre les "urgences sociales" causées par les naissances intersexuées. Le seul fait qu'il existe un grand nombre d'enfants intersexués, avec toute la variété de leurs organes sexuels, invalide le préjugé de notre culture qui divise strictement l'humanité en deux groupes totalement distincts et inamovibles, les hommes et les femmes. La seule existence de personnes intersexuées remet en question de nombreuses et anciennes structures religieuses et légales de notre société. Les parents et les médecins subissaient (ou croyaient subir, ndt) une forte pression de la société pour éliminer ces variations. John Money a transformé ces préjugés en une théorie qui avait l'apparence de la pertinence afin de valider les opérations "correctives" sur les nouveau-nés.
Les opérations de nouveau-nés intersexués ont été pratiquées depuis de nombreuses années et leur fréquence est d'environ 1 opération pour 2000 naissances. Dans la plupart des cas, les opérations "créent" des filles. Chose surprenante, on ne trouve pas d'étude scientifique du succès de ces opérations.
Même au début de cette pratique, certains s'y sont opposés, en particulier un jeune chercheur nommé Milton Diamond, maintenant professeur à l'université d'Hawaii. Alors qu'il était encore en train de faire son doctorat, Diamond a défié avec audace les théories de Money en publiant en 1959 un article intitulé "A critical evaluation of the Ontogeny of Human Sexual Behavior". L'approche de Diamond était basée sur ses propres observations tirées d'expérimentation avec les animaux. Plus tard, il publia également "evidence from biology, psychology, psychiatry, anthropology, and endocrinology to argue that gender identity is hardwired into the brain virtually from conception" (cf. "As Nature Made Him", p.44).
Cependant, le préjugé selon lequel les êtres humains avaient progressé "au delà des influences de la nature en matière de sexualité" et que la sexualité et l'identité sexuelle étaient déterminées par l'éducation avait déjà profondément imprégné la communauté médicale. Sous l'influence de prophètes tels que John Money ce point de vue a dominé dans la communauté médicale et psychologique durant la fin du 20ème siècle. Des milliers d'opérations ont eu lieu durant ces décennies, et toujours sans aucun contrôle d'efficacité. Ce n'est qu'à la fin du 20ème siècle que ces questions terribles ont surgi, quand les premières études ont démontré que les opérations n'avaient pas du tout eu le résultat prédit par John Money.
Durant les dernières années, nombre de personnes intersexuées ont commencé à se rassembler grâce à Internet. Elles ont commencé à comparer leur expérience au sujet de leur situation. Il est alors devenu clair que nombre des interventions "correctives" n'avaient pas produit les résultats attendus par les médecins. A la place, nombre de personnes intersexuées se retrouvaient mutilées par ces interventions. Nombre d'entre elles souffraient également de troubles de l'identité sexuelle, étant donné qu'elles s'étaient vu attribuer un sexe de manière tout à fait arbitraire, sur la base de ce que les chirurgiens avaient le plus de facilité à faire.
Sous la pression des activistes intersexués, en particulier la toute nouvelle ISNA (l'organisation des personnes intersexuées d'Amérique du Nord, ndt), des études des résultats de ces opérations ont finalement eu lieu. La première d'entre elles fut centrée sur 25 personnes génétiquement XY qui n'avaient pas de pénis à la naissance (syndrome d'extrophie cloacale) et qui avaient été transformées chirurgicalement en filles puis élevées en tant que telles. Cette étude révéla que ces 25 personnes avaient développé une identité sexuelle d'homme.
Bien qu'ayant été éduqués comme des filles, ces enfants avaient tous les comportements des jeunes garçons. A leur adolescence, tous avaient insisté, envers et contre tout, en particulier à l'encontre de leurs organes sexuels externes et de leur éducation, qu'ils étaient des hommes et qu'ils voulaient voir leur corps corrigé. Nombre d'entre eux cherchaient désespérément des amies, comme l'aurait fait n'importe quel adolescent mâle.
Au lieu d'avoir transformé leur identité sexuelle innée et d'avoir fait de ces enfants des filles, ces opérations en on fait l'équivalent de personnes transsexuelles femme-vers-homme (FtM)! Nombre de ces hommes ont depuis entrepris des traitements hormonaux et des opérations de réattribution de sexe de type femme vers homme. Malheureusement pour eux, les effets des opérations qu'ils ont subies à leur naissance entrave la reconstruction d'organes sexuels masculins et, dans de nombreux cas les empêchent de ressentir toute forme de plaisir sexuel.
Ces études remettent en question la pratique des interventions chirurgicales arbitraires sur des nouveau-nés intersexués.
Elles font même quelque chose d'encore plus important: elles remettent en question la théorie selon laquelle les organes génitaux externes et l'éducation déterminent l'identité sexuelle. Elles ont de ce fait initié un profond changement dans la manière dont la communauté médicale considère l'origine de l'identité sexuelle. L'expérience des personnes intersexuées qui ont suivi différentes trajectoires (certaines se sont vues "corrigés" à la naissance d'autres pas) est mieux connue et elle nous donne une autre compréhension des nombreuses variations de l'identité sexuelles. Elles nous montrent aussi combien elle est indépendante de nos organes sexuels.
Par exemple, dans des cas comme le syndrome de Turner, un enfant peut avoir des organes sexuels masculins qui semblent normaux à la naissance et il est alors élevé comme un garçon. Mais, à la puberté, il ne se masculinisera pas et il conservera une apparence nettement plus féminine. Ces adolescents risquent de faire face à de grandes difficultés si leur situation n'est pas diagnostiquée et/ou s'ils ne sont pas informés des options à leur disposition. S'ils n'ont pas une identité d'homme clairement déterminée, ils peuvent devoir faire face à un choix difficile: soit entreprendre un traitement à la testostérone (et se développer comme des hommes), soit entreprendre un traitement aux oestrogènes et se développer comme des femmes. Il arrive que des enfants ayant le syndrome de Turner aient une identité sexuelle de femme, et, s'ils en ont la possibilité, choisissent la voie correspondante.
Cheryl a été directrice et fondatrice de la société des personnes intersexuées d'Amérique du Nord (ISNA), et un des leaders du mouvement qui s'est efforcé de mettre fin à la honte, au secret et aux opérations arbitraires infligées aux personnes dont les organes sexuels étaient considérés comme atypiques. ISNA s'efforce de faire comprendre que l'intersexualité n'a rien de honteux ni de monstrueux. Aux seuls Etats-Unis, cinq enfants subissent une intervention mutilante et totalement inutile chaque jour. ISNA exige des médecins qu'ils utilisent un modèle de traitement qui mette le patient au centre, plutôt que de privilégier leurs préjugés. Pour plus d'informations sur ces problèmes, référez vous au documentaire de Discovery Channel "Is it a Boy or a Girl?", qui a été produit avec la participation d'ISNA.
La rupture d’avec les idées de John Money a commencé à se faire quand la communauté scientifique a appris que John Money avait dissimulé durant des années les preuves que ses théories étaient fausses. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase fut l’histoire du cas de "John/Joan" tel qu’il fut présenté dans l’ouvrage "As Nature Made Him: The Boy Who Was Raised as a Girl " de John Colapinto.
Il y a des décennies, John Money avait accompagné les parents d’un petit garçon qui avait perdu l’essentiel de son pénis lors d’un accident médical et leur avait conseillé de lui faire subir une opération pour le changer en fille, intervention justifiée par la théorie selon laquelle "elle" allait grandir et devenir une fille normale au lieu de devoir grandir comme un "garçon anormal". Ce cas était très important pour les chercheurs parce que ce garçon avait un frère jumeau qui pouvait servir de base de comparaison dans l’étude du développement de l’identité sexuelle. La première étape fut de castrer l’enfant et d’enlever ce qui restait de son pénis. Il fut alors élevé comme une fille. Cependant "elle" exprimait clairement une identité sexuelle masculine. "Elle" commença à déclarer que, en fait, "elle" était véritablement un garçon et se rebellait contre les tentatives de la faire se comporter comme une fille. A la puberté, alors qu’elle n’était pas au courant de l’opération qu’elle avait subie enfant, elle résista aux efforts de ses parents et des médecins pour la féminiser avec un traitement aux oestrogènes et d’autres opérations chirurgicales. Par la suite, elle entreprit une transition pour retrouver son statut d’homme, un peu comme l’aurait fait un transsexuel FtM. Dans ce cas, éduquer un garçon avec des organes génitaux féminins comme une fille n’a clairement PAS changé son identité sexuelle.
Durant des décennies, John Money s’est continuellement référé au cas de John/Joan comme à une victoire, fabriquant de toutes pièces des faits pour prouver que ce cas était une "réussite complète". Money n’a cependant permis à personne d’approcher "Joan" pour en savoir plus au sujet de sa vie, refusant tout contact au nom de la "protection de la sphère privée". Progressivement, ce cas devint si légendaire qu’il en devint la pierre d’angle qui soutenait les théories de John Money.
Le professeur Diamond a toujours mis en doute les résultats de Money. Durant des années, il a essayé lors de nombreuses études et dans ses articles de persuader d’autres chercheurs de considérer au moins la possibilité que l’identité sexuelle était innée. Cependant ses efforts furent vains, en raison de la domination de Money dans le domaine.
C’est au début des années 1990 que Diamond a réussi à retrouver l’enfant "Joan", et il s’attendait à rencontrer une femme adulte, dont l’histoire avait été la fondation de toute la théorie de Money. Alors qu’il voulait simplement confirmer ce qui s’était ou ne s’était pas passé, Diamond s’est retrouvé face au fait incroyable qu’elle ne s’était jamais senti une fille et qu’il était maintenant un homme marié!
