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Par Lynn Conway
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Partie II:
Transsexualisme

Traduit par Marie-Noëlle

Révisé par Karine Espineira

 

(Anglais)

 

 

 

 

Photo de Lynn, Julliet 2006.

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Nous avons appris avec l'histoire de Lynn qu'elle est née avec l'apparence d'un garçon, qu'elle a été éduquée comme telle et que, plus tard dans la vie, elle a pu restaurer son corps de femme à l'aide d'un traitement hormonal et une opération chirurgicale majeure. En raison de cette histoire, Lynn est parfois appelée "une femme transsexuelle". Pourquoi est-ce que cela lui est arrivé et qu'est-ce que c'est que le transsexualisme? 

Dans la partie I, nous avons répondu à des questions de base en ce qui concerne l'identité sexuelle et les identités transgenres. Nous avons décrit la nature de l'identité sexuelle, son origine et quels événements peuvent influencer sa détermination. Nous avons aussi décrit les identités transgenres et les transitions sociales auxquelles elles mènent.

Dans cette deuxième partie, nous allons décrire en détails le transsexualisme MtF, y compris ses aspects historiques, et fournir des informations au sujet de sa prévalence. Nous décrirons également les méthodes disponibles actuellement pour une transition complète de type MtF et nous fournirons quelques liens au sujet de la transition sociale des personnes transsexuelles.

Puis, dans la troisième partie, nous décrirons la vie des femmes après qu'elles aient terminé leur transition. Elles doivent faire face à de nombreux problèmes à court terme. Elles doivent aussi gérer des questions à plus long terme telles que de savoir si elles veulent vivre en gardant leur passé pour elles (mode "furtif") ou si elles veulent être ouvertes au sujet de leur passé. Suivant les cas elles doivent soit ajuster, soit rompre leurs relations avec leur famille et leurs amis. Elles doivent en outre résoudre leurs problèmes légaux, assurer leur accès aux soins dont elles ont besoin, (re-)trouver un emploi qui leur corresponde et gérer leur carrière, découvrir leur sexualité, trouver et maintenir une relation amoureuse et réussir une intégration complète en tant que femme.

Les connaissances et l'expérience dans ces domaines s'enrichissent rapidement. Les tabous sont tombés et nous pouvons traiter de ces questions sans plus avoir peur, ni honte ni nous sentir gênées. Nous en savons nettement plus maintenant sur la transsexualité et sur les transitions qu'il y a quelques années et cette nouvelle compréhension est assez précieuse pour être partagée et diffusée. En particulier, le nombre de personnes transsexuelles est beaucoup plus important que ce qui était précédemment estimé. Une connaissance accrue de leur condition aide ces femmes à améliorer significativement leur vie.
  
 
 

Partie I: Bases en matière d'identité de genre & identités transgenres (Fr)

Partie II: Transsexualisme (MtF)

Partie IIa: (TS suite) (Fr)

Partie III: Vivre sa vie de femme après la transition TS 
 
 
 
PAGES DE REFERENCES SUPPLEMENTAIRES
 
 Ressources pour femmes TS
 Transitions réussies de femmes TS (Fr) 
 Opérations de féminisation du visage (FFS) (Fr)
 Liens d'information TG/TS/IS
 Transitions réussies d'hommes (Fr) 
 Opération de réattribution de sexe (SRS) (Fr)  
 
  
 

 
Partie II – Table des matières:
 
TRANSSEXUALISME (MtF):
 Preuves de l'existence du transsexualisme à travers toute l'histoire et toutes les cultures
 Quelle est la cause du transsexualisme?
 Est-ce que la détermination de la cause est vraiment importante pour prendre en charge correctement cette condition?
 Quelle est la fréquence du transsexualisme?
 De l'importance "des nombres"
 Quelles sont les solutions médicales au transsexualisme?
 Qu'est-ce qu'une transition pour une personne transsexuelle?
 Transition sur la place de travail et utilité d'une chirurgie de féminisation faciale pour limiter les risques de perte d'emploi.:
 A quel âge est-ce que les femmes TS font leur transition? Qu'est-ce que cela leur coûte?
 Suite – dans la Partie IIa:
 
 Faire sa transition durant l'adolescence
 Le grand obstacle à la transition: le défi de faire face et de gérer la peur
 La peur est souvent accrue par les activistes des groupes GLBT qui décrivent toutes les femmes TG et TS comme "des victimes"
 AVERTISSEMENT: Assurez-vous que vous êtes conscients des vrais risques d'une transition et des facteurs qui influencent son issue
 Mesurer les risques, prendre des décisions, et poser des actes durant la transition
 Comment est ce que la famille, les amis, les enseignants et les collègues peuvent aider une femme transsexuelle durant sa transition?
 Avec une meilleure compréhension, comment est-ce que le transsexualisme pourrait être traité un jour?
 Histoires de réussites: sites de femmes TS ayant réussi leur transition
 
 
 
 
Partie II: TRANSSEXUALISME (*MtF)
 
Les personnes transsexuelles sont les plus intensivement atteintes de tout le spectre des personnes qui ne correspondent pas aux stéréotypes en matière de genre. Elles ressentent très fortement qu'elles sont, ou qu'elles devraient être, d'un sexe opposé à celui dans lequel elles sont nées et ont été élevées. Le corps dans lequel elles sont nées ne correspond absolument pas à leur propre sentiment d'identité et à l'image de qui elles sont ou de qui elles aspirent à être. Elles ne sont absolument pas à l'aise avec le rôle que la société leur demande d'assumer sur la base de leur apparence physique. La plupart sont douloureusement conscientes de leur incongruité depuis leur plus petite enfance. Alors que les personnes transgenres se sentent contraintes de corriger leur genre sur le plan social, les personnes transsexuelles doivent aussi corriger leurs corps et donc leur sexe. 

Si vous avez vu le film " Boys Don't Cry", vous pouvez peut-être imaginer la force des sentiments et des passions qui poussent un/e adolescent/e transsexuel/le (dans ce cas ci, un transsexuel femme-vers-homme [FtM]) à traverser la barrière des genres, la joie ressentie quand on est accepté et qu'on trouve une relation amoureuse et aussi la terreur et l'humiliation qu'on ressent quand son statut est découvert.

Le film " Different for Girls" traduit aussi la nature et la profondeur des sentiments des personnes transsexuelles à l'adolescence. Il y a en particulier une ouverture tout particulièrement forte, une scène de douche. Une jeune adolescente MtF est montrée en train de faire l'expérience de son corps comme celui d'une femme, avec ses organes génitaux cachés et rentrés. Alors qu'elle est dans sa rêverie, elle ressent certaines des joies sensuelles d'être une femme, au moins pour un instant.

 
 
 
 
Soudain elle est violement attaquée par un groupe de garçons qui l'ont observée.:

 
 
Par chance, elle est sauvée par un autre garçon qui fait face au groupe,
la couvre avec sa veste et la rassure:

 

 

Cette scène révèle beaucoup de l'expérience intérieure d'être une jeune fille transsexuelle, entre la joie d'une sensibilité qui bourgeonne, et expérience du danger d'être agressée pour oser exprimer ces sentiments.

Vous pouvez voir dans sa réaction à cette situation de la terreur et de la vulnérabilité dans ses yeux et son réconfort quand elle se retrouve dans les bras de son sauveur. Elle est de toute évidence une fille au fond d'elle-même – quand bien même elle existe dans un corps d'homme. Ce film décrit bien sa féminité, bien différente du côté efféminé et outrancier de nombreux jeunes garçons gays.

Vous trouverez plus de commentaires au sujet de cette scène dans la page de Victoria Jeffries "Boys - personal reflection", qui se trouve dans son superbe site destiné aux jeunes filles transsexuelles intitulé "From Within" ("de l'intérieur", ndt.). Tous nos remerciements à Vicky pour avoir réussi à capturer des images du film! (Notez que Vicky a eu une expérience semblable durant sont adolescence). Le site Web de Vicky exprime de nombreuses manières ce que c'est que d'être une jeune transsexuelle et c'est une lecture que je vous recommande vivement

Le plaisir de pouvoir apprécier son corps comme étant celui d'une femme après avoir fait disparaître ses organes génitaux est très courant chez les jeunes adolescentes transsexuelles. Alors qu'elles prennent de l'âge et que leur corps est masculinisé par la testostérone, il devient impossible de les cacher, de même que d'autres transformations ressenties comme affreuses imposées à leur corps. Cela leur fait vivre une détresse et une angoisse intense. 

Ainsi, nombre de transsexuelles se sentent terriblement enfermées dans un piège et condamnées à vivre leur vie emprisonnées dans le mauvais corps, à moins de pouvoir corriger la situation avec un traitement hormonal, une opération de réattribution de sexe et une transition physique complète. Elles aspirent à vivre leur vie dans le rôle correct, et pas seulement socialement, mais aussi dans leur vie amoureuse et intime – dans le corps juste qui correspond à leurs sentiments intérieurs.

Elles ressentent ce que vous ressentiriez vous-mêmes si vous vous trouviez brutalement transformée dans une personne de l'autre sexe et forcée de vous comporter selon le rôle correspondant, alors même que vous conservez toutes les sensations et la conscience de votre identité précédente. C'est une expérience profondément perturbante que de se retrouver dans un corps dont le sexe est fondamentalement erroné par rapport à votre identité. C'est un défi pour tout le monde que de trouver des relations affectives durables. Mais pouvez-vous imaginer combien c'est effrayant et difficile quand votre corps a un sexe qui ne correspond pas à votre identité la plus profonde?
 
Vous trouverez une excellente description du transsexualisme tant homme-vers-femme que femme-vers-homme dans "True Selves: Understanding Transsexualism - for Families, Friends, Coworkers and Helping Professionals," M. L. Brown and C. A. Rounsley, Jossey-Bass Publ., 1996. Pour une description des standards de prise en charge reconnus sur le plan mondial, veuillez vous référer à  "HBIGDA Standards of Care, Version Six" de la société Harry Benjamin Internationale pour la Dysphorie de Genre (HBIGDA).
 
[Note: dans ces pages, nous nous centrons sur les personnes transsexuelles de type MtF, car c'est ce dont Lynn a l'expérience. Mais il existe une condition symétrique de transsexualité FtM qui est presque aussi fréquente que l'autre. Pour plus d'informations au sujet de cette dernière, veuillez vous référer au site de FtM International et de American Boyz. L'article "Girls will be Boys" de T. Eve Greenaway décrit l'apparition soudaine des personnes transgenres FtM qui sortent de l'ombre dans de nombreuses institutions scolaires américaines et dans les universités. Pour une information en profondeur sur la transsexualité et les personnes transgenres FtM, veuillez vous référer à l'ouvrage de Jason Cromwell, Transmen & FtMs. Vous pouvez aussi consulter les pages de Lynn qui listent les  transitions réussies par des hommes.]
  
 
 
Preuves de l'existence du transsexualisme à travers toute l'histoire et toutes les cultures
 
Le transsexualisme n'a rien d'une découverte moderne. En fait, c'est une variation de la condition humaine qui a été observée et documentée depuis l'antiquité et qui n'a rien d'exceptionnel. 

Dans de nombreuses cultures, y compris des tribus d'Amérique du Nord, les transsexuelles avaient la possibilité de vivre en tant que femme et de trouver des maris. Les interventions chirurgicales qui permettent de corriger les organes sexuels et de soulager les sentiments transsexuels les plus forts, ne sont pas non plus une invention moderne. Même dans des cultures anciennes on trouve la trace de transsexuelles qui ont volontairement eu recours à des opérations pour modifier leur corps et corriger leur sexe. 

Les méthodes chirurgicales et les effets d'une castration étaient connus partout dans le monde. Son utilisation dans le cadre de l'élevage a rapidement appris aux anciens que la suppression des testicules avait également pour effet d'empêcher la masculinisation du corps. Une telle personne restait alors "comme un enfant" ou efféminé (selon le regard de l'époque). Ces opérations avaient aussi été réalisées de force sur des prisonniers afin d'en faire des eunuques. Quand elle est effectuée sur des hommes normaux, une telle opération ne change ni leurs sentiments ni leur identité sexuelle, bien qu'elle réduise la force de leurs pulsions sexuelles ainsi que la possibilité de développer une musculature typiquement masculine.

