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Information TG/TS/IS De Base

Par Lynn Conway
http://www.lynnconway.com/
Copyright @ 2000-2005, Lynn Conway.
Tous droits réservés
 
Traduit par Marie-Noëlle

Révisé par Karine Espineira et Nathalie

 
Partie IIa:
Transsexualisme (Suite)

 

 

Partie I: Bases en matière d'identité de genre & identités transgenres (Fr)

Partie II: Transsexualisme (MtF) (Fr)

Part IIa: (TS continued)

Partie III: Vivre sa vie de femme après la transition TS 
 
 

 
 
Part IIa - Contents:
 
 
 Faire sa transition tôt dans la vie
 Le plus grand obstacle à la transition: le défi de faire face à sa peur
 La peur est souvent encore accrue par l'activisme GBLT qui dépeint toutes les TG et TS comme des "victimes"
 AVERTISSEMENT: assurez-vous d'être consciente des risques associés à une transition et des facteurs qui affectent les chances de succès
 S'informer sur l'état de l'art, mesurer les risques, prendre des décisions et agir durant la transition
 Comment est-ce que la famille, les amis, les enseignants et les collègues peuvent aider une femme transsexuelle en transition?
 Avec de meilleures connaissances, comment est-ce que le transsexualisme pourrait être pris en charge?
 Histoires de réussites: sites de femmes opérées ayant réussi leur transition.
 
 
 

 
Faire sa transition tôt dans la vie:
 
Dans le dernier chapitre, nous avons présenté les problèmes auxquels font face les personnes qui font leur transition plus ou moins tard dans la vie. Par chance, il y a un nombre croissant d'opportunités pour des femmes transsexuelles de la faire beaucoup plus tôt. Les difficultés évidentes et très visibles de celles qui entreprennent tard ce changement devrait être un signal d'avertissement clair pour les jeunes femmes, qui devraient chercher à obtenir de l'aide et à s'informer de toutes les options à leur disposition aussi jeunes que possible (consultez la page d'Annie Richards sur la prise en charge des jeunes femmes transsexuelles ainsi que celle d'Andrea James sur la transition précoce).
 
Les effets merveilleux de pouvoir faire sa transition à 20 ans ou même plus tôt son illustrés par de nombreuses pages web qui les documentent. Quand ces photos furent ajoutées, "Katie" était une jeune femme transsexuelle au milieu de la vingtaine qui avait récemment entrepris une opération de féminisation de son visage, avait commencé sa transition au travail et était en plein "real life test". Elle a depuis terminé sa transition et vit pleinement sa vie tant sur le plan personnel que professionnel. Son histoire et son site donne beaucoup d'espoir aux autres jeunes femmes transsexuelles. Voici un résumé photographique de la transition de Katie:
 
 
 
 
 

Il y a un nombre croissant d'adolescentes transsexuelles qui sont maintenant en mesure d'obtenir le soutien de leur famille. Nombre d'entre elles font leur transition durant leurs études universitaires, et certaines ont même la chance de la faire avant, avec l'approbation de leurs parents.

Ces transitions précoces fournissent de très grands avantages aux jeunes femmes transsexuelles, car elles peuvent éviter les dommages irréversibles que les hormones masculines infligent à la leur structure osseuse et à leur visage. La toute dernière édition du standard de HBIGDA, la version 6, soutient maintenant de telles transitions dans le cas de transsexualisme intense.

En entreprenant un traitement aux anti-androgènes et aux œstrogènes durant leur adolescence, la puberté de ces jeunes femmes peut être réorientée vers celle d'une femme. L'opération de réattribution de sexe peut ensuite être réalisée à l'âge de 18 ans. Ces jeunes femmes peuvent alors commencer leur vie sentimentale presque au même moment que les autres et partager toutes les expériences que vivent les jeunes femmes de cet âge. Vous trouverez un exemple qui fait chaud au cœur dans le livre "Maman, J'ai Besoin D'Etre Une Fille" par "Just Evelyn", Walter Trook  Publ., 1998 (maintenant disponible sur Internet, ndt). Consultez aussi l'article de salon.com intitulé " Teen transsexuals: When do children have a right to decide their gender?"".  

 
La Hollande – A l'avant garde de la prise en charge précoce des adolescent/es transsexuel/les:
 
La Hollande est à l'avant garde pour fournir une prise en charge précoce des cas de trouble de l'identité les plus intenses chez les enfants et les adolescents. Le Dr Peggy Cohen-Kettenis (professeur en psychologie clinique et en psychothérapie à la faculté de médecine de l'université Vrije) est l'une des plus grande promotrices d'une prise en charge humaine des enfants et des adolescents qui souffrent intensément de l'incongruité de leur corps. Elle a développé de nouveaux protocoles pour les prendre en charge dans le cadre d'un grand projet de recherche qui a duré plusieurs années. Pour plus d'informations au sujet des travaux du Dr Cohen Kettenis, consultez les liens suivants:  Nieuwsbrief april 2000, Biosketch. Dans des cas comme celui de Nicole, en Hollande, des traitements hormonaux réversibles peuvent se commencer très tôt, de manière à retarder la puberté, et un traitement hormonal plus complet peut commencer à 16 ans. Si touts les indicateurs sont positifs, alors l'opération peut avoir lieu à 18 ans. 

Ci-dessous, vous trouverez un lien vers un article hollandais qui traite d'une adolescente en transition appelée Nicole. Il illustre ce que la transition peut être quand la société est plus compréhensive et empathique. Nicole est maintenant dans le programme de traitement du Dr Cohen Kettenis:

 

 

Nicole, âgée de 13 ans (son histoire en Flamand)

Une jeune et jolie adolescente transsexuelle actuellement

en transition avec le soutien inconditionnel

de sa famille et du système médical.

 
 
Au moment où Nicole aura 18 ans, sa réattribution de sexe sera terminée et elle pourra vivre une vie de femme tout à fait normale. Elle pourra s'intégrer socialement au même moment que les autres jeunes femmes. Toute la relation d'aide et les traitements médicaux sont pris en charge par la sécurité sociale hollandaise. Le grand nombre de succès du protocole du Dr Cohen-Kettnis est de  plus en plus connu en occident. Nous espérons que de plus en plus de thérapeutes vont y prêter attention et commencer à importer ce protocole dans d'autres pays.

Consultez les liens ci-dessous pour plus d'informations au sujet de l'histoire de Nicole et pour des traductions d'autres histoires de transition de jeunes adolescentes. L'essentiel de ces informations proviennent du site hollandais  d'information sur la dysphorie de genre " Landelijke Kontaktgroep T&T (LKG T&T)"    . Ces histoires ont été traduites en anglais par Barbara Blake, elle-même mère d'une adolescente transsexuelle: 

 
 
 NEILS EST DEVENU NICOLE:
"Maintenant, je peux enfin être qui je suis vraiment"
 
Le discours de Nicole à sa classe
 
Mauvais corps ... Elles ont ce handicap
 
 

Photos d'enfants transsexuels hollandais

dans l'article " Mauvais corps " du magazine "Volkskrant",

par Ellen de Visser, 13 septembre 2003:


Jasmijn, 9 ans
Manon, 10 ans
Kristel, 11 ans 
Willem, 12 ans
Valentin, 13  ans
Jamie, 14 ans
 
 

L'Allemagne crée un précédent:

Dans un jugement qui fera date en Allemagne, une jeune adolescente transsexuelle de 14 ans appelée Johanna a été autorisée à entreprendre un traitement hormonal afin de commencer sa transition en tant que fille. Avec le soutien total de sa mère Anke, Johanna a été élevée en tant que fille depuis sa petite enfance. Anke et Johanna ont maintenant convaincu un comité d'éthique allemand d'autoriser une transition précoce pour Johanna et elles sont maintenant en train de tout faire pour éviter qu'elle ne soit masculinisée par la testostérone. Le merveilleux récit d'Anke au sujet de la vie de Johanna, "Le courageux Choix de ma fille" a été publié en anglais dans le numéro du 14 juin 2004 du magazine britannique Woman's Own.