[*Par la suite, cette histoire a eu une fin tragique. Bien que John a réussi à inverser socialement et chirurgicalement l'assignation qu'il avait subie durant son enfance et à réaffirmer son identité masculine, il admettait ressentir un puits profond de ressentiments déchirants qui ne pourraient jamais s'effacer. "Vous ne pouvez pas échapper à votre passé", dit-il au Seattle Post-Intelligencer en 2000. "Certaines parties de mon corps ont été coupées et jetées à la poubelle. Mon esprit aussi a été déchiqueté"."" "John" s'est suicidé le 4 mai 2004.]
Diamond et un collègue, Keith Sigmundson, ont alors travaillé sans relâche à documenter ce qui s’était réellement passé dans ce cas et ont ensuite rédigé un article pour révéler leurs résultats. Cet article était si controversé que de nombreuses publications scientifiques ont simplement refusé de le publier! Ils ont agi ainsi tellement était grande l’influence de Money et tellement ses idées étaient répandues. Ces publications ne pouvaient simplement pas croire les preuves qu’ils avaient sous les yeux!
L’histoire de John/Joan fut connue du public par un article de John Colapinto dans "The rolling stones", publié le 11 décembre 1997. Il était intitulé "The True Story of John/Joan". Voici un extrait de la dernière page de cet article: "[…] Son histoire a secoué jusqu’aux fondations de l’édifice construit sur les théories de John Money dans les années 50. Il a mis en évidence une faiblesse centrale dans une théorie qui a perduré durant l’essentiel du 20ème siècle. C’est Sigmund Freud qui, le premier, a affirmé que le développement harmonieux d’un enfant en tant que garçon ou en tant que fille dépendait essentiellement de la présence ou de l’absence du pénis – notion centrale dans la théorie de Money du développement sexuel. C’est pour cette raison que John Thiessen a été transformé en femme. C’est une notion qui, aujourd’hui est aussi remise en question par les recherches en neurobiologies. Elles amènent les scientifiques à penser que, comme le Dr. Reiner le dit, 'l’organe sexuel le plus important n’est pas les organes génitaux, c’est le cerveau' […]" |
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Depuis, le professeur Diamond a remporté de nombreuses récompenses pour ses travaux. Directeur du centre du Pacifique pour la sexualité et la société à l’université d’Hawaï, il a beaucoup écrit au sujet de l’identité sexuelle et des interventions sur des patients intersexués. Je vous recommande vivement ses articles. Lisez, par exemple, “Sex and gender are different: sexual identity and gender identity are different” et “Medical dilemma: should physicians perform sex assignment on infants with ambiguous genitalia?”
Si les gènes ne déterminent pas notre identité sexuelle (les femmes cAIS nous prouvent que cela ne peut pas être le cas) et si ce ne sont pas non plus les organes génitaux et l’éducation qui la déterminent (les garçons avec une extrophie cloacale nous le prouvent), alors qu’est-ce qui peut bien déterminer l’identité sexuelle d’une personne?
Il y a un nombre croissant de preuves scientifiques que, d’une manière ou d’une autre, certaines structures cérébrales de l’hypothalamus (la région du BSTc) déterminent l’identité sexuelle des personnes. Ces structures sont "câblées en dur" avant la naissance dans les centres inférieurs du cerveau et dans le système nerveux central (CNS) durant les premières phases de la gestation, lors de l’imprégnation hormonale de ce dernier.
Il semble que si ces structures nerveuses du cerveau et du système nerveux central sont masculinisées dans les premières étapes de la gestation du fœtus, alors l’enfant aura des perceptions masculines et une identité sexuelle masculine, indépendamment de ses gènes ou de ses organes génitaux. Si ces structures ne sont pas masculinisées au début de la grossesse, alors l’enfant aura des perceptions féminines et une identité sexuelle féminine, là encore indépendamment de ses gènes ou de ses organes génitaux. Comme dans le cas des enfants intersexués qui ont des organes génitaux ambigus, il y a sans aucun doute de nombreux degrés d’identités croisées du cerveau et des structures du système nerveux central. De fait, alors que certains enfants ont des identités complètement contraires à leur apparence, d’autres ont des identités qui ne s’en distinguent que partiellement.
C’est pour cette raison qu’il arrive que des enfants développent une identité sexuelle complètement en contradiction avec leurs gènes. Dans les cas cAIS, par exemple, les structures cérébrales de ces filles sont probablement insensibles aux effets masculinisant de la testostérone chez le fœtus. Il en va de même de leurs organes génitaux. Ainsi, elles développent des structures cérébrales et une identité sexuelle de femme, quand bien même elles ont des gènes XY.
C’est aussi pour cette raison qu’il est possible que certains enfants aient une identité sexuelle contredisant leurs organes génitaux et leur éducation. Dans le cas des garçons avec une extrophie cloacale (“micropénis”), leurs structures cérébrales ont probablement été masculinisées sous l’influence de la testostérone fœtale, ce qui leur a donné une identité sexuelle masculine quand bien même ils ont été transformés chirurgicalement en filles et élevés comme tels.
Ces récentes observations sur des cas d’extrophie cloacale ont déjà un profond impact sur la communauté des chercheurs en médecine. Elles sont pour la science de l’identité sexuelle l’équivalent de l’observation des lunes de Jupiter par Galilée.
Il s’agit d’observations spectaculaires, sans précédent et indéniables qui renversent les précédents modes de pensée, et elles le font dans un domaine scientifique qui a été sujet à beaucoup de désinformation et de tabous. Dans le cas de Galilée, ce changement a permis de passer d’un monde ou la Terre était au centre de l’univers à un monde où c’était le soleil qui était au centre. Dans notre cas, c’est l’abandon de la théorie qui postulait une détermination par les organes génitaux et l’éducation à une théorie qui postule un développement neurobiologique durant la grossesse.
Les implications de ce changement sont importantes, en particulier pour ceux qui souffrent d’identités qui ne rentrent pas dans les cadres habituels de notre société. Au lieu d’être considérés comme des problèmes psychologiques, elles deviennent des questions de nature neurologique.
Lisez attentivement les conclusions de William Reiner, M.D., pédiatre et chercheur à l’hôpital John Hopkins, qui a travaillé avec des enfants intersexués (Reiner est maintenant en train de réaliser des études de suivi de personnes avec une extrophie cloacale qui confirment ses conclusions):
“Pour finir, seuls les enfants eux-mêmes peuvent et doivent dire comment ils s’identifient. Quant à nous, chercheurs et cliniciens, nous devons les écouter et apprendre d’eux. Les choix cliniques ne doivent pas être basés sur des prédictions anatomiques, ni sur la “normalité” du fonctionnement sexuel, car il n’est pas question de moralité ni de conséquences sociales, mais du chemin le plus approprié en fonction du développement psychosexuel de l’enfant. En d’autres termes les organes qui sont les plus importants pour le développement psychosexuel et pour son adaptation ne sont pas les organes sexuels externes mais le cerveau”
William Reiner, M.D., To Be Male or Female--That is the Question, 151 Arch Pediatr. Adolesc. Med. 225 (1997). |
C’est impressionnant de voir que les psychiatres ont complètement ignoré ces résultats par le passé et ont très longtemps supposé que l’identité sexuelle était indéterminée à la naissance et construite par l’éducation. Les personnes qui ont des problèmes d’identité avaient depuis très longtemps décrit leur problème non comme un problème de PENSEE, mais comme un problème de perception et de PERCEPTION DE LEUR CORPS - comme un petit enfant, les sentiments liés à votre identité, à comment vous vous déplacez dans l’espace, comment vous réagissez aux contacts corporels, votre degré d’agressivité, comment vous interagissez avec les autres jeunes enfants. Puis, après la puberté, ce qui nous excite sexuellement, et si ce désir est mâle (avec le besoin de pénétrer) ou femelle (avec le besoin d’être touchée et pénétrée).
On ne construit pas ces perceptions qui proviennent du système nerveux central et qui nous caractérisent comme homme ou comme femme, on les ressent tout simplement! Les mécanismes perceptifs qui sont impliqués sont prédéterminés et ne peuvent pas être changés par des méthodes psychiatriques, pas plus que l’on peut remplacer sa perception de la chaleur par celle du froid et inversement.
Maintenant que nous avons pu établir les bases en matière de genre et d’identité sexuelle et que nous avons une idée des difficultés auxquelles les personnes intersexuées doivent faire face, nous sommes prêts à en dire plus au sujet des identités transgenres et de la transsexualité.
C’est une réalité cachée et dont on parle rarement, mais c’est un fait qu’un certain nombre de garçons d’apparence tout à fait “normale” ne sont pas du tout des garçons, mais ils auraient du naître dans un corps de fille. Bien qu’ils aient des gènes XY normaux, des organes sexuels masculins normaux et qu’ils soient éduqués comme des garçons, ils ont néanmoins des sentiments, des perceptions de leurs corps et une identité sexuelle de femme. De la même manière, certaines filles ne sont pas du tout des filles, mais auraient dû naître dans le corps de garçons. Tout cela ne se produit pas très souvent, mais cela se produit. Et il en a toujours été ainsi.
Environ une fois toutes les 200 ou 400 naissances, quelque chose se passe de manière inhabituelle dans les phases initiales de la gestation et les hormones sexuelles n’ont pas l’effet habituel dans le cerveau du fœtus. Dans ces cas, les enfants naissent avec un cerveau sexualisé (un sexe neurologique) et une identité sexuelle innée opposée à celle indiquée par leurs gènes et leurs organes sexuels. Comme ces enfants ont une apparence “normale”, ils seront éduqués dans le mauvais genre selon la sexualisation de leur cerveau (sexe neurologique). Etre éduqué dans le mauvais genre provoque un trouble profond (appelé dysphorie de genre), de l’angoisse qui perdurera, voire s’approfondira en grandissant. Il s’agit là des personnes transsexuelles (TS), celles qui en sont le plus affectés parmi les personnes "transgenres" (TG).