L'accumulation de ces connaissances a permis d'aider les femmes transsexuelles. Pendant des milliers d'années plusieurs millions d'entre elles ont risqué une opération alors nettement plus dangereuse et aux effets plus dramatiques qu'une "simple" castration. Dans ces opérations, l'ensemble des organes sexuels masculins (testicules, pénis et scrotum) étaient complètement retirés. En plus, la région du pubis était souvent resculptée de manière à ressembler à une vulve. Personne ne sait précisément comment cela a commencé, mais de telles opérations étaient bien connues à l'époque de la Grèce antique et de Rome. Elles étaient souvent entourées d'un rituel religieux qui fournissait un cadre et une explication de ce qui s'était passé et justifiaient ainsi la place de ces femmes dans la société.

En entreprenant ces opérations, les jeunes femmes transsexuelles, si elles survivaient, pouvaient non seulement éviter de devenir des hommes, mais aussi retrouvaient des organes sexuels qui ressemblaient du mieux qu'on pouvait à ceux d'une femme. Bien qu'il leur manquait un vagin ainsi que les effets d'un traitement hormonal aux oestrogènes, elles pouvaient néanmoins vivre une vie bien meilleure en tant que femme après avoir entrepris une telle opération. En conservant leurs caractéristiques physiques plus féminines ainsi que leur peau douce, en évitant la pousse des poils et l'apparition d'un visage anguleux, certaines d'entre elles pouvaient attirer des hommes. Dans certaines sociétés, elles pouvaient même espérer trouver un mari et le chérir comme n'importe quelle autre femme de leur temps de leur groupe.
 
Les archéologues ont découvert de nombreux squelettes de femmes transsexuelles qui ont été opérées de cette manière, mais il s'y référent de manière confuse comme des "eunuques" ou des "travestis", comme dans le reportage de la BBC  "Dig reveals Roman transvestite" ("Des excavations révèlent des travestis romains", ndt) au sujet d'un squelette récemment trouvé en Angleterre. Voici un extrait et une photo provenant de cette histoire:
 
 
Extrait d'un récent reportage de la BBC:
 
"Des archéologues ont découvert dans le North Yorkshire le squelette d'un eunuque travesti datant du quatrième siècle. La découverte a été faite durant la fouille d'un établissement romain à Catternick, qui avait commencé en 1958.
 
 
Le squelette découvert qui portait des vêtements de femme et des bijoux était celui d'un prêtre qui avait été castré et qui célébrait le culte de la déesse Cybèle. Le jeune homme a été découvert dans une tombe à Bainesse, une ferme près de Catternick, qui fut un établissement périphérique à cette ville romaine.

Il portait un collier en jais, un bracelet également en jais, d'autres bracelets aux bras et aux chevilles. Dans la vie il devait être considéré comme un travesti et était probablement un 'gallus', un de ceux qui célébraient le culte de Cybèle et qui se castraient en son honneur"
 

C'est profondément triste de voir des archéologues obscurcir et ridiculiser naïvement l'identité de cette femme en la qualifiant d'eunuque travesti. De tels commentaires révèlent leur manque de compréhension de la nature humaine en général, et le leur manque de considération de la sophistication avec laquelle certaines civilisations antiques prenaient en compte les variations en matière d'identité sexuelle. Les personnes qui comprennent la transsexualité et les identités transgenres verront tout de suite qu'il ne s'agit pas là d'un eunuque (un homme avec une identité masculine qui a été castré – à l'époque un esclave), ni un "travesti" (un homme non castré qui s'habille en femme pour satisfaire un besoin d'excitation sexuelle). 

En fait, il est très probable que cette personne était une femme intensément transsexuelle qui a désespérément recherché puis entrepris volontairement une opération d'émasculation durant sa jeunesse, probablement au début de son adolescence, puis a vécu comme une femme prêtresse. La preuve qu'elle a entrepris son opération tôt dans la vie est visible dans la photo ci-dessus: elle n'a ni arcade sourcilière sur son front en dessus et entre ses yeux (examinez de près cette photo). Etant donné la structure féminine de son visage, sa construction gracile, elle peut avoir été une très belle femme. Sa tombe élaborée, suite à sa mort peu après ses 20 ans suggère qu'elle était très respectée et peut-être qu'elle a laissé derrière elle un partenaire endeuillé. (ou une partenaire… ) 

Ces anciennes pratiques continuent toujours dans certaines parties du monde. En Inde et au Bengladesh un grand nombre de jeunes transsexuelles tout à fait désespérées s'enfuient de leur maison pour rejoindre la caste des "Hijras". Pour devenir "Hijra", ces adolescentes doivent volontairement subir une opération d'émasculation complète dans des conditions très primitives, tout comme dans l'antiquité, avec l'opium comme seul anesthésiant. La plupart d'entre elles entreprennent cette opération dans leur adolescence juste après le début de leur puberté. Les résultats sont décrits par une photo d'une jeune Hijra qui se trouve sur la page de Lynn qui traite de l'opération de réattribution de sexe. En étant castrées assez tôt, elles peuvent éviter le développement de caractéristiques masculines secondaires (sauf pour la voix), et leur corps peut conserver sa douceur et sa féminité. Dans cette culture, ces opérations de changement de sexe et leurs effets sont enveloppés de symbolisme religieux et de mystères.

La possibilité d'entreprendre une telle opération de changement de sexe est bien connue dans toute l'Inde et elle y exerce un incroyable pouvoir d'attraction et un appel mystique pour toutes les jeunes femmes transsexuelles. Environ 1 enfant sur 400 s'enfuit de la maison pour devenir Hijra. Il y en a environ 1 million dans le pays. 

Contrairement aux croyances populaires, une émasculation complète ne supprime pas toute pulsion sexuelle. Une castration effectuée après le début de la puberté laisse à la jeune Hijra des désirs sexuels et la possibilité d'avoir un orgasme. Alors qu'une telle opération aurait des effets dévastateurs sur un jeune homme, ses conséquences sont exactement inverses quand elle est effectuée sur une jeune femme transsexuelle: l'opération est libératrice, et lui permet enfin d'exprimer sa sensibilité et son désir. Tout comme dans le cas des femmes transsexuelles opérées avec des techniques modernes, nombre de Hijra peuvent vivre des désirs et des excitations très fortes avec les restes internes de leurs organes sexuels (quand bien même il leur manque les tissus qui sont conservés par les techniques opératoires modernes). Bien qu'il leur manque un vagin, nombre d'entre elles apprécient (jusqu'à l'orgasme) une pénétration anale pratiquée par un homme. Ayant été émasculées jeunes, leur pelvis est proche de celui des autres femmes. Nombre d'indiens apprécient de faire l'amour avec une Hijra et ces femmes peuvent, dans une mesure limitée, trouver une part de la relation affective, de la passion et de l'amour dont elles ont besoin. 

La plupart des Hijras vivent en groupes "familiaux", gagnant leur vie en participant à des cérémonies traditionnelles, aux mariages et aux naissances. Nombre d'entre elles travaillent comme prostituées et comme mendiantes, comme les membres des castes indiennes les plus basses. Aujourd'hui, certains Hijras ont eu la possibilité d'accéder à un traitement hormonal, ce qui leur permet d'avoir une poitrine et des formes arrondies. La combinaison d'une émasculation au début de l'adolescence et d'un traitement hormonal permet à certaines Hijras de devenir très belles, même si, malheureusement, elles n'ont pas de vagins, ce qui empêche qu'elles soient vraiment acceptées comme les femmes qu'elles sont en réalité. 

La communauté Hijra et ses traditions, y compris leur procédure basique de changement de sexe d'homme en femme, est connue depuis au moins 4000 ans en Inde. Cette pratique largement répandue permet aux adolescentes transsexuelles d'échapper à l'angoisse et à l'effet destructeur de la masculinisation de la puberté et leur fournit une place plus ou moins sûre, bien que très dévalorisée, dans la société. Les extrémités auxquelles ces adolescentes se risquent, pour avoir ce qui se rapproche le plus d'un corps de femme, tout en sachant pertinemment qu'elles ne reverront plus jamais leur famille et qu'elles seront méprisées de toute la société pour le reste de leur vie est une preuve spectaculaire de la réalité et de la force du conflit d'identité auquel elles doivent faire face.
 
Aujourd'hui, en Inde, les Hijras sont perçus comme constituant un troisième sexe et sont souvent désignées sous le terme d'eunuques car c'est le terme qu'utilisaient les anglais. Ce terme est totalement inapproprié et très malheureux, car il désigne des hommes castrés qui ont une identité masculine claire. Ce mot a une connotation de perte et d'un état neutre, plutôt que de féminisation et de résolution d'un conflit d'identité. Ce terme ne traduit absolument pas, et même cache, la nature transsexuelle des Hijras et contribue à les marginaliser encore plus. 

Ce fut leur sort depuis le début de l'oppression coloniale britannique en Inde. Avant cette invasion, nombre de Hijras avaient une vie relativement sûre en travaillant comme servante dans les palais des plus riches et en participant aux nombreuses cérémonies rituelles. Cependant nombre des rôles traditionnels de Hijras ont été supprimés par les colons britanniques fortement homophobes qui étaient totalement incapables de comprendre la vraie signification de cette tradition. Nombre d'indiens eux-mêmes en sont venus à traiter les Hijras de "pervers" en voulant adopter les attitudes "modernes et avancées" des colons britanniques face à cette minorité.  

En réaction face à leur stigmatisation, nombre de Hijras sont devenues très discrètes pour tout ce qui concerne leurs initiations chirurgicales et leurs pratiques. Certaines affirment même avoir été opérées "contre leurs volonté" pour faire croire "que ce n'est pas de leur faute". Bien qu'elles voient leur opération comme un changement de sexe, elles sont aussi réalistes et savent bien qu'elles ne sont pas reconnues comme des femmes par la société. Cependant, elles portent des vêtements de femme, prennent des noms de femme et utilisent des pronoms féminins. Elles supportent leur statut social ambigu trouvant que c'est encore bien mieux que d'être vus comme des hommes. Cette pratique est très répandue en Inde et au Bangladesh (consultez le paragraphe sur la prévalence ci-dessous). Pour encore plus d'information, consultez le site web (Hijra) à http://www.kinnar.com/
 
Bien qu'elle ait été voilée par le secret pendant des siècles, la condition qui pousse des jeunes adolescentes à devenir des Hijras est clairement le transsexualisme. Dhanam, la leader d'une famille de Hijras le dit très bien:
 
 
"Nous sommes nées avec une crise d'identité. Ça n'est ni l'imitation ni un apprentissage qui nous pousse à être des femmes." - Dhanam
 
 
Note importante: En 2002, Lynn a commencé une correspondance avec certaines femmes Hijras d'Inde. Elle leur a fortement suggéré, chaque fois que cela était possible, d'éliminer toute utilisation du mot "eunuque" pour se désigner elles-mêmes. Elle leur a proposé d'utiliser les mots "transgenres" ou "transsexuelles" chaque fois qu'elles utilisent l'anglais. Si elles arrivent progressivement à réaliser ce changement dans la terminologie utilisée en Inde, cela leur permettrait d'être désignées par un terme qui correspond à leur réalité de femme plutôt que comme "des hommes castrés et travestis", ce qui ne correspond pas à la réalité. Un tel changement leur permettrait de mieux révéler leur nature et de défendre leurs droits en Inde.
 
 
Même en occident, il arrive que de jeunes femmes transsexuelles totalement désespérées et qui ne peuvent pas trouver d'aide se résolvent à faire comme les Hijras sur elles-mêmes (et pratiquent l'automutilation, ndt.). En s'émasculant complètement et en se reposant sur le système médical pour finir le travail, elles peuvent réaliser une opération de réattribution de sexe à bas prix très tôt dans leur vie. Nombre de jeunes femmes aux Etats-Unis ont pratiqué ces émasculations sur elles-mêmes et se sont féminisées avec des oestrogènes. Elles sont devenues ainsi rapidement de jeunes et jolies jeunes filles. Malheureusement, la perte de certains tissus rend la suite de l'opération (la construction d'organes sexuels féminins) beaucoup plus problématique. Ces actes désespérés étaient nettement plus fréquent il y a quelques décennies quand les femmes transsexuelles avaient d'énormes difficultés à obtenir une prise en charge. Une pratique encore plus courante pour les jeunes femmes transsexuelles était l'auto-élimination des testicules afin d'éviter les effets de la masculinisation. 