 

          

As Johannes, age 3                now as Johanna, age 14

 

My Daughter’s Brave Choice (English)La valiente decisión de mi hija (Español),

Le courageux Choix de ma fille (Français),  Die mutige Entscheidung meiner Tochter (Deutsch),

La scelta coraggiosa di mia figlia (Italiano) A lányom bátor választása (Magyar),

Wybór mojej córki (Polski)Смелое решение моей дочери (Russian)
 

 

La situation dans d'autres pays:

Dans la plupart des autres "pays avancés", la situation concernant les diagnostics et les traitements précoces est, au mieux, mitigée. Les mêmes services peuvent parfois être utilisés par les parents qui apprennent leur existence et qui sont assez clairvoyants et courageux pour aider leur enfant de la sorte. Mais la plupart des familles ne seront même pas au courant de leur existence, ou même si elles le sont, ne comprendront pas la gravité des conséquences de forcer une adolescente à grandir dans le mauvais genre et le mauvais corps et de devoir faire face à des corrections bien plus difficiles par la suite – en tant qu'adultes.

De ce fait, un très grand nombre d'adolescentes transsexuelles sont confrontées avec le choix terrifiant de faire part ou nom de leur condition à leurs parents. Vont-elles trouver de l'aide pour leur transition? Ou vont-elles être sommairement jetées à la rue? Elles n'ont le plus souvent aucun moyen de deviner  la réponse à cette question de vie ou de mort. Il est encore bien trop fréquent de voir des familles rejeter totalement et même excommunier des adolescentes TS qui révèlent leur condition et viennent demander de l'aide. Encore plus souvent que pour des enfants gay, les enfants TS/TG sont tout simplement jetés à la rue par leurs parents: expulsés de leurs maisons, elles sont condamnées à tenter une transition sans le moindre soutien, ce qui a le plus souvent pour résultat une vie de personne marginalisée, de prostituées des rues, comme nous l'avons évoqué précédemment.

Même quand les parents sont prêt à aider leur enfant qui a été diagnostiqué comme "souffrant d'un trouble de l'identité de genre" (GID), expression parfois utilisée pour désigner les personnes transgenres et/ou transsexuelles, il peut arriver que l'état intervienne et agisse pour EMPECHER une prise en charge appropriée. Par exemple dans un cas récent, en Ohio, l'état a enlevé la garde d'une fille transgenre/transsexuelle de six ans à ses parents qui l'avaient envoyée à l'école habillée en fille. Cet enfant avait été diagnostiqué comme étant atteint d'un tel trouble et s'identifie clairement comme une fille depuis l'âge de deux ans. Les travailleurs sociaux ont prétendu que l'enfant pouvait être "guéri" de son comportement et ne devait pas être "encouragé" par ses parents.

Dans d'autres cas, l'enfant peut être chassé de l'école pour "travestissement". Les étudiants TG/TS peuvent faire face à une forte hostilité de la part des professeurs et des administrateurs qui manquent de toute compréhension en ce qui concerne l'identité sexuelle et qui sont incapables de comprendre que notre identité sexuelle (quelle qu'elle soit) est l'une des caractéristiques les plus fondamentales et les plus inamovibles de qui nous sommes en tant que personne. Par chance, un cas récent à Brockton, MA, a établi un important précédent: Une école de Brockton avait justifié l'exclusion d'une élève TG/TS en raison du malaise des autres élèves. La court d'appel a rejeté l'argument, affirmant que d'interdire à "Pat" de porter des vêtements de fille "signifiait étouffer l'identité de la plaignante sous le simple prétexte que cela causait un peu de dérangement à quelques membres de la communauté".

Nombre de parents bien intentionnés amènent leur enfant "qui veut changer de sexe" chez un psychiatre traditionnel. Malheureusement, le trouble de l'identité de genre est encore considéré comme une maladie mentale par nombre d'entre eux (qui se raccrochent toujours aux théories pourtant discréditées de John Money). De tels psychiatres croient qu'ils peuvent "guérir des enfants de ce trouble" et leur "traitement" impliquent des thérapies d'aversion (*) et application stricte  (et autoritaire, ndt) des stéréotypes en matière de genre. Les enfants TG/TS souffrent effroyablement de tels traitements qui ont pour seul effet de retarder le transition – souvent jusque dans l'âge mûr – ce qui les privent de pouvoir vivre les plus belles années de leur vie dans leur vrai genre. Ces traitements cruels qui ne reposent sur aucune base scientifique (mais sur les préjugés homophobes et transphobes de nombreux psychiatres, ndt) qui sont imposés à de nombreux enfants TG/TS innocents sont l'équivalent psychologique des opérations arbitraires imposées aux enfants intersexués. De tels traitements ne peuvent qu'échouer et ils seront, espérons-le, discrédités avec le temps.

(* En d'autres termes, de la torture, ndt. Cf.: http://www.glbtq.com/social-sciences/aversion_therapy.html)

Mais il y a aussi de bonnes nouvelles. Des développements récents, en particulier l'accès bien plus facile aux traitements hormonaux (commandés sur des sites web à l'étranger (*))et la création d'excellentes cliniques pratiquant des opérations de réattribution de sexe en Thaïlande, où ces opérations coûtent $6000 (à peu près les mêmes montants en Euros, vu les taux de changes actuels, ndt), (référez vous à l'article du 6 mai 2001 du New York Times). Ces facilités font qu'il est beaucoup plus facile de réaliser sa transition à la fin de son adolescence, ou au début de sa vie d'adulte. Nombre de jeunes femmes transsexuelles peuvent ainsi prendre en main leur sort, commencer un traitement hormonal par elles-mêmes (**), puis réaliser une transition sociale quand elles sont assez androgynes – et continuer ainsi jusqu'au moment où elles ont économisé assez d'argent pour financer elles-mêmes leur opération. Les chirurgiens thaïlandais n'exigent pas de leur patientes qu'elles respectent intégralement le protocole HBIGDA. Ceci réduit notablement la charge financière qu'il impose aux personnes (en particulier l'obligation de consulter deux conseillers ou deux psychiatres pendant plusieurs années dans le seul but d'obtenir leur "lettre d'approbation pour l'opération de réattribution de sexe" qui est exigée ici aux États-Unis. 

(* Les personnes qui font des commandes de médicament par Internet doivent faire très attention à ce qu'elles font. Contrairement à un achat dans une pharmacie, elles n'ont aucune garantie de qualité quant aux produits qu'elles acquièrent. De plus, certains états interdisent cette pratique. Mais il est aussi vrai qu'il existe d'excellents distributeurs de médicaments sur le Web, ndt).

(** Un traitement hormonal est quelque chose de potentiellement très dangereux, qui, dans certaines circonstances peut avoir des conséquences très graves, parfois mortelles. Il est essentiel de recourir à l'assistance d'un endocrinologue pour un tel traitement. Les personnes qui néanmoins choisissent de pratiquer un traitement par automédication doivent absolument trouver un médecin acceptant de suivre leur taux d'hormones dans le sang et de les prévenir en cas de danger, ndt.)
 
[Note: il est important de savoir que la Thaïlande a une longue tradition de prise en compte des personnes transgenres et transsexuelles, qui y sont connues sous le nom de 'katoey'. Elles peuvent s'habiller et vivre ouvertement en femmes. Bien qu'elles subissent une certaine discrimination, elles ne doivent cependant pas vivre une vie de peur et d'exclusion comme dans nombre d'autres pays. De ce fait, le nombre de femmes transgenres/transsexuelles visibles publiquement en Thaïlande est considérablement plus important qu'en occident où ces personnes doivent passer (et être en fait invisibles) en tant que femme ou alors rester complètement cachées et exclues de la société.]   