Dans un beaucoup plus grand nombre de cas, peut-être même 1 enfant sur 50, les effets “transgenre” sont moins prononcés mais quand même partiellement présents - et ceci se produit tant avec les hommes que les femmes. Nous pouvons estimer cette proportion à partir de celle des personnes qui sortent des standards traditionnels en matière de genre et qui se sont fondus au sein et autour de la communauté gay. Bien qu'ils représentent une faible proportion de cette communauté, ils représentent quand même entre 1% et 2% de la population. Ce groupe de personnes présente une large palette de variations dans les identités et les sentiments transgenre (de la même manière que les personnes intersexuées présentent une large palette de configurations génitales (et d'identités, ndt)). Nombre de ces personnes devront faire face à des problèmes majeurs si elles sont forcées de se conformer à des règles trop strictes en matière de genre.
Les femmes remarquent ces cas, en particulier ceux de petits garçons particulièrement féminins qui "auraient dû être des filles". Elles font souvent cette remarque entre elles. Mais ces réactions de bon sens ne sont que rarement exprimées en dehors de groupes exclusivement féminins. Les pères, en particulier, vont mettre toute leur énergie à leur faire "retrouver le droit chemin". Ces garçons sont assimilés à des pré-homosexuels, ce qui est tout à fait erroné. Et ils font tout ce qu'ils peuvent pour "épargner ce sort" à leur enfant. D'un autre côté, les filles qui se sentent masculines deviennent souvent des "garçons manqués" et elles n'en sont pas critiquées pour autant - en fait, certaines peuvent même obtenir une certaine reconnaissance en raison de leur caractère affirmé, voire agressif, dans notre société dominée par les hommes. Elles peuvent cependant ressentir autant d'angoisse que les garçons transgenres MtF en raison du fait qu'elles ne correspondent pas aux stéréotypes qu'on voudrait les voir adopter.
Dans nos sociétés, il n'y a pas de moyen reconnu pour un tel garçon de dire "je sens que je suis une fille" et pour obtenir un soutien actif pour résoudre son problème. A la place, les jeunes transgenres comprennent de leurs parents et de leurs camarades qu'ils vont devenir homosexuels. Par la suite, certains essaient même de le devenir et de s'intégrer dans la communauté gay, ce qui ne marche que très rarement. Les hommes homosexuels recherchent des partenaires qui soient aussi des hommes et non des personnes dont l'identité sexuelle est celle d'une femme. La dernière chose qu'un jeune MtF puisse faire, c'est de devenir un homme gay qui soit complètement à l'aise avec son corps d'homme et avec sa masculinité!
Nombre d'autres jeunes transgenres vont trouver des moyens de s'habiller secrètement en filles et explorer ainsi le sentiment qu'ils ont de leur féminité et ils commencent souvent bien avant la puberté. Le refus de toute occasion d'exprimer leur désir identitaire et le besoin de maintenir un secret absolu au sujet de leurs pratiques sont souvent la source d'une très grande angoisse, d'anxiété, voire de dépression.
Quelques adolescentes transgenres et transsexuelles vont essayer de paraître ouvertement comme les jeunes filles qu'elles sont, et rechercher des garçons comme partenaires amoureux (i.e. des garçons qui les aimeront comme les filles qu'elles sont). D'autres adolescentes MtF vont rechercher la compagnie d'autres filles et seront attirées par elles comme lesbiennes. Dans de tels cas, si leur amie peut les accepter, elles deviennent des partenaires et des amantes merveilleuses et attentives. Mais nombre d'adolescentes transgenres ressentent une telle honte et un tel sentiment d'humiliation en raison de leur identité féminine qu'elles vont cacher leur "terrible désir secret" de tous, parfois même d'elles mêmes pendant de très longues années.
Le nom général qui décrit cette forme intense de sentiment transgenre est "dysphorie de genre", ou "trouble de l’identité sexuelle" ("GID" en anglais). Nous évitons cependant cette seconde définition, ainsi que le mot "trouble" parce que nous considérons que cette condition est une variation naturelle de la différentiation sexuelle des êtres humains. De ce fait, nous utilisons uniquement l'expression "dysphorie de genre" qui fait référence à l'angoisse que ressent une personne qui se trouve forcée de vivre dans le mauvais corps. Pour une description plus formelle et des informations sur la recherche en ce domaine, référez-vous aux liens suivants dans le site de recherche et d'information au sujet de l'identité sexuelle (GIRES en anglais):
Définition et synopsis de l'étiologie de la dysphorie de genre et de la transsexualité chez l'adulte
"En conclusion, la transsexualité est fortement liée au développement du cerveau ... Cette condition ne peut pas être modifiée par l'éducation ni par quelque traitement psychiatrique ou psychologique que ce soit ... Les personnes peuvent bénéficier d'une approche qui inclut un traitement hormonal et une opération de réattribution de sexe pour mettre en harmonie leur corps avec leur identité sexuelle, accompagnée par une intervention psychosociale bien ciblée pour aider la personne à s'adapter à son nouveau rôle social ... Le traitement peut varier et doit être adapté aux besoins et aux circonstances particulières de chaque personne."
- Citation du synopsis du GIRES sur les recherches actuelles sur l'étiologie de la dysphorie de genre; ce document a été signé par les chercheurs les plus éminents sur le plan mondial. |
Des services de relation d'aide spécialisés et des groupes de soutien existent maintenant dans de nombreuses grandes villes pour aider les personnes transgenres à diagnostiquer leur situation et pour prendre conscience des différentes options disponibles pour des changements sociaux et un soutien médical. Le web offre maintenant un grand nombre de sites de support aux personnes transgenres et transsexuelles et ils fournissent une large palette d'informations pratiques au sujet de la relation d'aide et de la transition. Nombre de ces sites contiennent une liste sans cesse mise à jour de praticiens prêts à aider les personnes TG/TS (professionnels de la relation d'aide, esthéticiennes, endocrinologues et chirurgiens). Certains de ces sites, comme le forum TG, listent également des clubs, des groupes de soutien et d'importants événements nationaux où les personnes transgenres peuvent se réunir et se soutenir mutuellement.
Dans de nombreux cas, des contraintes réduites en matière de comportement et d'habillement approprié peuvent réduire l'inconfort des personnes transgenres et augmenter fortement les opportunités qu'elles ont de s'exprimer en vérité et d'être bien dans leur peau et heureuses. Dans les nombreux cas où la personne peut trouver un apaisement et arrive à s'accepter, elles peuvent mener leur vie avec succès et trouver le/la partenaire dont elles ont besoin sans entreprendre plus de démarches.
Cependant, les personnes qui ont un trouble particulièrement fort ont l’option de réaliser des changements plus importants avec un traitement hormonal et en réalisant des changements sociaux en s’habillant en femmes en permanence. Elles entreprennent alors une “transition transgenre”, si possible avec les conseils et le soutien d’un accompagnant qui se focalise sur les aspects pratiques d’une telle entreprise. Il y a maintenant de nombreuses personnes qui, chaque année, entreprennent une telle transition et qui vivent alors dans le genre dans lequel elles se sentent appartenir, mais tout en restant au milieu du chemin sur le plan physique (i.e. sans entreprendre d’opération de réattribution de sexe pour corriger leurs organes génitaux).
Les trajectoires des femmes transgenres varient considérablement de personne à personne, selon de nombreux facteurs incluant l’intensité de leurs sentiments transgenres ainsi que le moment et le moyen choisi pour commencer à exprimer ouvertement leur condition.
Avec la récente prolifération de lieux destinés aux travestis hétérosexuels masculins (voir ci-dessous), et les nombreuses opportunités qu’il y a aujourd’hui pour pratiquer le travestissement en toute sécurité, il est maintenant encore plus commun pour les jeunes transgenres de commencer par s’identifier à des travestis masculins et d’être attirés par les spectacles de travestissement. Ce n’est qu’avec le temps qu’elles réalisent qu’elles ne sont pas intéressées à s’habiller en femmes pour s’exciter sexuellement. Percevoir qu’elles ne sont pas comme les travestis masculins (qui sont habituellement mariés ou vivant avec des partenaires), elles commencent à se confronter à leur dysphorie de genre. Au fur et à mesure qu’elles prennent conscience de leur différence, les personnes transgenres quittent le monde travesti et rejoignent des groupes de soutien de personnes transgenres et recherchent des thérapeutes appropriés.
Des conférences nationales permettent également à des personnes qui sont juste en train de commencer à explorer leur problème d’identité de participer anonymement à un très grand événement et de découvrir d’un coup l’ensemble des possibilités de transition. Des conférences comme “Southern Comfort” et le “Colorado Gold Rush”, bien que ce soit principalement des lieux de réunion pour des travestis hétérosexuels masculins, comprennent aussi d’excellents ateliers et séminaires pour aider les personnes à se lancer dans leur transition. Toute personne qui a des questions quant à son identité sexuelle peut participer à l’une de ces conférences (que ce soit en tant qu’homme ou en tant que femme), rencontrer et parler avec des personnes à toutes les étapes de leur transition. Elles peuvent ainsi collecter une grande quantité d’informations, de trucs pour mieux se débrouiller, de défis et de possibilités de mieux gérer leur transition.
Le web a eu un effet profond sur le monde transgenre en accélérant la propagation d’informations au sujet de la transition et en aidant les gens à constituer des réseaux et à partager l’information. Avec l’émergence du web et la grande disponibilité d’informations au sujet des identités transgenres et de la transsexualité, nombre de personnes transgenres évitent complètement de passer par les milieux gays et travestis hétérosexuels dès le début de leurs explorations. Elles rejoignent directement les grands groupes, vers des thérapeutes spécialisés (quand ils existent dans leur région, ndt) et vers des groupes de soutien transgenre pour obtenir le soutien dont elles ont besoin et pour explorer tranquillement et discrètement leurs options en matière de transition. Il arrive aussi que des personnes transsexuelles entreprennent une transition transgenre et vivent dans une telle situation avant d’entreprendre une opération de réassignation sexuelle (cf. partie II, transsexualité).