De bien des manières, les Hijras se sont retrouvées dans l'équivalent Indien des "travesties des rues" qui peuplent les nuits de nombre de citées américaines et de l'ensemble du monde. Par exemple, consultez l'étude récente sur les transsexuelles en Malaisie. Aucune de ces sociétés n'a conscience que la plupart de ces personnes sont des transsexuelles qui ont désespérément besoin de vivre leur vie de femme, et qui, sans papier, sans reconnaissance sociale, sans famille, sans possibilité de trouver un emploi n'ont pas d'autre "choix" que la prostitution pour survivre.

Ici, aux Etats-unis, les "travesties des rues", selon la désignation usuelle, sont considérées par la société qui se dit éduquée comme "des déviants sexuels qui ont perdu l'esprit". Elles sont très souvent assimilées à des hommes "gays" alors qu'elles ont bien une identité de femme et que la plupart de leurs clients sont des hommes hétérosexuels qui apprécient le recours à des "she-males" pour satisfaire leurs besoins sexuels. Tant ces personnes que les Hijras d'Inde sont pour la plupart des transsexuelles. Les deux groupes sont incompris, rejetés et mal identifiés par la société. Les deux groupes sont traités comme s'ils étaient constitués d'hommes exclus socialement. Mais ce sont juste des personnes qui font du mieux qu'elles peuvent avec les maigres ressources dont elles disposent pour vivre leur vie de femme.
 
 
Photo de Pokaraji, une jeune femme Hijra de Calcutta, extraite du remarquable ouvrage
Hijra-The Third Gender in India
de Takeshi Ishikawa
 
 
 
Voici des photos de deux autres femmes Hijras extraites du livre de Takeshi Ishikawa  ( plus d'informations). Comme vous pouvez les voir, elles sont très belles. Sonamu (à gauche) a grandi comme un enfant des rues à Bombay et est devenue Hijra durant son adolescence. Sa beauté lui a permis de devenir célèbre à Bombay.
 
 

Sonamu 

Patora 
 

Note importante: En septembre 2003,  La coalition pour les Libertés Civiles de Karnata (PUCL-K) a publié un rapport tout à fait remarquable sur les violations des droits humains dont souffrent les personnes transgenres en Inde. Au printemps 2004, j'ai eu la chance d'en obtenir une copie et je souhaite vous informer de son existence dans cette page web.

Dans ce rapport de 117 pages, la coalition fournit une description complète du contexte social, culturel et politique des Hijras. Puis il documente les violences commises à leur encontre et décrit ses bases institutionnelles. Il décrit également les efforts des Hijras pour s'organiser et pour réagir contre les discriminations qui leur sont imposées et fait des recommandations importantes sur la manière d'alléger la souffrance des personnes transgenres en Inde. Ce document est une excellente source d'informations actuelles sur les Hijras et je vous le recommande vivement. Consultez la page web suivante pour plus d'informations, y compris un lien pour télécharger une version PDF de ce document http://ai.eecs.umich.edu/people/conway/TS/PUCL/PUCL Report.html

 

 

Quelle est la cause du transsexualisme?
 
De nombreuses causes ont été proposées avec les années. Comme nous l'avons discuté précédemment, il est connu depuis longtemps par le cas des personnes intersexuées que les gènes ne déterminent pas l'identité sexuelle. Les études de cas d'opération effectuées sur des enfants intersexués démontrent également que "les organes génitaux externes combinés avec l'éducation" ne déterminent pas le moins du monde ladite identité sexuelle. En fait, les travaux scientifiques actuels suggèrent fortement des origines neurobiologiques (contrairement à ce que les travaux frauduleux de John Money ont fait croire, ndt.). Quelque chose se produit dans le système nerveux central durant la gestation qui fait que l'enfant naît avec une identité en contradiction totale avec l'apparence de son corps. Nous n'en connaissons pas encore le mécanisme exact et des recherches additionnelles seront nécessaires pour le mettre en lumière. Mais il est clair que la voie neurobiologique est la plus prometteuse. 

Par exemple, des recherches récentes suggèrent que le transsexualisme MtF peut résulter d'une non différentiation d'une portion de l'hypothalamus appelée BSTc pendant la gestation, au moment où le foetus de l'enfant est imprégné d'hormones dites sexuelles. Cette région qui semble essentielle aux comportements sexuels conserve une structure typique des femmes, contrairement au reste du corps. La première de ces recherches fut publiée en 1995, dans NATURE, 378: 60-70 et est également accessible on-line à la référence suivante: http://www.symposion.com/ijt/ijtc106.htm). Des extensions de ce premier travail ont été publiées en mai 2000 (consultez le lien suivant pour le résumé et pour l'accès au texte complet):

 

The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, May 2000, p. 2034-2041
Copyright 2000, The Endocrine Society Vol. 85, No. 5

Male-to-Female Transsexuals Have Female Neuron Numbers in a Limbic Nucleus
Frank P. M. Kruijver, Jiang-Ning Zhou, Chris W. Pool, Michel A. Hofman,
Louis J. G. Gooren, and Dick F. Swaab
 
Graduate School Neurosciences Amsterdam (F.P.M.K., J.-N.Z., C.W.P., M.A.H., D.F.S.), Netherlands Institute for Brain Research, 1105 AZ Amsterdam ZO, The Netherlands; Department of Endocrinology (L.J.G.G.),
Free University Hospital, 1007 MB Amsterdam, The Netherlands; and Anhui Geriatric Institute (J.-N.Z.), The First Affiliated Hospital of Anhui Medical University, Hefei, Anhui, 230032 China
 
Veuillez addresser toute correspondance et toute demande de réimpression à: Frank P. M. Kruijver, M.D., or Prof. Dick F. Swaab, M.D., Ph.D., Graduate School Neurosciences Amsterdam, Netherlands Institute for Brain Research, Meibergdreef 33, 1105 AZ Amsterdam ZO, The Netherlands. E-mail: F.Kruijver@nih.knaw.nl.
 
Résumé (conservé en langue anglaise):
Transsexuals experience themselves as being of the opposite sex, despite having the biological characteristics of one sex. A crucial question resulting from a previous brain study in male-to-female transsexuals was whether the reported difference according to gender identity in the central part of the bed nucleus of the stria terminalis (BSTc) was based on a neuronal difference in the BSTc itself or just a reflection of a difference in vasoactive intestinal polypeptide innervation from the amygdala, which was used as a marker. Therefore, we determined in 42 subjects the number of somatostatin-expressing neurons in the BSTc in relation to sex, sexual orientation, gender identity, and past or present hormonal status. Regardless of sexual orientation, men had almost twice as many somatostatin neurons as women (P < 0.006). The number of neurons in the BSTc of male-to-female transsexuals was similar to that of the females (P =3D 0.83). In contrast, the neuron number of a female-to-male transsexual was found to be in the male range. Hormone treatment or sex hormone level variations in adulthood did not seem to have influenced BSTc neuron numbers. The present findings of somatostatin neuronal sex differences in the BSTc and its sex reversal in the transsexual brain clearly support the paradigm that in transsexuals sexual differentiation of the brain and genitals may go into opposite directions and point to a neurobiological basis of gender identity disorder.
 
 
Cependant, et quand bien même ils n'ont jamais disposé de la MOINDRE preuve pour soutenir leurs croyances, nombre de psychiatres et de psychologues durant les quatres décennies précédentes ont simplement supposé que le transsexualisme était une "maladie mentale". En DEFINISSANT cette condition, alors rejetée socialement, comme une maladie mentale, les psychiatres ont formé la perception que les institutions médicales et la société a eu des transsexuelles comme des "psychopathes déviants sexuels". Cependant, ce point de vue perd de sa force au fur et à mesure que les générations précédentes de psychiatres traditionnels d'inspiration behavioriste (et psychanalytique, ndt) partent à la retraite et que les bases neurobiologiques de nombre de traits humains sont mieux compris.
 
Pour une description plus étendue de la transsexualité perçue comme une soi-disant "maladie mentale" et pour une comparaison avec les preuves plus récentes qui apparaissent quant à ses causes neurobiologiques, veuillez vous référer à la page de Lynn sur les
 
CAUSES DE LA TRANSSEXUALITE
 
 
Est-ce que la détermination de la cause est vraiment importante pour prendre en charge correctement cette condition?
 
Pourquoi y a-il un tel abcès de fixation sur les "causes"? La réponse est simple. Dans le passé, le transsexualisme a été une condition si rejetée que la question de savoir ce qui en est la cause a toujours été inclue dans les discussions qui concernent la manière de la prendre en charge. Dans le passé, nombre de psychologues et de psychiatres de tendance comportementaliste (et psychanalytique, ndt) ont viscéralement condamné les personnes transsexuelles pour soi-disant "créer elles-mêmes leur propre déviance mentale", et se sont arrogés le droit et la responsabilité de les "soigner et de guérir" (exactement comme dans le cas des soi-disant "thérapies" de conversion des personnes homosexuelles, ndt), ce qui justifiait la pratique de discrimination, de marginalisation et de ghettoïsation de la société.

Mais, comme nous l'avons vu, le transsexualisme est très certainement causé par un mécanisme neurologique qui doit encore être précisé et n'a rien à voir avec une "maladie mentale". Il y a de nombreuses autres situations à base neurologique telle que la douleur chronique, la dépression chronique et les troubles bipolaires pour lesquels nous suspectons également des causes biologiques. Nous savons que ces conditions sont réelles parce que nous voyons les gens souffrir et nous traitons ces personnes avec pragmatisme, avec des procédures médicales, et avec compassion dans le but de soulager leurs souffrances.

Pourquoi en irait-il différemment avec les personnes transsexuelles?

Nous savons soulager la souffrance des personnes transsexuelles. Nous avons de nombreuses options pour un accompagnement, pour une transition sociale, pour un traitement hormonal et pour une opération de réattribution de sexe. Pourquoi ne pas simplement accepter ces traitements comme valides, puisqu'ils soulagent  efficacement la souffrance et augmentent de manière spectaculaire la qualité de vie, juste parce que certains ont des doutes sur les causes de cette condition? Et pourquoi stigmatiser des personnes juste parce qu'elles ont recherché des solutions médicales à leur souffrance.
 
 
Quelle est la fréquence du transsexualisme?
 
On utilise le terme "prévalence" pour définir le nombre de cas (d'une situation donnée) présent dans une population à un moment donné. S'il y a 100 cas d'une situation dans une ville de 100'000 habitants, alors la prévalence de cette situation y est de 1 pour 1000 (1:1000). Par chance, nous pouvons faire de bonnes estimations de la transsexualité sans avoir besoin d'être un chercheur. N'importe quel journaliste peut calculer facilement une bonne estimation. 

La plupart des autorités médicales citent souvent une prévalence de 1 sur 30'000 pour les femmes transsexuelles et de 1 sur 100'0000 pour les hommes transsexuels. Vous verrez ces chiffres partout, comme dans des articles récents du Washington Post et du New York Times. Mais est-ce que ces nombres ne vous semblent pas bizarres? Ils décrivent le transsexualisme comme étant extrêmement rare. Cependant, aujourd'hui, nombre de personnes connaissent une personne transsexuelle ou ont entendu parler d'un cas dans leur école, compagnie, association, communauté, etc. Qu'est-ce que cette mention d'extrême rareté cache? 

Ils proviennent de l'American Psychiatric Association's Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-IV). Ces chiffres sont souvent fournis aux médias par les deux "centres d'élite" qui ont pendant longtemps proclamé détenir la vérité en matière de transsexualité, à savoir l'Institut Clarke de Toronto, au Canada, et la faculté de médecine John Hopkins à Baltimore, MD.

Tout d'abord ces chiffres proviennent des données vieilles de plusieurs décennies, quand les toutes premières opérations modernes de réattribution de sexe ont été réalisées. De plus, elles n'incluent que les personnes qui ont été assez courageuses pour sortir du lot et pour exiger une opération de réattribution de sexe à une époque ou la discrimination était extrême. Le simple bon sens nous dit que, pour ces quelques personnes, il y a en a eu un très grand nombre qui ont souffert en silence. Mais combien? 