Il existe une alternative encore meilleur marché. Les femmes transsexuelles peuvent également pratiquer à l'avance une orchiectomie (castration), qui ne coûte que $1000 à $2000 et qui n'exige pas les "lettres d'autorisation" d'une opération de réattribution de sexe (*) (Référez-vous à la page de Lynn pour les liens vers les cliniques qui pratiquent cette opération). Après la castration, le corps d'une femme transsexuelle ne va plus être défiguré par la testostérone et les effets féminisants des œstrogènes seront nettement plus forts (en particulier pour les femmes les plus jeunes). Cette approche peut permettre à des jeunes femmes transsexuelles de commencer leur transition et de "passer" rapidement tout en gagnant le temps nécessaire à économiser l'argent nécessaire à l'opération de réattribution de sexe sans que ce temps soit trop insupportable.

((*) Dans certains pays dont la France, la castration est interdite par la loi. Cette interdiction qui, dans le cas de la France, date du début du 19ème siècle, et qui n'a toujours pas été levée, rend très difficile la prise en charge correcte des opérations de réattribution de sexe par les chirurgiens français, ndt)

Le site de l'actrice espagnole Carla Antonelli contient une page de photos de femmes TG/TS très séduisantes. Cette page illustre les effets obtenus par une prise en charge précoce. La morale de cette histoire est simple: si une adolescente TS sait clairement qu'elle est une femme, alors il n'y a pas une minute à gaspiller. Elle doit agir afin de stopper toute masculinisation de son corps et commencer à le féminiser aussi tôt que possible - au milieu de son adolescence si c'est possible.

Au fur et à mesure que notre société commence à mieux comprendre et à mieux accepter que la transition est le traitement adapté à la transsexualité, de plus en plus de transsexuel/les pourront effectuer une transition précoce. En la réalisant tôt dans leur vie, si possible durant leur adolescence, ils vont éviter de devoir grandir dans le mauvais corps et ils pourront mener presque toute leur vie dans le corps et le genre qui est le leur. (Consultez l'article britannique du Sunday Express au sujet des enfants qui veulent changer de sexe et qui est intitulé "je ne serai jamais un homme, maman, quand je serai grande, je serai une femme"). 

Regardez le bonheur dans le regard de Deborah Davis, la belle jeune femme australienne des photos ci-dessous. A l'âge de 17 ans, elle est devenue la plus jeune adolescente australienne transsexuelle ayant bénéficié d'une opération de réattribution de sexe. Son histoire courageuse a été décrite en 1998 dans le magazine Woman's Day. Essayez d'imaginer la joie qu'elle a ressentie quand elle a pu enfin être libérée de la prison dans laquelle elle se trouvait enfermée. Et essayez d'imaginer ce qu'elle aurait du subir si elle avait grandi dans un environnement moins respectueux de son identité.

 

 

Photos de Deborah Davis, copyright Australian Woman's Day, 1998.

 

 
Après avoir examiné ces photos, s'il vous plaît, demandez-vous: que feriez-vous si votre propre enfant était transsexuelle? Est-ce que vous la traîneriez chez un psychiatre qui tenterait de la "guérir" de sa "déviance" par le biais de "conditionnement" ou d'une "thérapie d'aversion"? Est-ce que vous feriez tout ce qui est en votre pouvoir pour essayer de l'empêcher de faire sa transition jusqu'à un âge avancé, et en la condamnant ainsi à voir son corps horriblement défiguré par la testostérone? Est-ce que vous la jetteriez à la rue, comme nombre d'autres parents d'enfants transsexuels? Ou bien, en tant que parent aimant (et respectueux de votre enfant, ndt) est ce que vous pourriez visualiser la fille terrifiée dans ce corps de garçon? Est-ce que vous l'aimeriez assez pour l'aider à échapper à ce piège afin qu'elle puisse enfin mener une vie normale et pleine, comme c'est le cas de Deborah?

Pour les jeunes femmes transsexuelles qui n'arrivent pas à obtenir le soutien de leurs parents, il y a encore de nombreuses solutions pour réaliser une transition aussi rapide que possible. Bien sûr, certaines d'entre elles sont si fortement poussées à entreprendre cette dernière qu'elles finissent par s'enfuir dans les grandes villes et se retrouvent seules à la rue. D'autres s'efforcent d'attendre patiemment qu'elles aient fini leurs études secondaires et qu'elles puissent se retrouver sans leur parents, soit en travaillant pour faire de l'argent soit en commençant des études. Dans les deux cas, elles peuvent commencer leur transition.

Les adolescentes qui s'enfuient dans les grandes villes comme New York, San Francisco, ou Los Angeles peuvent trouver de l'aide. Elles peuvent habituellement trouver d'autres adolescentes dans la même situation et ainsi avoir un minimum de réseau social. Certaines grandes villes comme San Francisco ont également des établissements gratuits où les adolescentes TG/TS peuvent obtenir de l'aide au sujet de leur transition, commencer leur traitement hormonal et trouver des petits emplois dans leur nouveau genre. Cependant, comme nous l'avons vu dans la première partie, nombre de ces enfants finissent dans la prostitution, avec tous les risques et les dangers liés à la dépendance aux drogues, au SIDA, au fait qu'elles sont utilisées comme des objets sexuels et contraintes à la violence transphobe.

Les enfants qui peuvent mettre en suspend leur transition et attendre de devenir diplômé de l'école secondaire ont de bien meilleures chances d'y arriver. Nombre d'entre eux commencent leur transition en secret alors qu'ils sont encore à l'école secondaire, en apprenant tout ce qu'ils peuvent sur le web et en commençant à planifier cette démarche vitale. Certains trouvent même le moyen, sans que personne ne le sache, de commencer à prendre un traitement aux œstrogènes et aux anti-androgènes alors qu'ils sont encore à l'école secondaire, ce qui peut largement améliorer leur perspectives pour l'avenir.
 
 
La scolarisation, un atout essentiel pour une transition plus précoce, plus facile et plus réussie.:
 
Quoi que ces adolescents fassent, Lynn recommande fortement aux adolescents TS d'étudier aussi assidûment que possible à l'école secondaire, d'obtenir les meilleures notes possibles et de continuer leurs études dans la meilleure institution possible. Commencer alors sa transition devient nettement plus facile. C'est en particulier bien plus facile de faire cette transition durant ses études que de vivre de petits boulots et d'essayer de faire sa transition en même temps. 

A l'école secondaire, les étudiants sont très anonymes. Ils le sont encore plus par la suite. Cet anonymat est encore renforcé quand leur lieu d'étude est loin de leur famille. Les camarades de classe d'une étudiante TS seront nettement plus mûres, moins cancanières et vont insister beaucoup moins sur le respect de stéréotypes de groupes que leurs camarades plus jeunes. L'atmosphère dans nombre d'écoles et d'universités modernes est bien plus accueillante et tolérante de la  diversité que par le passé. Très peu des camarades d'une jeune transsexuelle seront transphobes, tant qu'elle va dans une institution moderne et libérale, plutôt que dans une institution religieuse, ou ultraconservatrice comme il en existe au sud des États-Unis. De plus, dans la plupart des villes universitaires, elles vont trouver des lieux ou faire du shopping, se distraire et faire des connaissances dans des conditions relativement sûres, même quand elles sont en pleine transition. 