Les transitions transgenres ne nécessitent l’autorisation de personne ni d’aucune “autorité”, même si elles sont souvent faites avec l’aide d’un thérapeute spécialisé. La personne en transition transgenre MtF travaille dur à féminiser son apparence et ses manières, par exemple avec un traitement hormonal, en faisant épiler son visage avec l’électro-épilation, en travaillant sa voix et de nombreuses autres choses. Certaines personnes vont entreprendre des opérations cosmétiques pour améliorer l’apparence de leur visage et/ou pour accroître la taille de leur poitrine. Une fois que ces changements ont été faits, la personne effectue une transition sociale en s’habillant conformément au genre avec lequel elle s’identifie, en changeant légalement son nom (si c’est possible sans opération, ndt) et en faisant mettre à jour ses coordonnées selon son nouveau nom et son nouveau genre (ce qui est maintenant assez facile à faire dans de nombreux états des Etats-Unis (mais pas nécessairement ailleurs, ndt.)). Il y a cependant toujours de nombreuses difficultés dans un tel chemin parce que la société a souvent du mal à s’accommoder de quelqu’un qui est “ au milieu ” des deux genres standards. Cependant certaines femmes transgenres ont vraiment réussi leur transition, ont réussi leur vie, ont eu de belles carrières et ont également trouvé de merveilleux-ses partenaires amoureux-ses.
Vous trouverez des exemples de femmes transgenres avec leurs témoignages dans les photos et les liens ci-dessous. Ces photos montrent qu'il est possible de réussir une transition transgenre sans opération de réattribution de sexe (bien que certaines des ces personnes sont (ou vont) passées par une telle opération):
Dans des cas de transsexualisme, qui sont encore plus intenses, il arrive que la trajectoire initiale de la personne soit similaire à celle d'une personne transgenre. Cependant, la résolution de leur problème exige plus qu'un traitement hormonal et un changement social. La seule manière pour elles d'assumer leur condition est de corriger leur sexe pour qu'il corresponde à leur perception de leur identité. Ceci signifie entreprendre une "transition transsexuelle", ce qui signifie pour une femme transsexuelle (MtF) de réparer son corps pour qu'il soit enfin celui d'une femme. Ceci est réalisé par le biais d'un traitement hormonal ET par une opération de réattribution de sexe (SRS) pour reconstruire les organes génitaux d'une femme. Aux Etats-Unis une telle transition est réalisée dans le cadre de protocoles médicaux qui exigent un suivi par un "conseiller en matière de genre"(*), un traitement hormonal, et une expérience réelle d'au moins une année de vie et de travail dans le genre avec lequel la personne s'identifie avant que la personne ne puisse bénéficier d'une opération de réassignation sexuelle (cf. partie II transsexualité).
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Dana International, une belle jeune femme israélienne qui a fait sa transition durant son adolescence et qui a eu son opération à l'âge de 22 ans. Dana a été une artiste de cabaret "drag" durant son adolescence et est devenue une femme opérée et une chanteuse reconnue dans le monde entier. | ||
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Il y a au moins 32'000 à 40'000 femmes transsexuelles opérées aux Etats-Unis (voir les informations sur la prévalence de la transsexualité, dans la partie II). Environ 1500-2000 personnes résidant aux Etats-Unis entreprennent chaque année une opération de réattribution de sexe de type homme vers femme, ainsi ce nombre grandit assez rapidement. Comme nous le verrons, nombre de ces femmes réussissent à mener une vie pleine et heureuse.
Les femmes transgenres et les personnes qui entreprennent une transition transgenre sont plusieurs fois plus nombreuses que les femmes transsexuelles. Il est de ce fait possible que plusieurs centaines de milliers, voire plusieurs millions de personnes résidant aux U.S.A. sont transgenres.
Tout le long de cette discussion, il est essentiel de se rappeler que les dénominations dans ce domaine sont très imprécises. Des personnes différentes vont nommer les choses différemment. Certaines personnes considèrent que tous les comportements liés au fait de porter les vêtements de l'autre sexe font partie des phénomènes transgenres. D'un autre côté, il y a des différences essentielles entre les personnes qui ont des identités qui ne correspondent pas aux barrières traditionnelles entre genres et dont les sentiments sont assez forts pour les pousser à entreprendre une transition (TG et TS) et les travestis, les Drag Queens qui ont clairement une identité d'homme. A moins de bien comprendre ces différences, rassembler toutes ces conditions sous une seule étiquette peut poser des problèmes majeurs.
Ces confusions peuvent aussi poser problèmes aux jeunes TG/TS au moment où ils luttent avec leurs problèmes d'identité. Comme nous le verrons, nombre d'enfants TG/TS commencent par croire qu'ils sont gays, ou Drag Queens ou travestis, alors qu'ils essaient de trouver quelque chose qui ressemble à leurs propres interrogations. Et il arrive souvent que des jeunes TG/TS passent par la scène gay ou travestie, en chemin pour trouver une solution à leurs problèmes d'identité.
Il faut aussi noter que les émotions et les sentiments des personnes gender-variant s'expriment différemment selon leur culture, selon les rôles sociaux qui sont disponibles dans cette dernière. Des mots différents peuvent être utilisés pour décrire les personnes gender variant dans une culture donnée. Ces derniers peuvent varier profondément de culture en culture et également évoluer dans le temps. Consultez par exemple la page de Lynn au sujet de la situations des personnes TG/TS dans différents pays ainsi que le site TransgenderAsia. Ces derniers vous donneront des exemples de la manière très différente de décrire les personnes gender-variant dans différentes cultures.
Consultez également la page mentionnée ci-dessous et qui traite des difficultés de communication entre cultures ainsi que des difficultés de traduction en ce qui concerne la gender-variance. Par exemple, cette page décrit comment le mot "travesti" tel que défini dans certaines langues latines (espagnol, portugais, italien, etc.) peut être confondu avec le mot anglais "transvestite" (qui a un sens très différent). Cette page esquisse l'immense degré de variations en ce qui concerne la description des personnes gender-variant selon les cultures et les langues ainsi que les malentendus qui peuvent surgir de l'utilisation de mots dont le sens est imprécis.
Comme il est si fréquent d’être homosexuel, les personnes transgenres ou transsexuelles sont souvent confondues avec des personnes homosexuelles, en fait, on pense qu’elles sont "vraiment très gay". La première chose qui passe dans la tête des personnes qui apprennent qu'une personne est transsexuelle est "wow, je ne savais pas qu'elle était gay".
Il est facile de voir pourquoi les gens peuvent sauter sur cette conclusion. Quand elles voient une femme MtF hétéro avec un homme hétéro comme partenaire elles pensent qu'il s'agit simplement d'un homme homosexuel. Elles en concluent que "il" a changé de sexe simplement pour attirer des hommes comme partenaire. Cependant cette idée est totalement erronée, qui ne peut exister qu'en raison de l'ignorance qui règne en matière d'identité sexuelle. Comme nous le verrons, ce préjugé assimile deux groupes de personnes totalement différentes, les femmes transsexuelles et les hommes homosexuels.
Comment une telle confusion a-elle pu se répandre? Une possibilité est que, par le passé, nombre d'homosexuels ont joué un rôle. Pendant des décennies, il y a eu des hommes gay qui prenaient des poses qu'ils pensaient "efféminées" et qui imitaient (pensaient-ils, ndt) les femmes dans les relations, alors même qu'ils avaient une très forte identité masculine et ne pouvaient pas même imaginer être des femmes!
Alors même que les efféminés sont une minorité dans la communauté homosexuelle masculine, ils ont été beaucoup plus visibles que les femmes TG/TS, en particulier parce que la communauté gay est très grande. Après tout, plus de 5% des hommes et des femmes sont homosexuels et préfèrent des partenaires du même sexe et/ou genre qu'eux. En même temps, les femmes TG/TS ont dû vivre très discrètement de par le passé, en faisant en sorte de rester aussi invisibles que possible juste pour survivre. Et elles étaient infiniment moins nombreuses que les gays. Toute la place prise par les rôles joués par les gays dans le passé a amené nombre de personnes hétérosexuelles à prendre ceux qui, en fait, jouaient un rôle plutôt efféminé, pour des hommes gays qui "voulaient vraiment être des femmes".
Maintenant, la question essentielle est la suivante: un homme homosexuel a une identité sexuelle masculine. Il est attiré par des hommes qui ont aussi une identité sexuelle masculine et qui sont attirés par lui parce qu'il est un homme. La dernière chose au monde qu'un homosexuel voudrait est de changer de sexe pour devenir une femme. Agir de la sorte serait catastrophiquement autodestructeur en raison de son identité d'homme et de son attirance pour la masculinité aussi bien en lui-même que chez ses partenaires!
L'origine de cette pratique assez commune remonte loin dans la culture gay. Les hommes qui se font appeler "Drag-Queens" (DQ) ont la plupart du temps une identité sexuelle clairement masculine et sont gays. Nombre d'entre eux ont commencé comme adolescents quand ils se sont rendu compte que cela leur permettait d'attirer l'attention de nombreux hommes dans les clubs gays. Ils ne modifient pas leur corps de manière permanente par des hormones et se basent sur leur talent d'acteur, leur habileté à s'habiller, sur les prothèses et sur le maquillage pour créer une apparence féminine. Comme les gays accordent une importance énorme à leurs organes génitaux masculins, ils sont effrayés par l'idée d'un "changement de sexe", et n'envisageraient jamais une telle chose pour eux-mêmes, encore moins qu'aucun autre gay.