Faisons nous-mêmes nos propres calculs. Nous pouvons estimer la prévalence de la transsexualité MtF aux Etats-Unis en estimant le nombre de personnes qui ont déjà bénéficié d'une opération de réattribution de sexe. Nous pouvons diviser ce nombre par celui des hommes adultes aux Etats-Unis de moins de 60 ans (car des personnes des générations précédentes n'avaient pas accès à ces opérations).
 
Avant 1960, seul un tout petit nombre d'opérations de réattribution de sexe ont été effectuées sur des citoyens des Etats-Unis. Puis le Docteur Georges Burou, Md, de Casablanca au Maroc a commencé à pratiquer ces opérations en 1960 en recourant à une procédure largement améliorée d'inversion de la peau du pénis (pour créer un vagin, ndt). Harry Benjamin, Md, un médecin américain qui a fait un travail de pionnier en matière de traitement clinique de la transsexualité, a commencé à adresser nombre de patientes au Dr Burou et à d'autres chirurgiens qui utilisaient ses techniques. (Par la suite Lynn a appris par le Dr. Benjamin qu'elle a fait partie, en 1968, des 600-700 premières femmes transsexuelles américaines qui ont pu bénéficier d'une opération de réattribution de sexe).
 
Harry Benjamin, M.D.
Le docteur Harry Benjamin, M.D.
Pionnier de la technique médicale et médecin plein de compassion
[Photo prise par Lynn Conway en 1973]
 
 
Le nombre aux Etats-Unis a crû quand, dans les années 70, un programme concernant l'identité sexuelle a été créé à l'Université John Hopkins et à l'Université de Stanford, ce qui a permis une réduction des restrictions sur les opérations de réattribution de sexe dans les hôpitaux des Etats-Unis et plusieurs chirurgiens se sont mis à pratiquer ces opérations. En 1973, Lynn a appris par le Dr Benjamin que 2500 opérations de réattribution de sexe avaient été réalisées sur des femmes transsexuelles américaines à cette date. 

En commençant avec ces données, la table ci-dessous donne les estimations de Lynn Conway des opérations de réattribution de sexe effectuées sur des citoyennes américaines tant aux Etats-Unis qu'à l'étranger dans les dernières décennies. Elles incluent une extrapolation pour tenir compte des chirurgiens de moindre importance qui en font un petit nombre par année. Un intervalle de valeur est donné, qui va des estimations les plus prudentes aux chiffres les plus probables.

A l'heure actuelle, entre 800 et 1000 opérations de réattribution de sexe de type homme-vers-femme sont effectuées chaque année aux Etats-Unis. De nombreuses autres sont effectuées à l'étranger (par exemple en Thaïlande, où la qualité de ces opérations est excellente et le coût bien moindre). Les trois chirurgiens américains les plus importants (Eugene Schrang, Toby Metzler et Stanley Biber) réalisent à eux seuls 400 à 500 opérations chaque année. Stanley Biber seul en a réalisé plus de 4500 depuis qu'il a commencé à pratiquer ce genre d'opération en 1969. Pendant de nombreuses années, il a fait deux opérations par jour, trois jours par semaine!
  
 

"Les chiffres de Lynn Conway":

Estimation des opérations de type MtF sur des personnes habitant les Etats-Unis:

 

 1960's

 1970's

 1980's

1990 - 2002

1,000

 6000-7000

 9,000-12,000

 14,000-20,000
 
 
En faisant la somme de ces chiffres, on découvre qu'il y a au moins 30'000-40'000 femmes transsexuelles opérées aux Etats-Unis. Bien sûr qu'une partie des opérations réalisées ici le sont sur des personnes résidant à l'étranger (peut-être 15%) et une partie de ces personnes sont maintenant décédées. Cependant la majorité des femmes transsexuelles opérées ont eu leur opération dans les 15 dernières années et la grande majorité d'entre elles est encore en vie. Celles qui ont eu leur opération entre les années 60 et 80 étaient jeunes (entre 20 ans et le début de la trentaine) et la plupart d'entre elles sont donc encore en vie. Même en prenant en compte le taux usuel de mortalité, Lynn estime que le nombre de femmes transsexuelles opérées aux USA est supérieur à 32'000.

Pour déterminer la prévalence des opérations de type MtF, nous divisons tout simplement 32'000 par 80'000'000, qui est le nombre d'hommes dont l'âge se situe entre 18 et 60 ans (ce qui correspond à la tranche d'âge de femmes opérées):

32,000/80,000,000 = 1/2500.

Nous découvrons avec stupéfaction que, aux Etats-Unis, au moins une personne sur 2500 qui avait un sexe masculin à la naissance a DEJA bénéficié d'une opération de réattribution de sexe! Cette estimation de 1:2500 est bien plus grande que celle si souvent citée par la communauté médicale de 1:30'000. Les chiffres du DSM IV sont clairement à côté de la réalité et au moins d'un facteur 12! Mais un examen encore plus serré nous démontre que l'erreur est encore plus grande!

Rappelez-vous que "l'estimation" du DSM-IV concerne la prévalence du transsexualisme, pas des opérations de réattribution de sexe. Les articles récents se réfèrent toujours à cette interprétation, et indique que ce 1:30'000 correspond au "nombre de personnes transsexuelles".

Lynn estime qu'il y a entre 3 et 5 fois plus de personnes souffrant d'un transsexualisme MtF intense que de personnes qui ont déjà eu une opération de réattribution de sexe. Les raisons sont évidentes: nombre de personnes ne sont même pas au courant des possibilités de traitement qui leur permettraient de résoudre leur problème et souffrent en silence croyant qu'il n'y a pas d'espoir. Nombre d'entre elles sont terrifiées de se révéler et de rechercher de l'aide tellement elles ont peur d'être totalement rejetées. Un plus grand nombre encore est dans l'incapacité de payer les coûts élevés d'une transition. Il doit y avoir entre 100'000 et 200'000 cas de transsexualisme MtF intense NON TRAITE aux Etats-Unis.
 
Ainsi, traités ou non, le nombre de cas est de l'ordre de 130'000 – 240'000. Si le chiffre était de 160'000, ce qui est plus proche de la borne inférieure, alors la prévalence des cas de transsexualisme les plus intenses serait de ~ 160'000/80'000'000 = 1:500. Cette valeur est juste une BORNE INFERIEURE grossière de cette prévalence et la valeur réelle pourrait bien être nettement plus grande.
 
[* Consultez également la nouvelle page contenant des estimations de Donna Patricia Kelly pour la prévalence au Royaume Uni. Donna utilise la méthodologie de Lynn et ses résultats sont très proches de ceux de Lynn pour les Etats-Unis].

Ces études commencent à cerner une valeur probable pour le transsexualisme le plus intense comme étant entre 1:500 et 1:250. Cette valeur est approximativement 100 fois plus grande que celle publiée par l'APA dans le DSM-IV-TR! Ainsi la prévalence qui y figure est trop petite de deux ordres de grandeur* 

En comparaison, considérez la prévalence d'autres problèmes qui ont un impact majeur sur la vie des gens: La prévalence approximative de la dystrophie musculaire est de 1:5000, la sclérose en plaques est de 1:1000, le bec de lièvre est de 1:10000, la paralysie cérébrale de 1:500, l'absence de vue de 1:350, la surdité de 1:250, l'épilepsie de 1.200, la schizophrénie de 1:100 et l'arthrite rhumatoïde de 1:100. Tous ces problèmes jouissent d'une grande priorité dans la société et les personnes qui en sont atteintes jouissent d'une grande empathie de la part du public pour tout ce qu'elles endurent. Il y a d'importantes sources de financement pour des projets de recherche destinés à étudier et à résoudre ces problèmes et les patients on un large accès à tous les traitements qui permettent de soulager leurs maux. 

Comparez cela aux cas intense de transsexualisme, qui a un impact tout aussi profond sur la vie des personnes. Cette condition socialement impopulaire est totalement éradiquée de la conscience de notre société et l'accès aux traitements réellement efficaces est impossible pour la vaste majorité des personnes qui en souffrent. De plus, le milieu médical est totalement inconscient de la prévalence et de l'impact tragique de cette condition sur un très grand nombre de personnes
.
 
 Pour une discussion plus en profondeur sur la prévalence de la transsexualité et pour une discussion sur les raisons pour lesquelles les estimations de la communauté psychiatrique sont si largement erronées, veuillez consulter la page de Lynn sur la
 
PREVALENCE DU TRANSSEXUALISME
 
 
De l'importance "des nombres"
 
Avec 1500-2000  personnes qui entreprennent une opération de réattribution de sexe de type FtM actuellement aux Etats-Unis (et avec au moins la moitié de ces chiffres pour les d'opérations de type FtM en plus), le transsexualisme est assez répandu pour que les grandes écoles et les grandes compagnies aient une transition de temps à autres. Chacun le sait. Les médias sont pleins d'histoires de transitions. Les universités en particulier semblent avoir un grand nombre de transitions parmi leur personnel académique qui est suffisamment établi pour ne plus avoir peur de perdre son travail. Ces nombres sont suffisamment grands pour justifier une réévaluation des politiques des écoles et des entreprise de manière à ce que de telles transitions puissent se passer sans encombre (et deviennent des opérations de routine, ndt). 

Au fur et à mesure que la conscience de l'existence des personnes TG et TS se développe, au fur et à mesure qu'on comprend qu'elles ne sont pas si rares que cela et que nombre de jeunes adolescents ont réalisé avec succès leur transition, il est probable que de plus en plus d'adolescents TG et TS vont comprendre la nature de leur identité, vont se révéler à eux-mêmes puis chercher de l'aide beaucoup plus jeunes que de par le passé. Il est aussi plus probable qu'ils finiront par trouver de l'aide car plus de psychologues et de thérapeutes familiaux auront intégré les questions d'identité dans leur palette de services, au moment où beaucoup plus d'informations sont disponibles, entre autres au travers du web.

Cependant, le mythe de l'extrême rareté du transsexualisme a eu des conséquences sociales graves, incluant l'assimilation des personnes TG/TS comme des gays, et l'invisibilité complète des enfants rejetés à la rue et devenues "travesties des rues" comme décrit dans la première partie. Ce n'est qu'en réalisant que les personnes TG/TS sont loin d'être si rares que ça que cette condition sera considérée avec plus d'attention et de sérieux. 

Les chiffres comptent! Ils sont réellement importants! Un ordre de grandeur bien calculé fournit de bien meilleurs instruments de mesure de la société que de se conformer à de la propagande non fondée, en contradiction avec le bon sens, destiné à l'autopromotion d'un groupe, les psychiatres, qui a directement intérêt à propager ces estimations de l'extrême rareté du transsexualisme afin de justifier son comportement répressif. Les physiciens, les ingénieurs, les épidémiologistes et les politiciens savent combien obtenir des chiffres justes est important et combien cela peut affecter des choix scientifiques, d'ingénierie, sociaux ou politiques majeurs. Il est temps de confronter les psychiatres à la réalité de la large diffusion des personnes TG et TS.
 

Quelles sont les solutions médicales au transsexualisme?

Qu'il s'agisse d'une situation "pré-câblée" dans le cerveau ou dans une structure plus profonde du système nerveux central qui détermine notre identité sexuelle, une chose est sûre: cette identité ne peut être altérée par aucun "traitement" psychologique ou psychiatrique, qui se réfère au vieux modèle de la "maladie mentale". Durant des décennies d'innombrables personnes TG et TS ont été contraintes de subir de tels "traitements", y compris les électrochocs et les hospitalisations forcées en institutions psychiatriques et il n'y a jamais eu le moindre cas de "guérison". 

Mais les avancées de la médecine et de la chirurgie moderne ont rendu possible pour les personnes dont le conflit d'identité est le plus fort de le résoudre pour la plus grande partie. En entreprenant un traitement hormonal et une opération de réattribution de sexe,  le corps peut être modifié afin de correspondre au sexe neurologique, ce qui permet de résoudre le conflit des personnes transsexuelles. Ces traitements sont habituellement réalisés selon les lignes directrices de l'association Harry Benjamin pour la dysphorie de genre "HBIGDA Standards of Care, Version Six".