Si c'est possible, les adolescentes qui souhaitent poursuivre leurs études et qui n'ont pas le soutien de leurs parents pour leur transition, devraient essayer d'obtenir une bourse pour une université d'état. De cette manière, elles seront nettement moins dépendantes de leurs parents sur le plan financier. Cela augmentera également leur chance de finir leurs études si leurs parents apprennent leur transsexualité et exercent des pressions pour les empêcher d'achever leur transition. En complétant leurs revenus par des temps partiels, elles pourront gagner l'argent nécessaire à financer leur traitement hormonal, leur épilation et avancer suffisamment dans la féminisation de leurs corps pour faire une transition sociale dans leur école. Elles peuvent alors changer leur identité durant l'été, par exemple entre le premier et le second cycle, ou entre  leur premier diplôme et leur année d'études graduées (maîtrise ou doctorat). A l'automne, elles peuvent alors revenir étudier sans que leur changement ne pose de question à qui que ce soit – en particulier dans l'environnement anonyme des grandes universités publiques. Elles peuvent alors obtenir leurs diplômes les plus importants avec leur nouveau nom. Leur recherche d'un premier emploi en est grandement facilitée. Elles n'ont en effet pas à révéler leur statut à qui que ce soit. 

Cela ne veut cependant pas dire que de faire sa transition à cette période de la vie soit facile. Cela peut être un moment tout à fait effrayant. Peu d'institutions scolaires ont une procédure ou un point de contact pour venir en aide aux personnes en transition. Même des choses aussi simples que de faire mettre à jour sa carte de légitimation et ses données administratives peut se révéler une tâche immense. La jeune femme va devoir se munir d'une bonne dose de patience pour pouvoir visiter les différents bureaux administratifs et annoncer son changement d'identité. Si elle passe bien et si elle procède calmement et sans trop montrer sa peur et ses émotions, nombre d'écoles vont simplement enregistrer son changement sans documents légaux et adapter ses données. Mais, si elle manque de chance, arrive chez la mauvaise personne, elle peut devoir expliquer sa situation beaucoup plus en détails, voire montrer des lettres de son conseiller, etc.  Et si elle se blesse dans un accident ou tombe malade, elle peut voir son statut révélé publiquement et elle risque de devoir faire face à un harcèlement terrible de la part des services de santé de l'école. Il est cependant nettement plus facile de faire sa transition à ce moment qu'à n'importe quel autre moment de la vie. Et même si elle subit du harcèlement et si son statut est révélé publiquement, l'information reste généralement confinée dans l'enceinte de l'université.

 

 

Pour examen plus approfondi sur les possibilités pour les écoles et les universités de faciliter la transition de leurs élèves, référez vous à:

 

AMELIORER L'ENVIRONNEMENT

POUR LES ELEVES TG/TS

 

Un nombre croissant d'universités prend acte du fait qu'elles accueillent des étudiants TG/TS et que ces derniers font leur transition au cours de leurs études. Bien que la plupart des écoles ne sachent pas encore trop bien comment prendre en compte cette réalité, les élèves en transition qui sont stables peuvent souvent négocier avec l'administration et faire mettre à jour leurs données. Une fois que la jeune femme est diplômée, elle peut se lancer dans la vie avec la possibilité de ne pas révéler son passé, et elle n'a pas à souffrir d'être perpétuellement pourchassée par la rumeur et les cancans. Une fois qu'elle a commencé sa carrière et qu'elle a économisé assez d'argent elle peut alors facilement terminer sa transition en bénéficiant de son opération de réattribution de sexe.

Pour plus d'informations au sujet des avantages d'une transition précoce, compris un article dans le magazine "Marie Claire" (édition britannique) de juillet 2002. Ce dernier fait le portrait de trois jeunes femmes transsexuelles. Les personnes qui s'apprêtent à réaliser une transition précoce et les personnes qui les soutiennent devraient s'assurer de consulter le site suivant qui est particulièrement important:

 
Toutes les personnes qui se lancent dans une transition précoce devraient consulter attentivement les pages d'Andrea James concernant:
 
LA TRANSITION PRECOCE
 
 
 
Le plus grand obstacle à la transition: le défi de faire face à sa peur:
 

Les gens demandent souvent à Lynn "Comment avez-vous réussi à faire face à la peur terrible (qui devait vous étreindre, ndt) et entreprendre les démarches difficiles rendues nécessaires par la transition dans les années 60?" Cette question est d'autant plus importante que la peur est probablement l'obstacle le plus grand à la transition, même aujourd'hui. Même une personne ayant une motivation très solide, une attitude positive, un bon planning, et la capacité d'apprendre très vite peut "se bloquer" et échouer, si elle n'arrive pas à faire face à sa propre peur. 

(Ceci explique probablement que, aujourd'hui encore, un grand nombre de personnes ne se lancent dans la transition que quand c'est devenu une question de vie ou de mort. On entend souvent cette phrase "si ça ne marche pas, je peux toujours me suicider". Ndt).

La peur pousse nombre de personnes TG/TS à repousser leur transition pendant des années. Elles arrivent à faire les premiers pas, comme révéler leur difficulté à quelqu'un, contacter un conseiller spécialisé dans les questions d'identité sexuelle, s'habiller en femme en public de temps à autres, ou même entrer dans un magasin pour acheter du maquillage ou des vêtements de femme. Mais elles n'arrivent pas à aller au delà. Nombre de personnes craignent de ne jamais pouvoir passer, de ne pas pouvoir éviter les agressions, ou de ne pas supporter la douleur de l'opération. Ces peurs se fondent sur des soucis légitimes. Mais, si la peur contrôle votre vie, elle vous empêchera de réaliser ce qui est essentiel pour vous.

La peur est la plus nocive quand une personne réduit son anxiété en ne faisant PAS quelque chose qui l'effraie. Par exemple, quand quelqu'un est terrifié à la perspective de devoir parler en public, et que cette personne trouve la solution pour éviter cette épreuve, alors la baisse de son anxiété est ressentie comme une récompense pour avoir évité de parler. Ne pas faire des choses effrayantes devient alors rapidement une habitude pour cette personne, parce qu'elle se récompense elle-même en ne les faisant pas. Mais, par la même occasion, elle risque de s'empêcher de réaliser des entreprises importantes pour elles. La seule solution pour sortir d'un tel cercle vicieux est d'apprendre à avancer malgré la peur et de faire des choses même quand on a peur. Vous faites alors l'expérience d'être récompensée pour avoir agi positivement sur des choses importantes. 

Mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Même si vous arrivez à agir malgré une peur intense, ceux qui vous côtoient sont susceptibles de sentir votre peur et cela peut les mettre très mal à l'aise. Le malaise que nous pouvons parfois ressentir face à une personne transsexuelle en transition qui a peur est semblable à celle que nous ressentons face à une personne qui doit s'exprimer en public et que le fait d'être en public effraie. Ca n'est pas qu'elles n'apprécient pas cette personne, ni qu'elles sont intolérantes, c'est une réaction instinctive de malaise qui se produit quand on se trouve face à une personne terrorisée. Mais ce feedback de malaise de la part des personnes qui l'entourent ne peut qu'effrayer encore plus la personne en transition. De ce fait, agir quand on a trop peur ne marche pas. A la place, il faut trouver le moyen d'apprivoiser sa peur et de l'apaiser.

Lynn a appris à gérer sa peur durant son adolescence, en se mettant à l'alpinisme. Au fur et à mesure qu'elle progressait, elle a du faire face à des épreuves difficiles, elle a du calculer ses risques, s'assurer qu'elle pouvait continuer dans son escalade et prendre des décisions au sujet des risques qu'elle juge acceptable et des sécurités qu'elle prend. En entreprenant des ascensions toujours plus difficiles, elle a appris à gérer les difficultés avec de plus en plus de facilité, comme si elle était juste sur le sol ferme, même quand il y avait un précipice sous elle. Plus tard, chaque fois qu'elle a dû faire face à quelque chose d'effrayant, elle abordait cette difficulté comme s'il s'agissait d'une escalade. Une fois qu'elle a visualisé le mouvement, elle le fait, et c'est tout. Progresser pas à pas méthodiquement au travers de la peur, est devenu une habitude. Nombre des amies de Lynn ont découvert des méthodes similaires à partir du ski, du patinage artistique, de la gymnastique, de l'équitation, du canyoning, des courses de motocross, et d'autres activités physiques exigeantes. Peut-être pouvez-vous trouver une activité de ce genre qui va aussi vous aider.