Il y a une assez grande sous-culture d'artistes drag dans le monde gay, il y a même des concours partout aux Etats-Unis. Il y a aussi toujours une petite fraction des jeunes gays qui est attirée par ce "mode de vie", comme on dit parfois. Pour nombre de ces jeunes hommes, même ceux qui ne sont pas des garçons particulièrement attirants, être en drag dans un club gay est un moyen quasi certains d'attirer l'attention de partenaires gays, au moins quand ils sont jeunes. Cependant, dès qu'ils quittent ces clubs gays, ils retrouvent une présentation masculine et comme ils ne prennent pas de traitement hormonal ni ne pratiquent d'importantes interventions pour féminiser leur corps, très peu d'entre eux peuvent "passer" en tant que femme à la lumière du jour.
Nombre de jeunes transgenres et transsexuelles, quand elles apprennent qu'elles peuvent s'habiller et agir en "filles" dans ces clubs gays, ressentent un fort besoin de les rejoindre et peuvent même commencer par s'identifier à des Drag Queens. Ceci a toujours été un des chemins les plus communs pour les jeunes TG/TS qui commencent à explorer leurs problèmes d'identité. Une fois qu'elles ont fréquenté ces clubs pendant un certain temps, ces femmes TG/TS se rendent compte qu'elles ne sont pas du tout des Drag Queens, ni des hommes. Nombre d'entre elles se lassent des attentions des gays qui les désirent en tant qu'hommes, au lieu d'aimer les femmes qu'elles sont. Elles finissent par entendre parler d'autres personnes qui ont pris des traitements hormonaux, qui ont recouru à l'épilation électrique, ont des implants mammaires et qui peuvent "passer" en femmes dans la vie de tous les jours. Encore mieux, elles apprennent que certaines d'entre elles arrivent à trouver des partenaires hétéro qui les aiment comme les femmes qu'elles sont. Au fur et à mesure qu'elles comprennent qu'elles peuvent vivre ainsi toute leur vie en entreprenant une transition TG/TS, elles peuvent commencer à réaliser la leur – et aller bien au-delà d'une vie à temps partiel sur la scène gay en retrouvant la société hétérosexuelle en tant que femme.
Vous trouverez plus d'information sur le monde des Drag Queens, de la scène Drag et de leurs concours en explorant les liens qui mènent à des clubs Drag depuis nombre de sites gays. "Notons en particulier les concours de beauté tels que le fameux "Miss Continental pageant" (plus) qui donne l'occasion d'exprimer sa féminité et sa beauté à nombre de Drag Queens et de personnes transgenres". QUEENMOTHER.TV, le site de la communauté Drag de New York est une autre bonne porte d'accès à cette communauté.
Il arrive que le public prenne des Drag Queens pour des transsexuelles et vice versa. Les caricatures extravagantes présentées par nombre de Drag Queens ont tendance à propager une image biaisée des personnes transgenres comme des personnes ayant une identité masculine et qui aiment à caricaturer les femmes par leur comportement outrancier. Il arrive aussi que des personnes qui ne connaissent que les transsexuelles MtF commettent l'erreur de croire que les Drag Queens ont une identité féminine, ce qui n'est pas le cas.
Certains théoriciens de l'identité de genre tendent à considérer que les Drag Queens font partie de la "constellation transgenre", une expression qui englobe toutes les personnes qui sortent des standards habituels en matière de genre. Lynn considère que cette interprétation mène à la confusion, puisque la grande majorité des Drag Queens a une identité sexuelle clairement masculine, ne s'habillent en femme que pour distraire et ne s'identifient pas eux-mêmes comme "transgenre" et ils n'ont aucun problème d'identité. La meilleure manière de savoir si une Drag Queen se considère comme transgenre est bien sûr de le lui demander, plutôt que de lui donner automatiquement cette étiquette, juste en raison de son apparence.
(iii) Imitateurs de femme, Rôle historique de leurs spectacles dans la dissémination des informations au sujet de la transition
Dans les années 50 et 60, une des seules occasions de croiser des Drags Queens et des femmes transsexuelles était d'assister à des spectacles de certains night-clubs gays, qui étaient réalisés par des "imitateurs de femmes". On les voyait rarement à l'extérieur de ces clubs, car il était très souvent illégal pour les "hommes" de s'habiller publiquement en femmes. La conséquence en est que le public a alors associé les Drag Queens et les femmes TG/TS aux "imitateurs de femmes".
Dans ces années très inhibées et effroyablement homophobes, l'idée d'aller dans un night-club ou de jeunes "hommes" faisaient un spectacle en se présentant comme de belles jeunes femmes a touché quelque chose de profond chez de nombreux hétérosexuels par ailleurs totalement conformistes. Peut-être que la présentation de ce qui leur apparaissait comme un mode de vie "interdit et décadent" les excitait sexuellement ou les faisait se sentir terriblement sophistiqués. Quelle qu'en soient les raisons, certains des clubs les plus célèbres des métropoles ont commencé à attirer une grande quantité de touristes hétérosexuels.
Certains clubs tels que Le Carrousel à Paris et le Finocchio's à San Francisco, sont devenus célèbres dans le monde entier grâce aux plus talentueux artistes parmi les Drags Queens et les TG/TS. Ce club est alors devenu très attirant pour de nombreuses jeunes femmes transsexuelles, car, en tant qu'artistes, elles avaient "une excuse" pour être vue publiquement en femmes, au moins une partie du temps. Encore plus important, le réseau social de femmes transsexuelles qui travaillaient dans ces clubs fournissait aux nouvelles un accès à nombre de secrets alors émergents (les traitements hormonaux, l'épilation électrique, le silicone, etc.) pour féminiser leur corps.
Alors qu'elles travaillaient au Carrousel au milieu des années 50, plusieurs jeunes femmes intensément transsexuelles ont commencé à prendre des œstrogènes qui venaient d'être commercialisées dans les pharmacies. Elles sont devenues magnifiques et leur apparence a stupéfié les spectateurs du cabaret. L'une d'entre elles, nommée Coccinelle, a alors rendu visite au Dr. Georges Burou à Casablanca (Maroc), en 1958 et est devenue l'une des toutes premières patientes à bénéficier d'une opération de réattribution de sexe sous sa forme moderne (que Le Dr Burou venait d'inventer). Deux années plus tard, une autre artiste du Carrousel, appelée Bambi a aussi rendu visite au Dr. Burou pour la même raison.
Coccinelle et Bambi ont continué leurs spectacles au Carrousel après leur opération, alors qu'elles étaient vues par un large public qui comprenait de nombreuses personnes célèbres et fortunées. La conséquence fut que la nouvelle de leur changement de sexe s'est répandue comme une trainée de feu, ce qui en faisait qu'ajouter à leur renommée et à l'attrait du club.
La transition transsexuelle de Coccinelle et de Bambi a contribué à répandre soudainement les informations dans le monde transgenre sur la manière d'entreprendre et de réussir une transition. Jusqu'alors, bien que de nombreuses personnes aient déjà entendu parler du changement de sexe de Christine Jorgensen, il y avait très peu de détails et d'informations pratiques sur la manière d'entreprendre une telle transition. Les femmes du Carrousel ont définitivement changé tout cela en décrivant aux autres la manière dont elles s'y étaient prises et comment elles avaient réussi. Leurs spectacles au club a aussi contribué à répandre l'image charmante mais révolutionnaire de transsexuelles comme des femmes très belles, pleines de talents et sexuellement attirantes (ce qui, malheureusement, a induit par la suite un fort contentieux entre les transsexuelles et les leaders féministes).
Coccinelle et Bambi (Marie-Pier Ysser) mènent aujourd'hui des vies pleines et heureuses, et vous pouvez maintenant trouver des liens vers leur propre témoignage dans les pages de Lynn: témoignages de femmes transsexuelles ayant réussi leur transition, à la fin de la 4ème page de photos. Vous pouvez également trouver des informations sur l'histoire du Carrousel en suivant ce lien. (DECES DE COCCINELLE EN 2006)
Le site magnifique de David de Alba donne une excellente image des clubs d'imitateurs de femme du passé. Son site inclut une page au sujet de Finocchio, et des informations additionnelles sur ce club peuvent être trouvées dans un article de planetout.com. Le site de Vicki Rene met le projecteur sur nombre de belles artistes de cabaret d'hier et d'aujourd'hui dans son fabuleux site "Showgirls pages (plus)".
La tradition des "imitateurs de femme" continue aujourd'hui dans de fameux clubs tels que le "The Baton Show Lounge" de Chicago où l'on peut voir des numéros réalisés par des artistes talentueux et séduisants tels que Mimi Marks (plus). Si certains de ces artistes sont des Drags Queens qui vivent en tant qu'hommes en dehors de leur travail, d'autres, telles que Mimi sont des femmes transgenres ayant achevé leur transition.
Mimi Marks – une célèbre artiste transgenre
qui se produit au Baton Show Lounge à Chicago
Elue comme "Miss International Queen" en 2005
Le travestisme est souvent une expression classique de la sexualité masculine, semblable en cela à l'utilisation de matériau pornographique. Ces deux pratiques leurs permettent de s'exciter sexuellement et souvent de se masturber. Dans ces cas, elle ne correspond pas du tout à un problème d'identité. Certains hommes qui sont très excités par la vue de femmes peuvent aussi être excités quand ils se voient partiellement habillés en femmes. Certains d'entre eux finissent par se travestir complètement, et ressentent cette pratique comme un moyen de vivre leur sensualité et d'être plus excités que ce qu'ils pourraient vivre autrement. Il est cependant important de noter que ces personnes ne modifient PAS leurs corps via des traitements hormonaux et/ou chirurgicaux.
Au fur et à mesure de leur maturation, environ 1/10ème d'entre eux (2% à 3% de tous les hommes) finissent par se travestir complètement à certaines occasions. Ils le font soit en privé soit dans des clubs de travestis. Il y a ainsi des millions d'hommes hétérosexuels qui se travestissent et cette pratique en devient très commune. Parmi les figures publiques du passé et du présent, notons J. Edgar Hoover, Jeff Chandler, Milton Berle, Flip Wilson, Dennis Rodman, Marv Albert, et une immense liste d'hommes qui sont plutôt masculins et très sexy.