Dans le passé, nombre de femmes transsexuelles étaient forcées de passer par des psychiatres qui fonctionnaient comme des "garde-barrières" très restrictifs pour tous les aspects de la transition. Ils affirmaient que leur autorisation était requise pour tout traitement hormonal, pour une transition sociale et pour l'opération de réattribution de sexe. De plus, ces autorisations n'étaient, le plus souvent accordées qu'après des années de "thérapie". Malheureusement, en faisant de la transsexualité une "maladie mentale", et en n'ayant aucune connaissance des nombreux aspects d'une transition, ces psychiatres étaient de très mauvais conseillers. Aujourd'hui, il est beaucoup plus fréquent que des personnes en transition obtiennent de l'aide de spécialistes bien informés, de "conseillers en matière de genre (*)", qui peuvent vraiment les aider à réussir leur transition.

(*) L'expression anglaise "experienced gender counsellor" fait référence au "counselling" approche créée par Carl Rogers qu'il démarque fortement des approches conventionnelles de la psychiatrie et de la psychanalyse. Cette expression fait donc référence à des conseillers expérimentés dans les questions d'identité sexuelle, qui ont pour but de comprendre leur cliente (et non leur patiente) comme elle se comprend, de lui servir de compagnon de route et d'allié/e plutôt que de censeur et qui n'ont pas les préjugés patriarcaux, homophobes et transphobes de nombre de membres des groupes précités. Ndt.

Avant l'opération de réattribution de sexe, la personne en transition bénéficie d'une période de traitement hormonal et effectue une transition sociale afin de vivre à plein temps en tant que femme.  Après qu'un peu de temps ait passé passé (en général, une année) et que la personne soit toujours sûre de sa détermination à terminer sa transition, elle est opérée. Lors de cette opération, les organes génitaux externes masculins sont supprimés. Une partie des tissus est réutilisée pour construire des organes externes féminins. Cela inclut un vagin tout à fait fonctionnel et un clitoris très sensible. Cette opération est souvent complétée par la suite par une "labiaplastie" destinée à améliorer l'apparence du tout en formant des lèvres internes et externes d'apparence tout à fait normale. L'apparence et le fonctionnement des organes ainsi reconstruits est en tout points semblable à ceux des femmes qui sont nées avec. Une discussion approfondie de l'histoire du développement des opérations de réattribution de sexe ainsi que des détails chirurgicaux se trouve dans les pages de Lynn. La grande majorité des femmes ainsi opérées jouissent de fortes sensations, qu'il s'agisse d'excitations ou du plaisir d'une pénétration vaginale comme n'importe quelle autre femme. Elles ont des orgasmes parfois très forts (consultez la partie de la page de Lynn sur l'opération qui concerne l'excitation et l'orgasme chez les femmes opérées). (On notera que les femmes transsexuelles homosexuelles peuvent elles aussi avoir beaucoup de plaisir, ndt).

Malheureusement, la plupart des personnes n'ont pas connaissance de la nature d'une opération moderne de réattribution de sexe. Elles croient de manière erronée qu'elle implique seulement la suppression des organes génitaux masculins, comme dans le cas de Hijras en Inde. Cette ignorance entretient nombre de superstitions et de préjugés au sujet des femmes transsexuelles opérées, en particulier au sujet de leur sexualité et de leurs pratiques sexuelles (la plupart des personnes croient encore que les femmes opérées en sont réduites à des pénétrations anales, ne sachant pas que ces personnes ont un vagin). Cependant, il y a maintenant de plus en plus de sources d'informations sur le web qui décrivent tous les aspects de ce genre d'opération, et cette ignorance devient plus rare dans la population (tout au moins dans celle qui a accès à Internet et qui a un minimum de maîtrise de l'anglais, ndt).

La poursuite du traitement hormonal, même après l'opération, permet de continuer à transformer les sensations physiques, les émotions et les caractéristiques sexuelles secondaires, telle que la croissance de la poitrine, la douceur de la peau, la redistribution des tissus adipeux et ainsi de suite. Avec le temps, les effets peuvent être spectaculaires et la restauration d'un corps de femme très achevée. Libérées du piège qui les avait placées dans le mauvais corps, ces femmes peuvent alors trouver la paix, s'accepter enfin dans leur corps, et vivre une vie pleine et joyeuse
.
 
 Pour une information plus complète sur ces transformations physiques, y compris des diagrammes et des photographies, consultez la page de Lynn sur
 
LES OPERATIONS DE REATTRIBUTION DE SEXE (SRS).
 
 
 
Qu'est-ce qu'une transition pour une personne transsexuelle?
 
Une "transition" est le terme utilisé par les personnes transsexuelles pour désigner la période durant laquelle elles changent de genre social et de sexe physique. Malheureusement, en raison de leur incapacité à trouver un emploi, pour les personnes rejetées par leur famille et qui se trouvent à la rue, cette transition se réduit à une transition transgenre, c'est à dire à la prise d'hormones pour féminiser leur corps et à un changement social qui leur permet de vivre ouvertement en femme, mais sans opérations (qu'elles n'ont pas les moyens de financer, ndt). Pour les autres personnes transsexuelles qui ont plus de moyens financiers (ou qui vivent dans un pays où cette opération est remboursée, ndt) tel que des étudiantes provenant de la classe moyenne ou des adultes qui ont un bon emploi, ce mot signifie la même chose mais avec l'objectif additionnel de pouvoir réaliser un changement complet de leur sexe physique au travers d'une opération. Cela leur permet de pouvoir vivre pleinement leur vie de femme et de s'intégrer complètement en tant que telle dans la société (y compris sur le plan légal, ndt).

A une époque ou les femmes transsexuelles sont encore très fortement stigmatisées dans la plupart des communautés ici aux Etats-Unis, l'infrastructure qui supporte une telle transition est très semblable au "chemin de fer souterrain" qui a permis aux esclaves afro-américains de s'échapper du sud esclavagiste (allusion à ce qui c'est passé avant la guerre de sécession, ndt). Comme le décrit le site de NPS et celui du National Geographic, "le chemin de fer souterrain n'était ni souterrain ni même un chemin de fer, mais un réseau lâche d'aide et d'assistance à ceux qui fuyaient leur condition. Peut-être que cent mille personnes victimes de l'esclavage ont réussi à fuir entre le moment de la Révolution Américaine et celui de la Guerre Civile".

De la même manière, un réseau moderne de prestataires de soins, qui incluent des conseillers spécialisés dans les questions d'identité de genre, des professionnels de la relation d'aide, des esthéticiennes, des endocrinologues, des chirurgiens, des avocats et nombre d'autres personnes, ont discrètement et presque en secret fourni de l'aide aux personnes qui cherchaient à se libérer du piège de leur corps malformé. Dans ce cas, la plupart des fugitifs souhaitent s'assimiler dans la société après leur changement, de manière à ce que leurs origines ne soient que leur affaire et de manière à "être complètement libres" (du regard stigmatisant de la société). Ceci était très proche de ce que pouvaient vivre certains anciens esclaves qui étaient assez chanceux pour pouvoir "passer pour blancs" dans le nord et être vraiment accueillis dans la société.

Mais il y a un prix émotionnel à payer pour pouvoir ainsi "passer discrètement" – tout comme il y en avait un pour les anciens esclaves qui pouvaient passer comme blancs, à savoir la perte de contacts avec les amis et la famille, la peur constante d'être dénoncés et de tout perdre. En même temps, c'est un prix que nombre de personnes jugent acceptable si c'est celui de la liberté et celui d'une vie pleine et entière.

Une transition transsexuelle complète de type homme-vers-femme (opération comprise) prend habituellement entre deux et trois ans, parfois plus. Le processus commence avec une relation d'aide, le soutien de ses pairs, puis l'initiation fournie par un traitement hormonal. Les effets des oestrogènes pris en fortes doses avant l'opération, sont à la fois subtils mais très profonds, au fur et à mesure que la peau s'adoucit, que la poitrine se développe et que les tissus adipeux se déplacent pour correspondre à ceux d'une femme.

Une épilation électrique est aussi entreprise pour supprimer toute la pilosité du visage et tous les autres poils problématiques. C'est un processus très douloureux, cher, qui prend beaucoup de temps, dans lequel des électrodes sont introduites dans les follicules germinatifs des poils pour les tuer. Cela prend facilement de 100 à 200 heures juste pour nettoyer un visage. Ce processus cause de nombreux problèmes logistiques et de gestion du temps, car il faut permettre aux poils de pousser avant de les traiter et les zones traitées sont irritées, et rouges pour quelques jours. Cependant, a moins de supprimer tous les poils gênants, la personne n'a aucune chance de pouvoir être crédible, car ces poils sont visibles sous la peau, même après un rasage très soigneux et même après avoir été cachés par du fond de teint.
 
Tant que l'épilation du visage n'est pas bien avancée, les personnes en transition peuvent utiliser des produits de maquillage particuliers tels que Covermark et Dermablend. Ils ont été conçus  pour des personnes qui ont de graves décolorations de la peau, telles que des marques de naissance. Ils permettent de cacher temporairement des poils sombres bien rasés sans pour autant "faire pot de peinture" et ils sont depuis longtemps utilisés par des drag queens et d'autres pour féminiser leur visage. Cependant la plupart des personnes en transition font en sorte d'attendre que leur épilation soit bien avancée avant de commencer à changer leur présentation et de se lancer dans leur "real life test" (période "probatoire" avant l'opération) afin de minimiser l'impact de l'épilation sur leurs horaires de travail, et surtout leur dépendance de produits cosmétiques afin de maximiser leurs chances d'être crédibles. (Cela permet aussi de rendre moins insupportables des moments très difficiles où il est, par exemple, nécessaire de laisser pousser longtemps certains poils comme ceux des lèvres afin de les éliminer efficacement, ndt).

Avant et pendant leur "real life test", nombre de personnes en transition peuvent aussi entreprendre des opérations qui contribuent à féminiser leur visage et leur apparence physique, en particulier en réduisant certaines structures osseuses de leur visage (des arcades sourcilières, des maxillaires ou des mentons protubérants). Certaines de ces interventions sont extrêmement douloureuses et les personnes doivent y faire face pour pouvoir achever leur transition. 

Mais il y a bien plus que juste ces traitements médicaux et chirurgicaux. La personne en transition doit changer totalement de genre social. En plus de devoir apprendre comment s'habiller et se maquiller afin d'être élégante, elle doit aussi réajuster ses manières et son langage corporel et elle doit aussi apprendre tout un ensemble de nouveaux protocoles sociaux (il faut garder à l'esprit que de très nombreuses familles ont entravé de force le développement naturel de leur enfant et ont tout fait pour qu'il se comporte conformément au sexe qu'il semblait avoir, tout cela pendant des décennies. ndt). Une fois lancée dans cette aventure, et au moment où des changements vont être perceptibles, nombre de personnes vont avoir peur d'être associées à une personne en transition, ou même d'être vues avec elle, au moins jusqu'au moment où elle a assez progressé pour être crédible.

Dans de nombreux cas, la personne en transition n'a pas d'autre choix que de faire une croix sur sa vie passée, ce qui l'amène à rompre avec ses amis et sa famille, et à se lancer dans une vie nouvelle, un peu comme l'ont fait les immigrants qui sont arrivés en Amérique et tout comme l'ont fait ceux qui ont pu fuir l'esclavage au 19ème siècle.
 
Les professionnels de la relation d'aide, les prestataires de services médicaux et les groupes de soutien fournissent juste un accompagnement. Mais toute la responsabilité de préparer et de réaliser ce voyage très complexe repose sur les épaules de la personne elle-même.