L'expérience de la transition elle-même peut enseigner ces mêmes leçons. En se lançant précautionneusement, la personne peut apprendre à faire face à sa peur et à la calmer avant de passer aux choses plus difficiles. Le truc est de trouver des choses qui ne font pas trop peur et que vous DEVEZ et POUVEZ faire. Alors FAITES les, de manière ordonnée et déterminée. Cela peut vous apprendre à vous calmer avant d'entreprendre des choses plus difficiles.

Les peurs et la gêne des personnes qui commencent leur transition s'estompe alors, au fur et à mesure de leurs progrès. Les transformations physiques qui s'accumulent et l'assurance qui vient peut alors produire un sourire réjouissant, une attitude plus posée et la détermination de surmonter les défis plus difficiles qui sont encore devant soi. Avec la pratique, la peur fait place à l'espoir, à la détermination et à la capacité d'anticiper les problèmes.

 
La peur est souvent encore accrue par l'activisme GBLT qui dépeint toutes les TG et TS comme des "victimes"

Pourquoi tellement de jeunes transsexuelles sont si terrifiées à l'idée d'admettre devant quelqu'un qu'elles sont transsexuelles? Qu'est-ce qui engendre  une peur aussi forte?

Tous les jeunes se souviennent de la force avec laquelle on leur imposait de se conformer aux stéréotypes en matière de genre quand ils étaient enfants. Ils sentent intuitivement que la transition est risquée, sentent bien que cela va exiger d'eux beaucoup de travail, beaucoup de cran et de détermination. Cependant, nombre de jeunes transsexuelles peuvent entreprendre discrètement leur transition sans devoir risquer de trop grandes humiliations ni de difficultés insurmontables, en particulier si elles planifient soigneusement leur transition et la réalisent paisiblement, avec tact et dignité. Alors pourquoi tellement d'entre elles laissent la peur les retenir pendant des années, voire des décennies avant de commencer à chercher de l'aide?

Une importante part de la peur des jeunes femmes transsexuelles est une conséquence imprévue du travail d'activistes LGBT pourtant bien intentionnés. Ils travaillent dur pour mettre en lumière les crimes haineux et les cas de discriminations, puis les publient largement, de manière à bien faire ressortir leur caractère dramatique. Il en résulte que les personnes transgenres et transsexuelles sont sans cesse décrites sous les traits de victimes d'affaires terribles dans les médias. Ces histoires deviennent des articles à la une, voire des films, ce qui renforce encore plus leur image de victime dans les médias. Ces histoires sont destinées à démontrer combien ces crimes sont détestables. Les supporters en colère envoient des contributions, et les activités ont alors les moyens de rendre public encore plus d'histoires du même genre. Ces efforts permettent d'alerter la société quant aux horreurs que subissent les personnes transgenres et transsexuelles.

Mais le problème avec tout cela est que le projecteur est uniquement placé sur le cas de la minorité de personnes TG/TS qui sont victimes de violence. L'effet (déformant, ndt) est encore plus fort en raison de l'image fausse du public qui voit la transsexualité comme extrêmement rare (ce qui n'est pas le cas, consultez la section "prévalence de la transsexualité" ci-dessus). En conséquence, nombre de jeunes transsexuelles en retirent l'image totalement fausse que presque TOUTES les personnes en transitions finissent par devenir la cible de harcèlement et de violences incessantes. 

(Cet effet est d'autant plus fort auprès des personnes qui ont subi beaucoup de maltraitances, voire de violences et qui n'ont pas pu faire l'expérience de leur propre valeur, ndt)

Il est à espérer que ces mêmes activistes, un jour, vont aider à construire une image plus équilibrée, plus positive et plus réaliste de la vie des personnes transsexuelles. Une image plus équilibrée pourrait également aider à réduire l'hostilité dont sont victimes les personnes transgenres et transsexuelles. Elle contribuerait certainement à réduire le niveau de peur des jeunes transsexuelles.

C'est exactement pour cette raison que Lynn a créé sa page des "témoignages de femmes transsexuelles accomplies". Elle veut faire savoir publiquement qu'il y a des dizaines de milliers de femmes transsexuelles opérées qui vont bien et vivent pleinement. Si plus de jeunes adolescentes transsexuelles le savaient, elles auraient moins peur, même en entendant parler des cas de discrimination, elles n'auraient plus peur de demander de l'aide, et elles sauraient qu'elles ont de bonnes chances de réussir leur transition. 

 
AVERTISSEMENT: assurez-vous d'être consciente des risques associés à une transition et des facteurs qui affectent les chances de succès:
 
Les discriminations, l'intolérance, le harcèlement, bien qu'ils fassent très peur, ne sont cependant pas les plus grands risques auxquels une personne en transition doit faire face. Les plus grands sont ceux auxquels nous devons faire face intérieurement. Il y a le risque de ne pas être assez compétente pour réussir sa transition, celui de perdre son travail et de ne plus arriver à gagner assez d'argent, celui de ne pas être assez indépendant et adaptable pour passer au travers du labyrinthe des essais et des erreurs qui sont inévitables et, encore pire, le risque d'entreprendre une transition pour les mauvaises raisons. Dans ce cas, votre vie peut devenir encore bien pire après. Il s'agit de choses importantes qui valent la peine d'être prises en compte!

Un des critères essentiels de succès est la capacité à se débarrasser de tous sentiment de gène, de honte ou de culpabilité face à sa propre transsexualité afin de pouvoir avancer avec détermination et dignité, même si votre entourage réagit négativement. Si une personne qui envisage la transition ne peut se débarrasser de ces sentiments de gène et de honte, ces derniers risquent fort de s'accroître au fur et à mesure qu'elle avance dans sa transition (en raison de feedbacks négatifs de certains autres, ndt) ce qui peut engendrer de sérieux problèmes. Ces difficultés, quand elles se combinent avec un fort besoin d'exprimer sa féminité peut pousser la personne en transition à se révéler de manière inadéquate, ce qui peut choquer son entourage. Arriver à s'accepter soi-même et à se débarrasser de tous les sentiments de honte et de gène est un domaine où une relation d'aide est essentielle et peut être très utile.

D'un autre côté, il est aussi important d'être réaliste et de s'assurer qu'on est prête à se lancer dans une entreprise de cette difficulté. Mais il peut être difficile d'évaluer ses propres capacités à y arriver. Souvenez-vous que les personnes incompétentes ne réalisent pas qu'elles le sont! Elles ne peuvent ni voir la compétence des autres, ni se voir de la même manière que les autres les voient. Elles ne peuvent ainsi pas réaliser les ajustements dont elles auraient besoin pour réussir. De telles personnes croient par exemples qu'elles sont devenues crédibles et qu'elles passent quand ça n'est pas le cas, puis accusent les personnes autour d'elles de méchanceté au lieu de reconnaître le problème et d'améliorer leur capacité à être crédibles.

Une transition réussie peut être au delà des capacités de personnes qui n'arrivent pas à apprendre très rapidement en observant attentivement les autres et en s'ajustant quand ils voient ces derniers réagir à la vue de leurs propres essais. Une transition réussie nécessite beaucoup de savoir faire et de bon sens, la capacité d'apprendre très rapidement, une très forte détermination et beaucoup de travail. 