Certain de ces hommes peuvent être très séduisants quand ils sont habillés en femmes, sur des photographies ou dans la lumière tamisée de clubs, mais leurs manières et leur comportement très affirmés, voire agressifs, typiques des hommes révèlent rapidement qu'ils ne se sentent pas du tout être des femmes, et qu'ils n'essaient même pas vraiment de faire comme si. Ces hommes agissent ainsi simplement par plaisir. En portant des vêtements doux, séduisants, les travestis peuvent vivre leur sensualité de manière très forte en voyant leur apparence féminisée. Comme ils agissent ainsi le plus souvent afin de s'exciter sexuellement, les travestis s'habillent le plus souvent de manière très stéréotypée, "glamour", et même très provocante, en portant des robes moulantes, avec des collants, des hauts talons, etc. ce que les femmes ne portent que dans des occasions très particulières (quand elles le portent, ndt).
Certaines personnes pratiquant le travestissement ont des sentiments transgenre à un certain degré. Dans ces cas, ces sentiments et le besoin d'apaiser leur angoisse devient la motivation principale de leur pratique. Ces personnes peuvent se considérer soit comme "crossdressers" soit comme "transgenres".
Certains, en particulier ceux qui ont les sentiments transgenre les plus forts se mettent à s'habiller en femme même en public, parfois même au travail. Un petit nombre de ces personnes peuvent même entreprendre une transition transgenre dans le but de vivre 24h a day and 7 days a week par jour comme une femme. Ces personnes s'identifient alors complètement comme transgenre.
Il y a des années, il était difficile pour les hommes d'acquérir facilement des vêtements de femme, par peur que leur pratique du travestissement ne soit publiquement connue. Heureusement que c'est beaucoup plus facile de nos jours. En plus des nombreux catalogues de ventes par correspondance, voire par le web (incluant des catalogues très complets comme celui de J.C. Penney), il y a maintenant une grande infrastructure de magasins, de services et même d'entreprises de vente par correspondance qui fournissent des vêtements spécialement destinés aux travestis. L'un des plus vieux fournisseurs dans ce domaine est " Frederick's of Hollywood". Dans les années récentes, commander par le web est devenu plus facile que jamais pour les travestis d'obtenir des vêtements et des accessoires (par exemple, consultez le catalogue de TGNOW, le "TG Forum Shopping Mall", "Glamour Boutique" et "Fantasy Girl"). Ces fournisseurs pour travestis ont des avantages importants par rapport aux fournisseurs traditionnels tels que J.C.Penney, car ils ont des grandes tailles pour quasiment tous les articles, y compris les chaussures, et leur catalogue contiennent une palette de styles plus étendus et plus appréciés des travestis.
De plus, nombre de clubs et de groupes de soutiens se sont formés pour permettre aux travestis de se rencontrer et de s'habiller en femme en toute sécurité et de manière distrayante. Le club national le plus ancien et peut-être le plus influent a pour nom "Tri-Ess". Fondé il y a des décennies par Virginia Prince, une personne qui se désigne elle-même comme travesti et qui est maintenant connue publiquement, Tri-Ess a des groupes dans tous les Etats-Unis.
Malheureusement, les groupes Tri-Ess (comme de nombreux anciens groupes de travestis) n'acceptent que les "hommes hétérosexuels normaux" comme membres, et ils excluent spécifiquement les homosexuels. Les femmes transgenres et transsexuelles qui sont juste au début de leur parcours, mais qui sont bisexuelles ou attirées par les hommes, sont aussi EXCLUES de ces groupes, car elles sont assimilées aux homosexuelles.
Les propos de Prince ont délibérément utilisé la transsexualité comme un repoussoir pour améliorer l'image du travestisme et pour le défendre comme ayant un but plus élevé, plus pur et plus intellectuel. Comme ces propos faisaient écho et renforçaient les vieux préjugés selon lesquels la transsexualité était une question de relations sexuelles, et en particulier de relations homosexuelles, les propos de Prince ont été pris au sérieux par nombre de psychiatres hommes de l'époque.
En conséquence, Prince a imprégné Tri-Ess d'une homophobie et d'une transphobie intense, et ces préjugés persistent encore aujourd'hui. Il est clair que les sentiments de honte et de gène ressentis par nombre des travestis appartenant à Tri-Ess ont été apaisés en affirmant "je porte des robes, mais au moins je ne suis pas une tapette ni une transsexuelle". De plus, l'exclusion de Tri-Ess de personnes TG/TS peut aussi avoir servi à calmer les peurs des épouses et des partenaires des membres que leurs hommes soient "tentés" par l'homosexualité ou même par une transition, si une femme TG/TS avait fait partie de Tri-Ess.
Le fait d'être rejeté de nombreux clubs de travestis est un problème pour les jeunes TG et TS qui souhaitent pratiquer sur scène au début de leur transition, comme un moyen de s'essayer à sortir des stéréotypes en matière de genre. Au début, certaines croient qu'elles sont juste des travestis et ça n'est que plus tard qu'elles perçoivent la profondeur de leur question d'identité. Il peut se produire qu'une jeune TG/TS qui commence tout juste à comprendre ce qui lui arrive essaie de rejoindre Tri-Ess, en espérant y trouver de l'aide. Ceci peut amener à des rejets très violents et peut faire particulièrement mal à un moment particulièrement critique de la vie. Ainsi il est très fortement recommandé aux jeunes qui sentent qu'ils pourraient être transgenres ou transsexuelles de ne PAS rejoindre Tri-Ess, mais de rechercher des lieux plus accueillants qui respectent ouvertement les personnes transgenres et transsexuelles. Bien sûr que les hommes travestis qui veulent juste rejoindre un club qui regroupe uniquement des "hommes hétérosexuels normaux" se sentiront à l'aise à Tri-Ess.
Par chance, la pratique du travestissement évolue rapidement. Il y a de plus en plus de clubs agréables qui accueillent ouvertement les personnes transgenres et transsexuelles et leur popularité va croissant. Pour finir, au début du 21ème siècle, il semble que le travestissement commence à se libérer de l'aura de peur, de honte, de gène et de secret qui le recouvrait et qu'il devient un passe-temps de plus en plus apprécié pour de nombreuses personnes, souvent avec le soutien de leur partenaire.
Il y a aussi d'excellents "services de transformation" dans de nombreuses villes, tels que " FemmeFever" à Long Island NY, où les travestis peuvent se rendre pour obtenir une aide très personnalisée, compétente et chaleureuse pour apprendre à développer l'expression de leur féminité. Pour avoir une idée des possibilités offertes par ces services, examinez les stupéfiantes photos "avant/après" sur le site de FemmeFever. Elles montrent des hommes vraiment séduisants ainsi que leurs photos en femmes séduisantes après la transformation. En plus de ces services, FemmeFever est aussi un point de ralliement pour une grande communauté de travestis, de personnes transgenres ou transsexuelles de la région, et il s'y produit de nombreux événements qui peuvent aider des personnes qui se découvrent.
Nous espérons qu'un nombre croissant de clubs et d'activités seront aussi accueillantes pour les femmes TG ou TS, en particulier pour celles qui sont au tout début de se révéler, moment où elles sont tout particulièrement vulnérables. Ces clubs pourraient aider ces femmes à prendre un meilleur départ quant à leur présentation et à leurs manières, que si elles doivent se débrouiller seules.
En plus des groupes locaux de travestis et des instances locales d'organisations nationales, la communauté TV contribue également à l'organisation de grandes conférences sur le genre chaque année. Ces événements attirent un grand nombre de personnes et fournissent à cette communauté des lieux pour se rassembler en toute sécurité et se retrouver dans d'excellents hôtels. Trois de ces événements les plus importants sont le "Colorado Gold Rush" qui se tient à la fin de chaque hiver à Denver dans le Colorado, "Chicago's Be-All" qui a lieu en juin à Chicago dans L'Illinois et "Southern Comfort" qui a lieu chaque automne à Atlanta en Géorgie. Des personnes de tous horizons en matière de genre participent à ces événements et ces conférences sont de plus en plus vendues comme étant des événements transgenre. Cependant, les travestis constituent le gros des participants et le travestissement est le sujet essentiel de ces événements.
La terminologie peut vraiment prêter à confusion quand il est question de porter les vêtements de l'autre sexe dans le contexte des différentes questions d'identité. Certains "théoriciens de l'identité sexuelle" considèrent que les cross-dressers et les travestis hommes font partie de la "constellation transgenre", alors même que ces personnes ont clairement une identité sexuelle masculine. Comme il y a infiniment plus d'hommes hétérosexuels travestis avec une identité sexuelle masculine que de personnes transgenres, les activistes cherchent à inclure les travestis et les Drag Queens dans leur définition de la "constellation transgenre" dans le but d'obtenir un soutien financier plus important. Par ailleurs, même si notre garde-robe ne détermine pas notre identité sexuelle, le fait de pratiquer le cross-dressing est, de manière inhérente, une forme de comportement transgenre et les personnes qui le pratiquent sont parfois victimes des mêmes attitudes haineuses, moyenâgeuses et discriminatoires dont sont victimes les autres groupes de personnes gender variant.
La communauté travestie traditionnelle constate un flot croissant de femmes TG/TS qui passent par la scène travestie. Certains de ces jeunes sont en pleine phase de découverte d'eux-mêmes et ne sont pas encore sûr-e-s de là où leur trajectoire va les mener. Entretemps, les personnes impliquées sont mieux informées des différences dans l'identité sexuelle des jeunes femmes TG/TS par rapport aux plus habituels hommes hétérosexuels travestis. Un étiquetage statique ne fonctionne plus dans une communauté aussi fluide.