De ce fait, la transition qu'une personne transsexuelle entreprend est un changement tout à fait majeur, qui bouleverse toutes ses relations et qui laisse de profondes marques émotionnelles. C'est en fait, une des choses les plus difficiles à réaliser. Ce chemin est souvent très solitaire. En fin de compte, on se retrouve seule à devoir faire face à tous les défis physiques, émotionnels et sociaux. L'aide de nos proches, aussi bien intentionnés soient-ils, reste très limitée. Mais pouvoir s'enfuir d'un corps qui ne vous correspond pas, d'un piège qui ne vous quitte pas une seconde, et d'un rôle qui vous est totalement étranger est quelque chose d'aussi vital que de fuir l'esclavage. Toute femme transsexuelle qui peut entrevoir un chemin pour réussir une transition complète, aussi douloureux et difficile soit-il, va tenter de s'échapper vers la liberté.

Heureusement qu'il y a maintenant de nombreux sites qui contiennent des informations importantes sur tous ces aspects de la transition. Ces guides décrivent le "chemin de fer souterrain" de services et de prestataires de soins qui peuvent aider la personne en transition à différentes étapes de son voyage. Le meilleur de ces sites est le "TS Roadmap" d'Andrea James. C'est une belle femme qui a elle aussi réussi sa transition. Son site contient un trésor d'informations et c'est maintenant le site de référence en matière de transition pour les femmes transsexuelles.
 
 
Le guide Web le plus complet pour les femmes transsexuelles et le "TS Roadmap" d'Andrea James. Toute personne qui envisage une telle transition devrait le consulter avec beaucoup d'attention et l'utiliser pour préparer son voyage
 
TS ROADMAP FOR MtF TRANSITION
 
Andrea James
 

De l'importance des changements intérieurs

Au fur et à mesure de l'avancée de la transition, le traitement hormonal ne cause pas seulement des changements physiques visibles, mais aussi des changements intérieurs subtils et profonds. Sous l'influence des oestrogènes, encore plus après l'opération, il devient alors plus facile de changer les vibrations que l'on émet vers les autres, ainsi que sa manière d'être en relation avec autrui. En particulier pour les personnes qui se sont trop bien adaptées à "jouer les durs", comme la société le demande aux hommes, qui ont l'habitude de conserver un visage fermé et grave, doivent prendre soin de se débarrasser de ce comportement acquis. En s'ouvrant à leur identité et à leur vie de femme, elles doivent prendre soin d'exprimer la chaleur, la paix intérieure, l'assurance paisible, l'ouverture accueillante qu'elles découvrent en elles et qui feront qu'elles seront reconnues et appréciées en tant que femmes.Voici quelques conseils de Lynn au sujet de cet important changement intérieur.

La pression de la société pousse les hommes à maintenir de la distance les uns par rapport aux autres, à jouer les durs qui n'ont besoin de rien et surtout pas qu'on s'approche d'eux, à réagir de manière très défensive au moindre problème. Il est très important pour les personnes qui se sont trop bien adaptées à cette attente, qu'elles prennent grand soin durant leur transition de se débarrasser des restes de ce comportement acquis. Se relaxer, retrouver la joie de sa nouvelle vie, la chaleur, la confiance, l'assurance paisible, l'ouverture qui l'accompagne va les aider dans ce sens et va aussi leur permettre de rayonner de cette énergie positive auprès des autres.

C'est peut-être la première fois qu'elles peuvent accueillir pleinement leurs sentiments et leurs sensations de femmes, qui sont maintenant facilités par le traitement hormonal. Elles vont sentir un profond changement intérieur, qui va leur permettre d'expérimenter, parfois pour la première fois, la paix, la douceur, une assurance tranquille, un désir de proximité et de partage, une ouverture paisible. Au fur et à mesure que ce changement se produit intérieurement, elles vont rayonner vers les autres. Le feedback positif et chaleureux qu'elles recevront de leur entourage va alors leur permettre de prendre encore plus confiance.

 

La plupart des gens lisent inconsciemment la manière d'être au monde d'une personne et ils attribuent un genre aux signaux qu'elle émet, tout comme elles attribuent inconsciemment un genre aux traits des visages. Certaines personnes pourtant très séduisantes peuvent ne pas être perçues comme des femmes si elles émettent des signaux traditionnellement attribués aux hommes. C'est aussi pour cela qu'il est important de faire sentir aux autres le changement intérieur qui est en train de se produire aussi pleinement que possible dès le début de la transition. Sans cela, des feedbacks négatifs de la part de l'entourage peuvent entraver la progression de la personne et l'enfermer dans un cercle vicieux de ressentiment et de rejet, ce qui peut être source d'échec.

 

Par chance, le traitement hormonal tend à favoriser ce changement intérieur. Mais cela peut aussi être effrayant. Au début de la transition, les personnes sont souvent assez fragiles. Nombre d'entre elles deviennent beaucoup plus émotives que par le passé, et les émotions et les larmes viennent beaucoup plus facilement. Elles ont besoin qu'on les rassure, qu'on leur confirme que cela est normal. Elles deviennent souvent beaucoup plus ouvertes, expressives et entrent plus facilement en relation. Parfois pour la première fois de leur vie, elles arrivent à s'accepter et à s'affirmer et elles n'ont plus besoin de cacher leur vrai visage, ni la douleur d'avoir du jouer un rôle totalement artificiel si longtemps. Cette expérience est très importante et ces changements peuvent être si prononcés que l'entourage peut s'en trouver désorienté au début.

 

Se débarrasser du masque que l'on a du porter si longtemps, se libérer de l'empreinte de la pression qui a été infligée parfois durant des décennies peut prendre du temps. Bien que la plupart des femmes transsexuelles n'aient jamais vraiment correspondu aux stéréotypes de comportement masculin que la société a essayé de leur imposer, la plupart ont subi des pressions extrêmes pour les y forcer. Cette pression a été d'autant plus destructrice qu'elle leur a été infligée dès la petite enfance, quand elles étaient le moins aptes à y résister. Elles se sont senties d'autant plus abandonnées et trahies qu'elles ont subi ces sévices par ceux-là mêmes qui avaient pour devoir de les protéger let les accueillir (à savoir leurs parents, ndt).  De telles expériences peuvent avoir des conséquences dévastatrices et causer une tristesse (voire une dépression, ndt) persistante. Cependant, l'aide d'un/e thérapeute choisi/e avec soin, véritablement aidant/e, respectueux/se, accueillant/e et aimant/e, qui se situe en tant que guide et en tant qu'allié/e (et non en garde-barrière ou en juge) peut aider puissamment à résoudre ces problèmes, comme d'ailleurs nombre d'autres difficultés de la transition.

 

En fin de compte, c'est en découvrant et en exprimant pleinement leur vrai visage, et en laissant derrière elles les vestiges indésirables de leur passé, que la plupart des femmes en transition arrivent à rendre évident aux yeux de chacun leur vrai visage de femme.

 

Entrainement vocal:

Un autre pas très difficile pour la plupart des femmes transsexuelles et de transformer leur voix en une voix beaucoup plus féminine. Voici quelques trucs de Lynn:

"J'ai graduellement haussé le ton de ma voix, pendant la transition, jusqu'à atteindre 180Hz. J'ai alors travaillé à faire en sorte qu'elle semble provenir d'une personne qui a du mal à respirer ou qui a beaucoup fumé, avec un son séduisant, comme celui de l'actrice June Allison ou de Lauren Bacall. J'ai aussi pris l'habitude, de temps en temps de vérifier cette fréquence fondamentale avec les notes fa (175 Hz) et sol (192 Hz) du piano, juste en dessous du do moyen afin de m'assurer que je restais en dessus des 180Hz. Je vous recommande de faire de même une fois que vous aurez réussi à hausser votre ton. 

Dans cet intervalle de fréquences, la voix peut passer soit comme féminine soit comme masculine, selon la manière dont vous l'utilisez. Douce et avec des intonations féminines, elle passera comme celle d'une femme, dure et monocorde elle passera pour masculine. Vous pouvez ainsi travailler à ajuster puis maintenir sa tonalité, même quand vous n'avez pas encore changé votre présentation. En faisant ce passage, vous pourrez alors la faire sonner comme une voix féminine.

Une fois que vous aurez commencé votre transition pour de bon, essayez de hausser encore la tonalité de votre voix vers le do de référence (262 Hz). Si vous y arrivez, vous allez vous retrouver dans une plage de fréquences qui n'est utilisée que par les femmes ce qui vous sera très utile.

Quoi que vous fassiez avec votre voix, un test clef de réussite et de voir comment réagissent des personnes qui ne vous ont jamais vue et qui entendent juste votre voix au téléphone). Si cela réussit à tous les coups, votre voix est Ok. Sinon, vous DEVEZ continuer à travailler!". (On notera cependant que nombre de femmes se font régulièrement appeler "monsieur" au téléphone, ce qui relativise l'importance de ce test, ndt).

Quand Lynn a fait sa transition il y a plusieurs décennies, les femmes transsexuelles étaient livrées à elles-mêmes pour ajuster leurs voix par essais successifs. Elles étaient jugées par le reflet parfois très crû reçus de la part d'inconnus qui leur disaient si elles y arrivaient ou non. Aujourd'hui, il y a d'excellents guides pour vous aider à ajuster votre voix. Les personnes en transition peuvent tirer un grand parti des recommandations et des exercices qui se trouvent sur le site Web TS Voice. Je recommande aussi fortement aux personnes en transition d'utiliser l'entraiment d'Andrea James et de Calpernia Addams qui a pour titre "Finding Your Female Voice" (disponible tant en VHS qu'en DVD). 

 

Finding Your Female Voice

L'outil capital qui vous permettra de féminiser votre voix

de tsroadmap.com

 
Votre hôtesse Andrea!
 
 
Suite au succès de cette vidéo, Andrea James et Calpernia Addams ont entrepris de produire un cours en deux DVDs (aussi disponible en VHS) qui a pour tire Becoming You: The Fast Track To Your Female Face.

Ce nouveau DVD pour les femmes transsexuelles couvre également le maquillage et la présentation, y compris des sujets comme la perte et la coupe des cheveux, l'habillement, les chaussures, les bijoux, les accessoires et la manière de faire face aux questions émotionnelles et sociales qui sont soulevées par la transition. Voici quelques propos d'Andrea et de Calpernia au sujet de leur nouveau DVD:

"La plupart des guides de maquillage disponibles dans la communauté TG sont faits pour des femmes qui s'habillent pour des occasions spéciales. C'est sympa, mais notre but est d'arriver à nous intégrer en tant que femme dans la vie de tous les jours. Ce cours vous est destiné, vous qui souhaitez faciliter votre transition afin de vous intégrer dans la société. Alors que le ton de cette vidéo est entraînant et fun, je sais qu'il ne s'agit pas que d'un jeu pour vous. Vous vous engagez de toutes vos forces dans une transition. Vous voulez être acceptée comme la femme que vous êtes, au travail, dans la société, et pas juste à la maison devant un miroir et dans des bars douteux".

C'est un cours tout à fait exceptionnel. Il couvre nombre de points essentiels qui sont difficiles à maîtriser par d'autres moyens, et il contient aussi de nombreuses remarques positives et d'encouragements au long du chemin. Je recommande vivement à toutes les personnes en transition de l'acheter et de l'étudier avec soin:
 
 
Becoming You:
The Fast Track To Your Female Face

An accelerated course in makeup and skin care
from Deep Stealth Productions
 
Votre hôtesse, Calpernia!
 

Real Life Experience (RLE):

Un moment essentiel dans le protocole de prise en charge est le moment ou la personne transsexuelle commence ce qui s'appelle usuellement le "real life experience " (ou "expérience de la vie réelle"(*)). On commence cette étape après avoir travaillé très dur pour apprendre à ajuster sa voix, sa présentation, son langage corporel, après avoir épilé son visage et après avoir été suffisamment longtemps en traitement hormonal pour être crédible en tant que femme.

(*) Il n'y a pas d'expression correspondante en français. De plus, an anglais, l'expression "real life experience" comporte une connotation fortement différente de celle employée précédemment, à savoir "real life test". Alors que cette dernière avait la connotation d'un examen dont le résultat était évalué par un psychiatre qui avait toute autorité pour décider de son succès ou de son échec, la nouvelle expression décrit un processus que la personne en transition évalue elle-même. Ndt.

C'est un moment où, avec l'aide de son conseiller elle change de genre social pour vivre à plein temps la vie d'une femme. Cette période dure en général une année. Elle doit la réussir pour pouvoir accéder à l'opération de réattribution de sexe. 