Un bon conseiller peut vous aider à examiner objectivement vos options pour entreprendre votre transition et vous aider à vérifier que vous avez ce qu'il faut pour y arriver (*). Des groupes de soutien et des groupes de personnes TG/TS peuvent vous aider à mesurer vos progrès. Il est très difficile, voire impossible, de faire cela par soi-même et le fait d'être désireux de trouver de l'aide et l'opinion des autres est un important facteur de succès. Regarder comment les autres s'y prennent et ce qui marche pour eux peut fournir une aide extrêmement précieuse pour votre propre transition. Mais il faut aussi ne pas perdre de vue que certains amis TG/TS risquent d'être trop "gentils" et ne vous diront pas que vous devez faire de grands efforts pour améliorer votre présentation. Il arrive aussi que, quand vous vous débrouillez bien, d'autres personnes soient jalouses et essaient de vous déstabiliser. Vous devez donc écouter votre propre intuition quand vous prenez des décisions importantes et ne pas vous fier uniquement aux opinions des autres ou à la manière de faire des autres. 

((*) Les conseiller doivent garder à l'esprit que certaines personnes ont été gravement maltraitées et forcées à enterrer leurs talents sous une chape de plomb. Il est de ce fait possible qu'une personne semble n'avoir aucun atout pour réussir, alors même que ses talents attendent juste d'être mis en œuvre. C'est en expérimentant au pas à pas qu'on pourra alors faire la part des choses. ndt ) 

Une planification financière solide, une bonne analyse de risques quant à sa carrière, un budget et un plan d'urgence sont aussi essentiels pour réussir. Souvenez-vous que vous courez le risque de vous trouver bloquée au milieu de votre transition si vous n'avez plus d'argent et devenez inemployable. Évitez de vous retrouver dans cette situation! Certaines jeunes femmes particulièrement attirantes peuvent s'en sortir par d'autres moyens, mais cela comporte aussi de grands dangers et de grands risques, comme nous l'avons vu dans la première partie. Le mieux est d'avoir des compétences professionnelles qui fassent que vous puissiez être engagées rapidement, puis de travailler dur à économiser de l'argent pour financer votre transition.

(cet avertissement est d'autant plus important que, même dans les pays où les travailleurs disposent de protection contre les discriminations, il existe toujours des trucs pour se débarrasser des collaborateurs dont on ne veut pas. Se rendre indispensable au sein d'une entreprise est donc très précieux. On sera alors prêt à passer sur beaucoup de choses, tant que vous vous comportez avec discrétion et dignité, ndt)

La capacité de s'endurcir et de pouvoir vivre malgré des réactions négatives très fortes de sa propre famille et de ses amis est aussi essentielle. Autrement, la pression sera insupportable quand elle se combinera aux autres stress que la transition implique. Vos proches, la famille peuvent essayer de vous empêcher d'achever votre transition, de vous empêcher de bénéficier de votre opération, même si vous êtes d'âge mûr. Dans certains états, elles peuvent même essayer de vous faire enfermer de force (cf. l'histoire de Deidre McCloskey, ndt). Être capable de se faire de nouveaux amis peut aider à compenser la perte de sa famille et de ses amis. Nombre de personnes transsexuelles font de nombreuses amies TS durant leur transition et en profitent pour accroître leur cercle d'amis après l'opération.

  
MAINTENANT LE VRAI AVERTISSEMENT: Que se passe-il si vous "réussissez" votre transition, alors que vous l'avez entreprise pour les mauvaises raisons?

Oui, vous comprenez le problème! C'est exactement là que vous ne voulez PAS arriver!

Dans de nombreux cas, à terme, les personnes transsexuelles réussissent leur transition. Mais il y a des cas d'échec complet, en particulier pour des personnes qui ont des attentes complètement irréalistes. Il arrive que certaines personnes réalisent que l'opération était une énorme erreur, mais beaucoup trop tard! C'est en particulier le cas avec des travestis intensifs d'âge mûr et des fétichistes (y compris les personnes qui se définissent elles-mêmes comme "autogynéphiles") dont la motivation pour entreprendre une transition repose uniquement sur un désir sexuel masculin.

Ces personnes perdent progressivement leurs réactions à leur nouveau corps, au fur et à mesure que le temps passe, après avoir perdu leurs testicules durant l'opération. (Cet effet est profondément différent de ce qu'expérimentent les femmes transsexuelles, qui voient leur libido féminine se développer, et leur  capacité et leur bonheur de faire l'amour s'accroître fortement au fur et à mesure du temps après l'opération). La perte de satisfaction sexuelle, combiné avec les difficultés pratiques de la vie après l'opération, peut causer de graves problèmes d'ajustement pour les personnes qui ont commis une erreur. Une PRUDENCE EXTREME est recommandée aux personnes qui ne sont pas absolument sûres de leurs motivations pour l'opération de réattribution de sexe.

 

 Pour quelques exemples de femmes opérées qui ont exprimé des regrets pour avoir entrepris cette opération par la suite, examinez les histoires de Renee Richards, Dani Berry et Sandra (Ian) McDougall sur la page de Lynn:

 

AVERTISSEMENT CONCERNANT L'OPERATION DE REATTRIBUTION DE SEXE  (Fr)

 

Il y a aussi eu quelques cas de drag queens gays qui sont tombés amoureux d'hommes hétérosexuels et qui se sont décidés à entreprendre une opération de réattribution de sexe dans le but de séduire et/ou de conserver leur amant. Ces cas tournent le plus souvent très mal au fur et à mesure que le partenaire gay perd les pédales en constatant qu'il a perdu sa masculinité. De tels cas sont la base du préjugé qui règne dans les milieux gay quant au fait que "l'opération de réattribution de sexe serait une idée complètement démente" et pourrait bien être à l'origine de nombreux écrits et propos violement transphobes de certaines leader gays (tels que Jim Fouratt) ces dernières années. 

De ce fait vous devez être tout à fait honnête avec vous-même au sujet de ce qui vous motive pour entreprendre une transition. C'est essentiel pour savoir si cette transition va répondre à vos attentes à terme. Personne d'autre que vous ne peut connaître vos sentiments ni ce qui vous motive à entreprendre une telle entreprise. Personne d'autre que vous ne peut déterminer si vous serez assez doué/e pour réussir. Il est TRES important d'être très réaliste et lucide au sujet de vos motivations, de vos capacités et de vos attentes avant d'entreprendre une transition transsexuelle et une opération de réattribution de sexe (*). Si vous avez l'impression que vous entreprenez cette transition pour un plaisir de type autoérotique, faites très attention et réfléchissez à tous les signaux d'alerte. Cependant, si vous sentez depuis le plus profond de votre cœur que vous êtes une femme et que vous devez transformer votre corps et votre vie sociale et si c'est essentiel pour vous de pouvoir vous vivre en tant que femme y compris sur le plan sexuel, alors cette transition peut être le bon chemin pour vous.

((*) Il faut aussi garder à l'esprit que nombre de personnes transsexuelles ont grandi dans un milieu profondément maltraitant, qu'elles ont une image très dévalorisée d'elles-mêmes, voire qu'elles n'ont jamais pu faire l'expérience de leur propre valeur. Ces personnes auront immanquablement tendance à sous-évaluer leur capacités (qui peuvent d'ailleurs être tout aussi invisibles au regard des autres). Dans ce cas, c'est l'expérience concrète qui permettra d'évaluer leurs capacités de manière plus réaliste, ndt)

Écoutez votre cœur et votre corps, et ne laissez pas les pressions de l'extérieur vous poussez à agir d'une manière que vous pourriez regretter. Si vous appréciez votre corps d'avant l'opération (en particulier si vous appréciez vos érections et si vous ressentez un désir de pénétration, si votre source d'excitation et de plaisir sexuel sont vos organes sexuels externes), alors il y a de fortes chances que vous ne puissiez pas développer et apprécier une sexualité féminine après l'opération. Vous risquez fort de regretter la perte de votre masculinité et devenir sexuellement inactif. Si vous craignez cela, vous devriez sérieusement considérer une transition de type transgenre (c'est à dire sans opération de réattribution de sexe, ndt) plutôt que transsexuelle.