Comme il n'y a plus de distinction nette entre les personnes qui pratiquent le crossdressing et qui ont des sentiments transgenres et celles qui n'en n'ont pas, le mieux est encore de laisser les personnes elles-mêmes décliner leur identité. Nombre de travestis n'aiment pas du tout être considérés comme transgenres. D'autres préfèrent se dénommer ainsi car ils sentent qu'ils ont une part significative d'identité féminine. Les autres doivent respecter la manière dont ces personnes s'identifient.
Malheureusement, le travestissement est encore entouré d'une aura persistante de honte, de gène et de peur en raison de la longue histoire de stigmatisation de cette pratique. La grande majorité des travestis sont encore terrorisés à l'idée d'être découverts par leurs compagnes, familles, amis et collègues. Cette peur est enracinée dans le fait bien réel que les personnes qui sont découvertes font souvent l'objet de harcèlement, même parfois de crimes haineux et de très fortes discriminations à l'emploi comme dans le cas récent de "Winn-Dixie".
Encore pire, la communauté psychiatrique classe encore le travestisme pratiqué par les hommes comme une "maladie mentale" (tout comme ils ont longtemps classé l'homosexualité. Bien que cette classification dans le "American Psychiatric Association's Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-IV-TR), 2000" a récemment subi des attaques de plusieurs côtés, elle cache la communauté travestie sous un voile, en renforçant les sentiments de honte et de peur si habituels parmi les travestis.
Malheureusement, le plus souvent, les "troubles mentaux" diagnostiqués en association avec le travestissement, sont tout simplement des sous-produits iatrogènes de la stigmatisation pratiquée par la communauté médicale et par la société dans son ensemble. En d'autres termes, les problèmes mentaux des travestis ne sont pas dus au travestissement, mais sont des dépressions ou des angoisses CREEES par les psychiatres et par les efforts des autres de mettre fin aux "pratiques des travestis" même quand il est évident que ces pratiquent contribuent au bien être et à l'équilibre de la personne. Pour un récent article à ce sujet, suivez ce lien. Pour une critique complète des préjugés de la communauté psychiatrique face à la diversité en matière de genre, consultez les pages web du "Gender Identity Center" du Colorado sur les réformes en matière de trouble de l'identité.
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Certains hommes ont un besoin intense de se travestir au point de devenir dépendants de leur travestissement et de la masturbation. Certains demandent de l'aide à des professionnels pour se libérer de cette dépendance. Ce groupe est depuis longtemps étiqueté par les psychiatre (dans le DSM) comme souffrant d'une "maladie mentale" appelée "travestisme fétichiste". Il n'y a pas de cause connue à cette condition - ni aucun traitement d'ailleurs, à part aider la personne à cesser de se préoccuper tant, à l'accepter et à en tirer du plaisir.
Cette étiquette a une connotation très négative et a pour effet iatrogène d'intensifier les sentiments de culpabilité et de gène justement chez les personnes qui vont voir des psychiatres dans l'espoir de se faire aider. Le fait de se voir coller une étiquette humiliante par les psychiatres ajoute encore une souffrance inutile aux travestis et aux autres personnes transgenres en raison de leur condition (et assure aussi un revenu stable à ces psychiatres).
La situation a également empiré durant quelques années (entre environ 2000 et 2004), période durant laquelle une clique de sexologues (Ray Blanchard, J. Michael Bailey et Anne Lawrence) a essayé de coller une variante de cette étiquette humiliante sur presque toutes les femmes transsexuelles. Ceci a conduit à d'importantes investigations sur les méthodes de recherche et sur l'éthique de ces personnes, ce qui eu pour conséquence l'interruption forcée de leur entreprise.
Pour plus d'informations au sujet des théories de Blanchard, du livre de Bailey et du déclin puis de la chute du groupe Bailey, Blanchard et Lawrence, consultez le site d'information d'Andrea James sur BBL, le rapport d'enquête de Lynn Conway sur le livre de Bailey et l'essai "Psychology Perverted " de Joan Roughgarden. Les universitaires, les éthiciens et les chercheurs en histoire des sciences trouveront des documents additionnels sur ce fiasco scientifique dans les chroniques online de ces événements. Ils y trouveront également des liens vers les preuves de leurs manipulations.
Malheureusement, ce cas n'est que le dernier d'une longue série de théories dévoyées que les psychiatres, les sexologues et les universitaires ont développées au sujet du transsexualisme. Dans l'avenir, au lieu de créer des étiquettes destructrices pour les femmes transsexuelles et au lieu de passer leur temps à argumenter entre eux sur le sens de ces étiquettes, ils feraient mieux de faire quelque chose de plus productif: conduire de réelles études de suivis, de cas réels de personnes en transition. Ils pourraient ainsi découvrir ce qui distingue les issues positives des autres.
Pour une critique plus approfondie du sujet de "l'étiquetage", consultez la section " au delà des étiquettes " ci-dessous.
Depuis peu de temps, des jeunes ont commencé à se qualifier de "trans" ou de "transgenres" comme un moyen de se rebeller contre des stéréotypes rigides en matière de genre. Certains adolescents, alors qu'ils admirent une jeune femme sensuelle comme Britney Spears quand elle était jeune, peuvent non seulement être attirés sexuellement par une personne comme elle mais exprimer le désir de lui ressembler physiquement, esthétiquement et sensuellement. Puis, ils se mettent à réagir de la même manière à d'autres jeunes filles. Se sentant stressés par les stéréotypes en matière de genre et d'envie par rapport à la liberté des femmes, ils vont exiger le droit de s'habiller selon leur envie, indépendamment de leur genre et des stéréotypes qu'on veut leur imposer. Ils peuvent se maquiller et se travestir partiellement en explorant leurs propres sentiments d'identité, par plaisir de briser les interdits et en vue d'une expression politique.
La plupart de ces enfants Trans n'ont pas une identité fortement transgenre et sortiront de cette phase à la fin de leur adolescence. Ce "mouvement" rappelle les années 60, quand certains hommes se sont mis à porter des cheveux longs en signe de rébellion contre les costumes cravates qui étaient l'uniforme des hommes dans les années 50. Cette tendance peut, en fin de compte, être utile pour les personnes authentiquement transgenres et pour les homosexuel/les, en relâchant les contraintes de la société et en promouvant la tolérance envers les personnes dont la présentation ne correspond pas aux standards en matière de genre.
Ces "personnes qui n'arrivent à rien", sont un groupe très difficile à prendre en charge et à aider. Nombre d'entre elles souffrent de troubles mentaux, d'autres sont dépendantes de substances diverses, ou sont en mauvaise santé et la plupart ont des problèmes complexes d'insertion dans la société. Nombre d'entre eux pensent qu'ils peuvent être transformés en de jolies femmes "si seulement les médecins voulaient leur donner des hormones et les faire bénéficier d'une opération", pensant qu'eux-mêmes n'ont rien à faire à part prendre le traitement. Se présentant comme des "victimes", ils se jettent souvent dans les institutions hospitalières et les services sociaux, mendiant de l'aide.
Etre gay ne remet pas en cause son identité sexuelle, son nom, son corps, ou son apparence de quelque manière que ce soit. Etre gay signifie seulement que vous êtes destinés à être attiré par des partenaires amoureux du même sexe que vous. La plupart des gays n'ont aucun problème à "passer" comme "normaux" et évitent ainsi des détections et des persécutions constantes.
"Passer" peut être incroyablement plus difficile pour les personnes transgenres, en particulier quand elles cherchent une transition partielle ou complète dans le genre correct au vu du sexe de leur cerveau et de leur identité sexuelle. Transitionner signifie changer la morphologie de son corps, son habillement et son apparence extérieure, changer de prénom, changer des papiers, changer toutes ses relations familiales et sociales, en bref changer presque tout ce qu'on fait d'une manière ou d'une autre.
Les personnes au milieu d'une transition et qui ne passent pas sont le plus souvent traitées comme des exhibitionnistes, des "Drags Queens" ou des "travestis hors de tout contrôle" et qui se donnent en spectacle en public. Nombre de personnes réagissent avec une forte hostilité face à de telles personnes en transition, parce qu'ils les confondent avec les stéréotypes lubriques des médias en matière de "déviants sexuels". Même les personnes homosexuelles sont souvent très mal à l'aise quand elles se trouvent en présence de personnes visiblement transgenres, et nombre d'entre elles pensent que les personnes TG/TS projettent une image terriblement problématiques des "personnes homosexuelles" au public. De la même manière, les hommes qui sont des travestis qui ne s'assument pas et qui ressentent une honte et une gêne intense de leurs propres pratiques du travestissement ressentent souvent un inconfort et une crainte très grande quand ils rencontrent des personnes visiblement transgenres.
Les mêmes sentiments de honte et de gêne peuvent être vécus par des hommes gays encore dans le placard, quand ils voient des femmes transgenres qui, elles, s'assument. Le plus souvent, ces derniers confondent transgendérisme et homosexualité. Dans ce cas, toute attirance sexuelle envers une personne visiblement transgenre peut être la source d'une insécurité intérieure très profonde, et ce d'autant plus pour des personnes qui ne sont pas à l'aise face à leur propre identité sexuelle et face à leur propre orientation sexuelle.
Comme nous allons le voir dans la deuxième partie, la plus grande part des psychiatres considèrent les personnes transgenres et les transsexuelles comme des "malades mentaux" (tout comme les psychiatres considèrent le travestissement comme une maladie mentale, et la qualifie de "travestisme fétichiste"), et elles sont encore qualifiées comme telles dans le " Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-IV-TR)", de l'année 2000. Ces catégories dépassées sont la source d'une stigmatisation additionnelle des personnes TG/TS par l'essentiel de la communauté médicale et de la société car, les personnes qu'on qualifie de "malades mentales" sont habituellement blâmées pour être la cause de leur propre condition et sont souvent étiquetés d'une manière qui effraie les autres.