C'est aussi un moment où les capacités sociales, le savoir faire en matière d'habillement et de présentation sont perfectionnés. La personne peut aussi prendre confiance en elle et enfin commencer à développer une image positive d'elle-même. C'est encore un moment où nombre de questions délicates, en ce qui concerne la famille, les proches, le travail et les questions légales sont abordées (Ici les questions légales sont traitées après l'opération, ndt). C'est aussi un moment d'introspection durant lesquelles la personne doit prendre une décision irréversible d'entreprendre ou non l'opération de réattribution de sexe (assurez-vous de lire le paragraphe d'AVERTISSEMENT ci-dessous).  

 
Illustration extraite de la page de couverture du;
Supplément No 154 du Scandinavian Journal of Urology and Neprology, 1993

[Notez l'exigence démodée de devoir passer par la "psychiatrie" et de devoir demander une "permission"
avant de pouvoir entreprendre un traitement hormonal ou une transition (changement d'identité).
Malheureusement, c'est encore le cas dans de nombreux pays.]

Si un femme souhaite aller de l'avant et entreprendre son opération de réattribution de sexe après avoir passé avec succès une année d'expérience de la vie réelle en tant que femme, et si elle est en bonne santé physique et mentale, son conseiller va lui fournir les documents nécessaires afin qu'elle puisse bénéficier de son opération. Cependant, même après l'opération, il y a encore de nombreuses choses à achever afin que la transition soit complète et pour que la personne soit pleinement intégrée. 

Bien que ces procédures et ces pratiques de la communauté trans, dont l'année d'expérience de la vie réelle  (et qui sont destinées à s'assurer du succès des changements sociaux et des procédures médicales) soient éprouvées, la transition est un moment très difficile, parfois effrayant. Il faut faire face à de nombreux défis, en ce qui concerne la relation aux autres, la conservation de son emploi, la construction d'une image positive de soi, la capacité de faire face en public, de réagir au rejet de sa famille et à la stigmatisation sociale. Il y a toujours le risque d'un échec, quand quelqu'un perd son emploi, est bloqué dans le labyrinthe des procédures médicales et sociales, et peut parfois se retrouver complètement marginalisé et à a la rue (consultez, par exemple, " A Tragedy's Tragic End"). Les échecs durant la transition ont souvent des conséquences terribles, et la personne transsexuelle doit préparer et réaliser sa transition avec beaucoup de soin afin de les éviter.

D'un autre côté, des dizaines de milliers de femmes transsexuelles ont maintenant réussi leur transition et vivent pleinement leur vie de femme. Nombre de ces femmes ont une vie affective et amoureuse pleine. Nombre d'entre elles ont trouvé des relations de longue durée et sont mêmes mariées (on en trouve beaucoup dans la page de témoignages de transitions réussies). En fin de compte, pouvoir trouver un partenaire pour la vie (homme ou femme), avoir une relation amoureuse pleine et satisfaisante et pouvoir enfin habiter pleinement son corps, c'est la plus belle récompense pour toutes les souffrances, le coût et les sacrifices nécessaires pour réussir une transition.
 
 
Transition sur la place de travail et utilité d'une chirurgie de féminisation faciale pour limiter les risques de perte d'emploi:
 
Au fur et à mesure que l'acceptation des personnes transsexuelles progresse, de plus en plus d'entreprises ont édicté des règles de conduite pour permettre aux personnes en transition de conserver leur travail. Plusieurs entreprises parmi les plus puissantes (Fortune 500) ont maintenant (en plus des règles interdisant toute discrimination en fonction du sexe et/ou de l'orientation sexuelle) des règles qui protègent les personnes transsexuelles. C'est entre autre le cas de American Airlines, Apple, Avaya, Eastman Kodak, Lucent, Verizon et de Xerox. Un cas tout particulièrement remarquable est celui de Lucent qui a une politique très bien définie pour faciliter les transitions. Dans ces entreprises et dans de nombreuses autres, une femme transsexuelle n'a plus à avoir peur de perdre son job, et elle n'a plus non plus besoin de faire sa transition en coupant tous les ponts avec le passé. Elle peut conserver sa position. A ce sujet, vous pouvez lire l'article du Washington Post "More Transsexuals Start New Life, Keep Old Job".

Depuis peu, il arrive de plus en plus souvent que des femmes transsexuelles entreprennent une opération de féminisation de leur visage ("FFS") (Fr) juste AVANT de faire leur transition au travail. Cela leur permet de supprimer les trace de masculinisation de leur visage et cela facilite leur transition au travail. Leurs collègues ont beaucoup plus de facilité à les percevoir comme des femmes. La possibilité de pouvoir plus facilement conserver son travail et de faciliter la poursuite de sa carrière compense souvent le coût de ces interventions. Sally est un bon exemple de cette approche. Elle a fait sa transition au travail juste après une telle opération et a depuis beaucoup progressé dans son entreprise.

L'histoire de Sally est illustrée par les trois photos ci-dessous. Dans la première, à gauche, on la voit quand elle a encore l'apparence d'un homme (et un très bel homme dans son cas). La deuxième photo la montre après deux ans de traitement hormonal et d'épilation électrique. Nombre de femmes transsexuelles seraient déjà très heureuse d'avoir réussi à passer de la première à la deuxième de ces photos et se trouver très féminine ainsi, en accord avec leur conviction intérieure. 

Cependant, bien que ses caractéristiques faciales soient adoucies et assez féminines dans la deuxième photo, vous noterez que son apparence est encore imparfaite. L'arcades sourcilière proéminente, le menton important et le maxillaire largement évasé qui en faisaient un bel homme n'ont pas le même effet sur le visage d'une femme. La troisième photo la montre après avoir subi une opération de féminisation du visage auprès du chirurgien Doug Outershout, M.D. Nous voyons maintenant mieux ce qui faisait problème dans la seconde photo et pourquoi elle n'était pas aussi jolie que maintenant. La transformation due à cette opération, bien que subtile, est vraiment importante. Elle est maintenant une femme vraiment belle, même sans maquillage.  C'est vraiment une réussite. Tous les résultats ne seront pas aussi bons. Mais ils permettent souvent de changer la vie, en rendant la personne nettement plus crédible et en améliorant l'image qu'elle a d'elle-même.
 
Photos de Sally:

Avant la transition; après deux ans de traitement hormonal et d'épilation électrique,

après une opération de féminisation du visage ("FFS") chez le Dr. Outershout

 

 

 

Qu'est-ce qui se passe là? Qu'est-ce qui a permis à l'apparence de Sally de changer à ce point? La réponse se trouve dans les vues de PROFIL. Bien que nous ne nous voyions presque jamais de profil, c'est selon cet angle que les autres nous voient le plus souvent. C'est le profil de notre visage qui fait qu'un visage est perçu comme plus ou moins beau et comme plus ou moins féminin. Le plus souvent, c'est un profil typiquement masculin qui trahit les personnes transsexuelles et les empêche d'être féminines.

Les photos de profil de Sally qui figurent ci-dessous soulignent l'importance du changement dû à la chirurgie. Son apparence avant cette opération n'était pas totalement féminine, quand bien même elle avait l'air "OK" de face. Après l'opération l'arcade sourcilière protubérante a disparu et a été remplacée par un contour arrondi et féminin. Son nez a été sculpté et mieux intégré avec son front. La hauteur et l'angle de son menton ont été radicalement modifiés. La largeur et l'évasement de sa maxillaire ont été largement réduits. La limite de ses cheveux a été fortement ramenée vers l'avant:
 
 
Vues de profil avant et après l'opération FFS:

 

 
 
 
Sally a maintenant un visage dont les traits sont ceux qu'elle aurait dû avoir si elle avait traversé sa puberté en tant que fille, avec des oestrogènes et sans testostérone. Le résultat final est superbe et change sa vie, comme nous pouvons le voir dans la photo ci-dessous. Ces résultats indiquent aussi combien il est important que la société aide les femmes transsexuelles beaucoup plus tôt dans leur vie, afin de leur permettre d'éviter de vivre avec les conséquences d'un visage fortement masculinisé, ce qu'il est si coûteux et difficile de corriger par la suite.
 
Sally, maintenant une belle femme

 
 
Cela n'est pas surprenant que Sally ait pu bénéficier d'une transition sans problème à son travail. Comme vous pouvez l'imaginer, la possibilité de conserver un bon emploi et de continuer à progresser dans sa carrière a un impact immense sur la vie d'une personne en transition. Planifier soigneusement ce moment est donc vraiment essentiel pour réussir cette étape. Une acceptation chaleureuse au travail peut ensuite être suivie de nouvelles relations sociales tout aussi positives qui permettent à la personne de bien s'établir dans son nouveau rôle.
 

Facial Feminization Surgery with Dr. Ousterhout (38 min)

facial feminization surgery with dr ousterhout

Rejoignez Andrea James, experte en matière de transition et le fameux pionnier des opérations de féminisation du visage, le Dr. Douglas Ousterhout, pour une conversation illustrée au sujet des techniques qu'il applique au California Pacific Medical Center. C'est comme si vous y étiez!

Si vous envisagez une opération de féminisation du visage, que vous recherchez le meilleur chirurgien, ou si vous ssouhaitez juste vous informer au sujet de cette procédure, alors ce colloque est pour vous.

 

Ce qu'aucune opération ni aucun traitement ne peut corriger

 

Les cas et les photos ci-dessus montrent que des opérations de féminisation du visage peuvent avoir des conséquences spectaculaires au point de changer la vie de leurs bénéficiaires. Cependant il y des choses qui ne peuvent être corrigées. Par exemple, aucun traitement médical ne peut transformer une personne grande et aux épaules larges en une autre, petite et à la stature gracile.

 

Les femmes transsexuelles qui sont plus grandes et on des épaules nettement plus larges que la majorité des femmes doivent trouver le moyen de vivre avec, et même de mettre en valeur leur apparence physique. Etre à l'aise avec son corps est essentiel, non seulement pour réussir sa transition, mais aussi pour vivre pleinement sa vie au-delà de cette dernière.

 

Si ces grandes femmes regardent autour d'elles, elles vont trouver nombre d'autres femmes qui peuvent leur servir de modèle. Elles leur prouvent qu'une femme peut avoir une vie accomplie et heureuse quelle que soit sa taille. Trouver ces modèles autour de vous va vous montrer que le fait d'être grande, et aussi un peu athlétique, peut être un trait positif et même attirant pour d'autres, en particulier si elle fait l'effort de rester svelte et en bonne forme.

 

Il y a aussi une large palette de sites web et de magasins qui sont spécialisés dans l'habillement des grandes femmes et qui sont la pour les aider à se mettre en valeur. Elles peuvent ainsi apprécier le shopping  et la mode autant qu'elles le désirent. Elles ont l'opportunité de trouver des vêtements magnifiques de grande qualité, élégants, ou pratiques et sportifs, ou aussi plein de fantaisie et féminins qu'elles le désirent.

 

D'autre part, il y a de nombreux clubs destinés aux personnes de grande taille (homme et femmes) ou de groupes de célibataires ou ces mêmes femmes risquent bien de se trouver petites par rapport à certains hommes! Il y a aussi de nombreux partenaires qui apprécient de rencontrer une personne de grande taille, assurée, qui, par exemple, apprécie la vie au grand air et les activités sportives et aventureuses. En explorant ces pistes, une femme de grande taille peut trouver de nombreux amis, compagnons, et des partenaires amoureux et mener une vie pleine et heureuse.

 

En fin de compte, mener une vie heureuse et épanouie n'a rien à voir avec le fait de correspondre à des stéréotypes. Cela a à voir avec sa capacité à accueillir et à apprécier la femme que nous sommes, à vivre en suivant son cœur, à notre capacité à apporter de la chaleur et de la bienveillance dans nos relations avec les autres.

 

A quel âge est-ce que les femmes TS font leur transition? Qu'est-ce que cela leur coûte?
 