Parfois, la situation est inversée. Il y a des femmes transsexuelles (qui ont des sentiments et une libido féminine très forte et qui n'ont aucun désir de type masculin) pour lesquelles une opération de réattribution de sexe est probablement la bonne option mais qui évitent cette dernière de peur de perdre leur libido ou toute capacité orgasmique après l'opération. Certaines d'entre elles essaient de s'accommoder de leur appareil génital masculin en s'efforçant de le voir comme un "clitoris agrandi" et font tout pour l'accepter de cette manière. D'autres choisissent d'avoir une castration plutôt qu'une opération complète. Certaines femmes transsexuelles très féminines peuvent attirer des  partenaires qui les acceptent en tant que femmes même avant l'opération. Elles y arrivent en cachant discrètement leurs organes génitaux durant les moments les plus intimes. Si vous avez terriblement peur de l'opération et n'êtes pas sûre que vous soyez heureuse par la suite, il vaut mieux considérer une transition transgenre. D'un autre côté, si vous savez que nombre de femmes transsexuelles ont de puissants orgasmes après l'opération, vous pouvez comprendre que cette dernière va, en fin de compte, transformer votre vie.
 
[Note: pour des informations plus détaillées en ce qui concerne l'excitation sexuelle, l'activité sexuelle et les orgasmes des femmes opérées, consultez la section correspondante du site de Lynn.]

Malheureusement, le choix de la transition transgenre amène souvent des problèmes important à long terme. La personne peut mettre en danger sa santé et avoir de plus en plus de mal à passer et à être crédible en tant que femme. Les femmes transgenres et les she-males qui ne recourent pas à une opération de réattribution de sexe doivent prendre à long terme des doses importantes d'œstrogènes et d'anti-androgènes afin de conserver un corps aussi féminin que possible. Mais ces personnes prennent alors le risque d'endommager gravement leur foie ainsi que d'autres problèmes majeurs. Il leur faut alors faire des compromis difficiles entre la féminisation de leur corps et la limitation des risques pour leur santé. Si elles réduisent leurs taux d'hormones à ceux, nettement moins risqués, des personnes qui sont passées par l'opération, la testostérone produite par leurs testicules va inévitablement déformer leurs corps. Elle va aussi accélérer le processus de vieillissement et va les priver de leur beauté physique bien plus rapidement que ça n'est le cas des femmes opérées (cet effet est connu depuis longtemps dans les milieux des drag queens gays). Les personnes transgenres et les she-males qui étaient très séduisants dans leur adolescence et la vingtaine ont de grandes difficultés à trouver des partenaires quand ils abordent la quarantaine. La vieillesse peut devenir un moment absolument effrayant car elles risquent de se trouver seules. Ce facteur doit être sérieusement pris en compte avant d'entreprendre une transition transgenre.

Dans de nombreux cas, les personnes transgenres finissent par procéder à une orchiectomie (castration). C'est une procédure nettement plus simple, moins douloureuse et moins coûteuse qu'une opération de réattribution de sexe. Elle libère ces personnes des problèmes causés par la testostérone. Cela les libère aussi du besoin de prendre des taux élevés d'hormones. Les personnes qui ont une forte libido peuvent aussi continuer à avoir des érections après la castration, et pourront ainsi continuer à profiter d'une sexualité masculine. Tout compte fait, c'est une option très importante pour les personnes transgenres. 

Le vrai critère de succès à terme est de savoir si vous allez réussir à vous ajuster pleinement dans votre nouveau rôle, si vous allez pouvoir vous intégrer pleinement dans la société et si vous allez réussir à trouver un partenaire amoureux avec qui vous allez pouvoir bâtir une relation amoureuse heureuse et durable à long terme. Avant tout, il est essentiel de ne pas laisser les vues très rigides de la société en ce qui concerne les genres affecter votre décision d'entreprendre une transition d'un type plutôt que de l'autre (TG ou TS). Après une transition transgenre vous devriez vous sentir à l'aise et ajustée dans le fait que vous êtes quelque part "au milieu" selon notre système de genre bipolaires. Il est nettement plus facile de trouver sa place en étant "au milieu" que d'avoir entrepris une transition transsexuelle qui est allée trop loin pour vous! Et souvenez-vous que les personnes qui sont "au milieu" peuvent aussi trouver des partenaires amoureux.

Même si vous êtes sûres de votre motivation et de votre besoin d'entreprendre une transition transsexuelle, il y a d'autres choses importantes à prendre en compte avant de se lancer. Certaines femmes transsexuelles ont des caractéristiques masculines si fortes qu'elles ne pourront jamais passer en tant que femme, quelles que soient les interventions chirurgicales qu'elles fassent. Cela peut amener à une telle visibilité sociale, à des regards et des humiliations incessantes qu'il sera impossible de s'assimiler dans la société. Les humiliations qui s'en suivent peuvent détruire la conviction de la personne d'avoir enfin restauré son corps et peut la pousser à une existence complètement marginalisée. Ce sont des situations tragiques pour lesquelles nous n'avons encore aucune alternative valable. 

Un autre facteur de succès essentiel est d'être suffisamment autonome. Les personnes que vous croiserez (conseillers, médecins, etc.) ne pourront vous donner que des apports fragmentaires. C'est à la personne en transition de les rassembler et de trouver la place qui lui va. Si vous n'avez pas les talents et l'adaptabilité nécessaires, vous risquez d'entreprendre quelque chose qui est au delà de vos moyens. Vous devez trouver votre chemin jour après jour. Les autres ne pourront pas tout résoudre pour vous (et vous serez seule face aux décisions et aux moments essentiels, ndt). Votre conseiller et votre chirurgien sont comme votre équipage. Ils peuvent vous amener près de la côte. Mais à partir de là, c'est à vous de vous débrouiller. Il est essentiel que vous sachiez ce que vous vous voulez et que vous n'ayez aucun regret en ce qui concerne ce que vous laissez derrière vous. Vous devez être très adaptable et autonome pour réussir.

  
S'informer sur l'état de l'art, mesurer les risques, prendre des décisions et agir durant la transition:

Comme vous pouvez maintenant le comprendre, les personnes qui envisagent une transition, qu'elle soit de type transgenre ou de type transsexuelle doivent naviguer dans un labyrinthe de risques et de difficultés et elles sont essentiellement seules pour réussir ce qu'elles entreprennent. Elles peuvent obtenir de l'aide de conseillers et de groupes de soutien, d'amis et de connaissances TG/TS et elles peuvent trouver de l'information sur Internet. Mais chaque situation individuelle est si différente et a tellement de facteurs qui la rendent unique qu'il n'y a vraiment pas de "meilleur moyen pour réussir une telle entreprise". Il y a de nombreuses options et de nombreux chemins. Chaque personne doit collecter beaucoup d'informations et être très créative en découvrant ou en construisant le chemin qui lui sera adaptée.

Une fois qu'une personne est décidée et qu'elle a trouvé un chemin qui peut aboutir, elle doit être déterminée et se mettre à agir sans plus laisser la peur la retenir. Sans cela, elle sera incapable de progresser et elle risque même de se trouver bloquée. En même temps, elle doit être flexible et capable de faire face aux imprévus au fur et à mesure qu'ils se révèlent. Il arrive que les choses ne se déroulent pas comme prévu et elles vont devoir gérer les problèmes qui en résultent. Les plans qui sont trop serrés et rigides, et les délais qui sont eux aussi trop serrés sont susceptibles de ne pas marcher. Ménagez toujours de l'espace pour l'imprévu dans vos plans.

Obtenir les informations les plus récentes, évaluer de nombreux risques, prendre des décisions au bon moment puis agir de manière déterminée malgré la peur sont des choses que la personne en transition doit prendre l'habitude de faire, et de faire bien si elle veut réussir. Cela n'est pas surprenant que les personnes en transition puissent sembler "obsédées" aux yeux des autres. D'une certaine manière elles doivent l'être si elles veulent réussir tous les défis qu'elles rencontrent. 