D'autre part, nombre de religions établies ont des tabous très stricts contre toute forme de comportement qui transgresse les barrières en matière de genre, et, dans leur doctrine officielle, leurs enseignements et leurs pratiques elles diabolisent, ridiculisent et harcèlent le plus souvent les personnes qui sortent des stéréotypes en matière de genre.
Pour toutes ces raisons et pour de nombreuses autres, les personnes transgenres et/ou transsexuelles (en particuliers les personnes MtF) ont historiquement été "socialement rejetées" dans les sociétés occidentales. Malheureusement, l'hostilité continue des autres peut fortement compliquer, voire ruiner la transition d'une personne, en particulier si une personne est licenciée et perd sa capacité à gagner sa vie. On ne doit pas sous-estimer les souffrances d'une personne dont la transition est bloquée ou échoue pour cette raison (voyez par exemple l'histoire de Rexanne dans "A Tragedy's Tragic End").
Nous espérons que le grand public comprendra un jour que les personnes TG et TS qui sont visiblement au milieu de leur transition obéissent à des motivations biologiques profondes et sont en train d'essayer désespérément de résoudre leurs problèmes d'identité. De telles personnes ne doivent pas être craintes ni stigmatisées pour leurs efforts de résoudre une condition qui n'est pas de leur fait.
Bien sûr, les choses ne sont pas aussi simples que ce que nous avons décrit jusqu'à maintenant. Les choses ne sont pas juste noires ou blanches. Il y a de nombreuses nuances de gris le long d'un continuum d'identités différentes.
Certaines personnes homosexuelles peuvent aussi avoir un problème d'identité sexuelle. Par exemple, quelqu'un qui commence par trouver une place dans la communauté comme un garçon plutôt féminin et qui se qualifie lui-même de drag-queen peut en fait être transgenre ou même transsexuelle. Certaines personnes qui sont transgenres peuvent aussi être attirées par des personnes du même sexe que celui avec lequel elles s'identifient. Certaines personnes, y compris des personnes transgenres peuvent être bisexuelles et être attirées par des personnes des deux sexes. On peut alors se demander si une femme transsexuelle qui aime une femme est hétérosexuelle ou lesbienne. Dans les deux cas, nous voyons comment notre manière à étiqueter rapidement les personnes nous met dans des difficultés sémantiques, nous amène à la confusion et à des étiquettes erronées.
Par exemples, si nous apprenons que deux partenaires amoureux sont génétiquement mâles, il y a de nombreux scénarii possibles pour décrire la nature de leur relation. Il peut s'agir de deux hommes gays ayant tous deux une identité masculine claire et cette relation sera perçue par les deux partenaires comme une relation entre deux hommes. Mais un des deux hommes pourrait en fait être hétéro et être tombé amoureux d'une personne fortement transgenre voire d'une femme transsexuelle en attente de son opération. Dans un tel cas de figure les deux partenaires se sentent engagés dans une histoire d'amour "classique" entre un homme et une femme (Lynn a eu plusieurs relations amoureuses de ce genre quand elle était en attente de son opération). D'un autre côté, les deux personnes peuvent se tromper et se croire gay et percevoir leur relation comme homosexuelle alors qu'elle a tous les traits d'une relation entre un homme et une femme.
Les mêmes questions peuvent se poser dans une relation entre deux personnes génétiquement femmes, selon le sentiment d'identité des deux personnes. Les choses peuvent devenir encore plus complexes si l'une ou l'autre des deux partenaires est même modérément transgenre et/ou si l'une ou l'autre ne fait pas part de ses questions d'identité à l'autre. Et que se passe-t-il quand l'une des partenaires dans une relation gay ou lesbienne est transgenre et entreprend une transition? Par exemple, une histoire décrite par Sarah Corbett dans le New York Times Magazine pose la question de savoir si "un changement de sexe signifie nécessairement la fin d'une relation ?". Il s'agit de l'histoire de deux femmes, Chris et Debbie qui étaient partenaires lesbiennes et qui avaient eu une petite fille, Hannah (Debbie avait été fécondée à partir de sperme provenant d'un donneur anonyme). Mais Chris était un transsexuel et a entrepris une transition (FtM) et a bénéficié d'un traitement hormonal et des opérations nécessaires pour corriger son corps. Cette transition a, dans un premier temps, posé de nombreuses questions et problèmes pour leur relation, mais elle a tenu et elle perdure. Debbie est à nouveau enceinte et ils attendent un petit garçon. C'est une belle histoire qui parle de deux personnes qui s'aiment et de la famille qu'elles ont créée.
[ Tiré du New York Times Magazine, 10-14-01 ]
Tant les communautés hétéro que celles qui relèvent de la mouvance LGBTI reconnaissent de plus en plus que ce genre de variation n'est pas si rare et elles les honorent en abandonnant le besoin d'assigner des étiquettes étroites à ces formes d'identité et de sexualité. La réalité est que la préférence des personnes en matière de partenaires amoureux, qu'elles soient attirées par "le même" ou "l'inverse" peut dépendre soit de caractéristiques relevant du sexe et/ou du genre, ou d'une combinaison de tous ces facteurs.
La tendance des psychiatres, des psychologues, médecins et des thérapeutes de tous ordres à nous étiqueter "travestis", "transgenre", "transsexuel", etc. peut, dans de nombreux cas, rendre encore plus obscur ce qui se passe. Les personnes qui ne correspondent pas aux stéréotypes en matière de genre se trouvent elles-mêmes souvent piégées dans cette confusion et dans des controverses autour de ces étiquettes. Les thérapeutes et leurs clients argumentent sans cesse pour savoir si telle personne (ou moi-même) "est un/e travesti/e un/e transsexuel/le" ou "si cette personne est Drag Queen, transgenre ou transsexuelle". Cela peut durer très longtemps, avec une connotation importante de jugement de valeur, de paternalisme, de condescendance, certaines conditions étant jugées "plus acceptables" que les autres, ou vice-versa, selon à qui l’on parle!
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Ne vaudrait-il pas mieux poser des questions, plutôt que de tenter de répondre à des questions qui n'ont aucun sens au sujet d'étiquettes mal définies? Une personne peut s'habiller avec les vêtements de l'autre sexe, mais cela peut signifier, ou non, qu'elle se travestit. Elle pourrait être TG, TS ou alors DQ (Drag Queen) ou DK (Drag King). Une personne peut prendre des hormones, apprécier de voir sa poitrine croître mais cela ne signifie pas pour autant que cette personne est transsexuelle ou même transgenre! Vous comprenez combien les étiquettes obscurcissent cela?
Les étiquettes nous donnent l'illusion de définir quelque chose de réel, mais quand vous examinez les choses plus en profondeur, elles s'évaporent! Nous sommes ce que nous faisons, ce que nous sentons, comment nous nous comportons et les trajectoires que nous suivons. Nous sommes toujours "en chantier" comme tous les autres êtres humains. Nous ne pouvons pas être définis une fois pour toute simplement en nous collant une étiquette.
Ce qui compte véritablement, c'est ce que vous ressentez. Qu'est-ce que votre corps et votre coeur vous disent de faire? Comment vous êtes-vous comportés? Quelles expériences avez-vous faites? Quelle trajectoire en matière de genre vous semble appropriée pour vous-même? Quels changements physiques et sociaux devez-vous faire afin de trouver une place plus juste et plus confortable dans la vie? Pouvez-vous faire ces changements et suivre cette trajectoire sans payer un prix trop élevé sur les plans professionnels, familiaux, et amoureux?
Il s'agit là des questions qui nécessitent vraiment des réponses solides. Personne n'a le droit de vous diagnostiquer et de vous dire "vous êtes TS et, ainsi, vous devez faire X, Y, puis Z". Cela ne marche pas de cette manière. La réalité est infiniment plus complexe.
Veuillez s'il vous plait noter que c'est ainsi que Lynn utilise des étiquettes. Elles sont à interpréter comme des abréviations, alors même qu'elle reconnaît pleinement la grande complexité des situations individuelles et leur variabilité dans le temps. Nous devons aussi être ouverts aux changements et aux adaptations de ce jargon au fur et à mesure que notre compréhension et nos modèles des vies transgenres évoluent.
Etiqueter les personnes de ces minorités ne fonctionne pas mieux que d'étiqueter les rôles des personnes dans la communauté gay. Les étiquettes et les rôles présumés qui leur sont associés sont simplement trop statiques. Les étiquettes sont trop restrictives et trop limitatives dans leurs implications quant à la vie des personnes. Elles sont inutiles pour prédire ce qu'une personne va ou devrait faire au fur et à mesure qu'elles découvrent qui elles sont, comment elles aspirent à vivre et à se présenter à la société.
Vous seule pouvez savoir ce que votre coeur et votre corps vous invite à vivre, quels comportements vous devriez explorer et quelles trajectoires en matière de genre vous devriez suivre. En le faisant, vous devriez considérer un maximum d'options et de possibilités. Ne sautez pas sur la conclusion que vous êtes "travesti/e" ou "transsexuel/le" pour vous mettre alors à mimer les stéréotypes de "ce qu'un/e travesti/e devrait faire" ou de "ce qu'un/e transsexuel/le devrait faire ou non". Au long de votre voyage, prenez soin de vous laisser la possibilité de virer dans des directions originellement inattendues, en même temps que vous faites de nouvelles expériences et que vous ressentez de nouveaux sentiments.
AVANT-PROPOS EXTRAIT
Taryn Levitt
Avec ces pages, nous sommes en train de contre-attaquer. Contre-attaquer face aux théories qui nous effacent. Face aux livres écrits à notre sujet, mais jamais pour nous, face aux médecins qui ne nous voient que comme des malades,
face aux familles qui nous déshéritent, pour nos familles qui nous accueillent, pour ceux qui nous aiment, face à ceux qui préféreraient nous voir morts, face à ceux qui prétendent que "nos vies ne sont pas possibles" (Abe Rybeck). Nos vies ne sont pas seulement possibles, nos vies sont révolutionnaires.
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