Traditionnellement, la plupart des femmes transsexuelles ont fait leur transition une fois adultes (après leur 18 ans). Cela est dû au manque de soutien de leurs parents et de la société pour pouvoir faire leur transition avant. L'ensemble des procédures de relation d'aide, de traitement hormonal, d'épilation électrique et de réattribution de sexe peuvent être très coûteuses (de 30'000 à 40'000 dollars) et sont très rarement prises en charge par les assurances aux Etats-Unis. L'opération de réattribution de sexe, à elle seule, coûte environ 20'000 dollars (labiaplastie incluse). Nombre de personnes doivent dépenser encore plus que cela pour des traitements annexes, comme les opérations de féminisation de leur visage (Fr)
 
 

Madeleine Williams - avant, pendant et après son opération de féminisation du visage par Douglas Ousterhout, M.D. 

Madeleine, maintenant une belle femme, a gardé sa place de travail durant sa transition dans une compagnie High Tech.

Elle a réalisé ce changement juste après son opération de féminisation du visage.

 
De fait, la plupart des femmes transsexuelles doivent attendre au moins d'avoir plus de 20 ans, voire la trentaine, pour pouvoir économiser assez d'argent ou pour en emprunter suffisamment pour pouvoir financer leur transition. Néanmoins, le coût par patient est faible, en comparaison des bénéfices, en particulier quand ils sont amortis sur une vie entière. Pour un amortissement entre $1000 et $3000 par année de vie adulte, la personnes transsexuelle peut se libérer de toute son angoisse, de toute sa souffrance et vivre une vie normale qui lui corresponde. (et elle peut mener une vie infiniment plus fructueuse et heureuse, ndt).

Lynn a compilé une page web qui liste des photos et des liens vers les histoires de nombreuses femmes opérées. Cela fournit une preuve manifeste des succès qu'elles ont obtenus. Sur ces pages, vous verrez une large palette de femmes qui ont fait leur transition à tous les âges. En lisant leurs histoires, vous comprendrez mieux ce que cela implique de réussir sa transition et en quoi l'âge est un facteur important. Voici juste quelques exemples extraits de cette page

 
Examples of successful women who transitioned in their late 20's or early 30's:
 
Christine McGinn
Emily Hobbie
  
Antonia San Juan (Espagne)
 
 
 
Exemples de femmes ayant réussi leur transition, entreprise entre 40 et 50 ans:
 
Frances Bennett
Trish McCurdy
 
 
Nombre de femmes essayent maintenant de réaliser leur transition avant la trentaine, chaque fois qu'elles le peuvent. C'est en particulier le cas de celles qui ont les sentiments les plus intenses et qui sont parfaitement au clair avec l'absolue nécessité de faire cette transition (et qui n'ont pas été trop écrasées par leur famille, ndt). Certaines femmes ont besoin de plus de temps, en particulier sur leur situation familiale ou des problèmes financiers interfèrent avec leurs plans.

Cependant les très grandes difficultés, les risques et la peur d'oser se lancer dans la transition retient de nombreuses personnes pendant des années, quand bien mêmes elles pourraient financer leur transition. C'est en particulier le cas des personnes qui ont passé la quarantaine et dont les corps été tellement transformé (par la testostérone) qu'elles craignent de ne jamais pouvoir être crédibles en tant que femmes. Nombre d'entre elles perdent tout espoir et se suicident. Une spirale descendante vers la dépression, l'abus de substance puis le suicide est malheureusement une issue probable et fréquente pour les nombreux cas de transsexualité qui ne sont pas prise en charge. C'est très probablement l'explication de nombreux suicides qui, sans cela, restent inexplicables. 

Au fur et à mesure que la stigmatisation de la transsexualité s'est amoindrie avec les années, un nombre croissant de personnes transsexuelles qui avaient très longtemps réprimé leur réalité ont décidé de se lancer dans la transition avant qu'il ne soit trop tard. Dans le passé récent nous avons commencé à voir émerger un groupe de "transitions tardives". En entreprenant leur transition dans leur quarantaine, leur cinquantaine ou même plus tard, ces femmes doivent faire face à des obstacles encore plus nombreux que les personnes qui l'entreprennent plus tôt. Elles auront aussi moins de temps pour en goûter les récompenses même si elles réussissent. [Note: nous pensons que cette arrivée de "transitions tardives" est temporaire, car avec chaque année, une proportion toujours plus grande de transsexuelles arrivent à réussir leur transition  beaucoup plus tôt].  

Une transition tardive peut être encore plus difficile car nombre de personnes ne peuvent pas recommencer tout à zéro en faisant table rase de leur passé. Elles ont tout simplement trop d'engagements familiaux, financiers et professionnels pour pouvoir s'en débarrasser et repartir de zéro. Nombre d'entre elles ont aussi des difficultés à être crédibles physiquement en tant que femme, en raison des effets à long terme de la testostérone sur leur corps. Elles restent facilement identifiables comme des transsexuelles à moins d'entreprendre un grand nombre de traitements reconstructifs douloureux et coûteux. Il leur faut aussi travailler encore plus dur à se défaire des comportements masculins auxquels elles ont dû se conformer si longtemps. Tout cela fait qu'il est particulièrement difficile pour elles de s'intégrer complètement en tant que femmes dans la société. Un essai écrit par Stephen Ghunter, intitulé "My transsexual father" donne une bonne idée de ces difficultés.

 

Nombre de personnes qui font leur transition tardivement l'entreprennent après des années de mariage. Elles doivent non seulement faire le deuil de toutes ces décennies passées dans le mauvais corps, mais elles doivent aussi avoir conscience que leur mariage a de fortes chances de se briser. Si elles ont des enfants, elles doivent aussi faire face aux conflits autour de la garde ce ces derniers et des droits de visites qui ont de bonnes chances de se produire. Nombre d'entre elles risque de perdre tout accès à ces derniers.

 

Trouver un nouveau partenaire, quel que soit son sexe risque aussi d'être difficile pour ces personnes. Elles doivent faire face à leur difficulté à "passer" et à leur manque d'expérience en tant que femme. Il y a un risque non négligeable pour elles de ne pas arriver à trouver de nouveau partenaire et elles doivent en être très conscientes.

 

Celles qui sont attirées par des femmes peuvent craindre le rejet de la part de femmes homosexuelles du même âge qu'elles. Nombre d'entre elles ont fortement rejeté les femmes transsexuelles par le passé, et ceci peut les entraver fortement dans la recherche d'une relation. Celles qui sont hétérosexuelles (en fait, dans tous les cas, ndt) n'auront jamais la chance de vivre des amours de jeunesse, en tant que jeune femme avec un jeune homme, ce qui peut être une cause de grands regrets. De plus, ces personnes ont souvent une très grande crainte à la perspective d'entrer en relation avec des hommes, en raison de leur crainte de la violence transphobe de ces derniers.

 

Quelle que soit leur orientation sexuelle, ces personnes auront beaucoup plus de chances de surmonter leurs craintes et de trouver un partenaire si elles recherchent des relations amoureuses basées sur un partage émotionnel profond, sur l'intimité au lieu de se focaliser uniquement sur des relations sexuelles (ce que les jeunes font souvent). De tels partenaires existent et leur propre quête pour trouver un partenaire de vie peut être tout aussi longue, incertaine et douloureuse que celles des femmes transsexuelles. Cependant, une femme aura beaucoup plus mal à trouver l'amour si elle n'a pas réussi à trouver en elle assez de paix, de joie et d'estime d'elle-même pour pouvoir s'engager pleinement dans une relation amoureuse.

 

En dépit de ces nombreux handicaps, nombre de personnes transsexuelles plus âgées décident finalement d'entreprendre leur transition, et certaines d'entre elles sont capables de la réussir pleinement. Plusieurs des femmes qui figurent dans les pages de témoignages de Lynn ont réussi leur transition entreprise durant la cinquantaine, et se sont bien intégrées par la suite. Elles comprennent, entre autres, Deidre McCloskey, Leandra Vicci et Jamie Kaufman.

 
 
Exemples de femmes ayant réussi leur transition dans la cinquantaine:
Deirdre McCloskey, Ph.D. 
Leandra Vicci
 Jamie Kaufman
 
 
Bien que la plupart des personnes qui entreprennent leur transition tardivement soient bien mieux après cette dernière qu'avant, certaines ne le sont pas. Elles ont des attentes complètement irréalistes, des difficultés à s'évaluer correctement et à progresser efficacement. Elles peuvent aussi avoir de grandes difficultés à se dégager de leurs mariages, de leurs familles, de leurs carrières et de leurs responsabilités (quand ces dernières les entravent dans leur transition, ndt). De ce fait, elles peuvent avoir la sensation de tout perdre, tout en gagnant peu de leur nouvelle vie de femme. D'autres, en particulier les travestis intensifs et à long terme, qui ne s'identifient pas comme des femmes, peuvent avoir entrepris une transition pour des mauvaises raisons. Ceci peut  les confrontrer à des difficultés d'adaptation encore plus grandes après la transition (cf. le paragraphe d'AVERTISSEMENT ci-dessous).

Comme les circonstances forcent nombre de personnes entreprenant leur transition tardivement à être "out", des personnes d'âge mûr et qui ont parfois beaucoup de peine à passer sont largement utilisées par les médias comme image du "transsexualisme moderne". Le grand nombre de personnes qui peuvent entreprendre leur transition de manière précoce ou jusque dans la trentaine, ayant discrètement réussi leur transition, ayant gardé leur passé pour elle, et étant bien intégrées en tant que femmes sont tout simplement "invisibles" pour les médias, pour le public et souvent même pour les autres personnes en transition. (De plus, nombre de ces personnes n'ont aucune envie de voir leur image utilisée par les médias, pour des buts qui n'ont parfois que peu à voir avec le souci d'une information sérieuse, humaine et de qualité, ndt)

Nombre de groupes de soutien transgenres sont fréquentés en majorité par des personnes qui pratiquent intensivement le travestissement, qui entreprennent une transition transgenre sur le tard, alors même qu'elles sont loin d'être sûres de leurs chances de succès (mais qui l'est, ndt). L'image tout sauf enthousiasmante que peuvent parfois produire ces personnes qui s'attardent dans ces groupes bien des années après leur transition peut être effrayante pour des jeunes femmes en transition qui risque d'avoir très peur de "finir comme cela".

 

De telles craintes sont normalement infondées. En cherchant de l'aide et en entreprenant les bonnes démarches à un âge bien plus précoce, la plupart des jeunes femmes transsexuelles pourront réussir leur transition, vivre pleinement leur vie de femmes et s'intégrer complètement dans la société.

 

Notez qu'il est important pour les personnes qui entreprennent leur transition à un âge précoce de trouver des groupes de soutien où leurs propres préoccupations ont une place importante et où les personnes qui entreprennent une transition aussi précocement qu'elles sont largement représentées. Après tout, elles sont à un âge où leurs soucis sont profondément différents de ceux des personnes qui entreprennent une transition à l'âge mûr. Elles cherchent leur place dans la vie, elles découvrent les relations amoureuses, elles sont en train de devenir autonomes et de prendre leur distance d'avec leur famille, etc.

 

Il est aussi essentiel qu'elles trouvent un groupe où, quelle que soit leur orientation sexuelle, l'intensité de leurs désirs, de leurs sensations, de leurs attirances de jeunes femmes ne soit pas seulement accueillie et respectée, mais complètement validé. Elles doivent savoir qu'elles ont toutes les chances de vivre une vie pleine, sur le plan émotionnel, physique et affectif, comme n'importe quelle autre femme. Elles ont besoin d'être rassurées quant au fait que leurs sensations physiques et leurs désirs d'amour passionné sont tout à fait "naturels et OK", et que, après leur transition, elles pourront vivre une vie pleine – y compris pour ce qui est de la possibilité d'avoir des partenaires et de se marier, comme pour n'importe quelle autre femme, pour autant que ce soit à cela qu'elles aspirent.

 

Pour toutes ces raisons, il est important que les adolescentes et leur famille soient conscientes qu'une transition précoce peut leur permettre de vivre presque toute leur vie dans un corps et un genre approprié, et qu'elles doivent tout faire pour ne pas gaspiller cette chance.

 

IDans la prochaine section, nous aborderons les options et les méthodes qui permettent de faire une transition précoce (durant l'adolescence).  (Examinez également la page d'Andrea James intitulée Transitioning Early in Life).

 

 

 
 
 
  Suite au prochain chapitre:
Partie IIa: Transsexualisme (suite) (Fr)
 
 
 
 
 
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