En fait, une des principales difficultés auxquelles les personnes en transition font face est comment rester calme, comment agir avec grâce et dignité à un moment où elles sont effrayées, où elles ressentent beaucoup d'angoisse et de gêne, et où elles doivent faire face à de nombreux soucis au sujet de leur capacité à réussir leur entreprise.

Par chance, il y a un très grand nombre de témoignages et de modèles que les personnes en transition peuvent maintenant imiter afin de mieux voir comment réussir leur propre transition. Il y a aussi d'excellents sites de soutien qui permettent d'obtenir de l'information sur les traitements et les services actuels, et pour trouver de l'aide afin de planifier les détails de sa transition. Le site TS Roadmap d'Andrea James le premier de ces sites pour les transsexuelles. Toute cette information, disponible de plus en plus facilement, facilite de plus en plus le chemin pour les personnes en transition. Voici quelques excellents sites que les personnes qui envisagent la transition devraient visiter au moment d'entreprendre leur voyage:
 
 

The Essential Guidebook to MtF Transition:

 

 

 

Calpernia Addams' wonderful information exchange and forums:

 

 

 

Ressources et forums de discussion pour des adolescent/es en transition:

 

 

Sites web et forums de discussion pour les personnes TG/TS en transition:

 
 
 
Comment est-ce que la famille, les amis, les enseignants et les collègues peuvent aider une femme transsexuelle en transition?

Une fois lancée, réussir sa transition est une question de vie ou de mort pour la personne transsexuelle. Elle ne s'y lance pas pour obtenir un plaisir sexuel ni pour choquer les autres. Cependant, les changements spectaculaires qu'impliquent une transition peut choquer et effrayer ceux qui ne la connaissent pas (*). Il y a aussi de nombreux dilemmes pratiques tels que le choix du nom à utiliser, le choix des toilettes, celui des pronoms, et comment expliquer tout cela à sa famille et à ses proches. Cela peut être perçu comme une succession sans fin de dangers et de traumatismes à traverser.

((*) Il arrive souvent que ce soit justement les proches qui soient le plus choqués. Les personnes sont d'autant plus choquées qu'elles évoluent dans un univers où les genres sont stéréotypés et immuables, ndt)

Un des problèmes majeurs et que les amis et les proches ont particulièrement de mal à faire le deuil de ce qu'ils ont cru connaître de l'autre, qui semble être mort et d'accueillir la personne telle qu'elle se présente maintenant. Si la nouvelle a de grands vestiges de l'ancienne, les proches vont se raccrocher à l'ancienne identité (ou plutôt à son apparence, ndt) et vont attribuer le mauvais genre à la personne. Si les vestiges sont faibles et que "l'ancienne personne semble avoir disparu", alors la nouvelle risque d'être haïe pour avoir "fait disparaître" l'autre. Nombre de femmes transsexuelles perdent toute relation avec leur proches, leur famille, leurs parents et leurs amis d'avant la transition et elles doivent recommencer à zéro et reconstruire un nouveau réseau d'amis, de proches et trouver un nouveau partenaire amoureux après la transition (cela fut clairement l'expérience de Lynn lors de sa propre transition). Plus vous avez été proche d'une personne, plus ce qu'elle a cru percevoir de votre identité a été imprimé en elle, et plus vous avez de chance qu'elle vous rejette pendant et après la transition.

(Il est d'autant plus facile de conserver des amis et des proches que la base de la relation est profonde, qu'elle repose sur une connivence du cœur, sur des valeurs fondamentales proches et que l'autre comprend que le monde est plus riche et plus complexe que ce que l'idéologie patriarcale veut faire croire (ndt))

Il arrive aussi que les profonds changements physiques dus au traitement hormonal causent d'importants problèmes aux autres. Par exemples, certains hommes peuvent commencer par voir la personne en transition comme "un homme habillé avec une robe" et se moquer de "lui". Ils peuvent être complètement perdus une année plus tard quand ils commencent inconsciemment à réagir au fait qu'ils se trouvent face à une femme séduisante. D'autres peuvent simplement ne pas voir le changement et continuer à voir cette personne comme "un homme en robe", ce qui va à leur tour leur poser des problèmes quand ils feront de graves erreurs dans l'usage des pronoms (par exemple en se référant à "lui" sans cesse alors que tout le monde maintenant ne voit "qu'elle").

Une femme en transition ne doit donc pas seulement faire face aux immenses changements qui se produisent dans son corps et dans ses émotions, mais aussi dans l'esprit des gens qui l'entourent. Si ses amis et ses collègues qui ont un peu de compréhension l'aident discrètement sur des sujets pratiques, cela peut considérablement alléger le poids qu'elle a sur les épaules.

Les médias n'aident pas dans ce domaine, car, pendant des décennies, ils ont eu l'habitude de décrire les femmes opérées comme "des hommes qui ont subi un changement de sexe" et même d'utiliser des pronoms masculins. Cette pratique horrible a été instituée il y a des décennies par l'agence de presse Associated Press, et les informations impliquant des femmes transsexuelles figuraient sous cette forme dans leur dépêches (examinez cet exemple *). Cette pratique a causé un dommage immense aux femmes transsexuelles en défigurant gravement leur image aux yeux de la société et en rendant la transition encore plus difficile pour elles.

[Note: Cette pratique de AP a été attaquée avec succès par les activistes de GLAAD et de GenderPAC. Le nouveau livret de directive de l'AP donne pour instruction à tous ses reporters de demander à la femme transsexuelle comment elle doit être désignée dans toute dépêche qui la concerne.]

En raison de complications médicales, légales, administratives, professionnelles, relationnelles et religieuses persistantes, chaque personne transsexuelle va rencontrer des centaines, si ce n'est des milliers de personnes durant sa vie dans des situations où leur passé risque d'être dévoilé, quelle que soit leur crédibilité. Une femme transsexuelle peut alors être traitée avec mépris, avec agressivité, voire pire encore dans chacune de ces situations.

L'accumulation de tous ces coups et de ces rencontres douloureuses peut être décourageante même pour l'âme la plus solide. Pour une femme transsexuelle au milieu de sa transition, il peut lui sembler qu'elle est la victime d'un "mobbing" constant, irrationnel et sans limites de la part de toutes les personnes qui l'entourent.  Même les personnes qui ont bien réussi à gérer leur peur et qui ont une attitude très positive peuvent être usées par cette pression incessante. Et il y a alors un risque de devenir aigri et de réagir agressivement à ces comportements, ce qui peut être très contreproductif, quand on essaie de présenter le visage d'une femme chaleureuse et heureuse.

Un counselling et un accompagnement peut aider ces femmes à mieux gérer le poids de ces situations. Mais il est clair qu'une plus grande compréhension, en particulier de la part du monde médical, légal, religieux et des services des ressources humaines, pourrait faire beaucoup pour réduire le stress et l'expérience de stigmatisation que vivent nombre de femmes transsexuelles.

Les membres de la famille, les amis et les autres personnes, peuvent aussi s'informer sur ce que c'est que de vivre une transition en lisant des livres tels que "True Selves : Understanding Transsexualism-For Families, Friends, Coworkers, and Helping Professionals" de Mildred Brown et de Chloe Ann Rounsley.

 
 

Par chance, la plupart des femmes transsexuelles finissent par voir la lumière au bout du tunnel, à la fin de la transition. Les difficultés sociales se terminent généralement à la fin de cette dernière et au fur et à mesure qu'elles s'intègrent en tant que femmes dans la société. Afin d'accroître leurs opportunités sociales et pour éviter les problèmes inutiles, nombre de femmes souhaitent vivre après la transition de manière à ce que personne ne puisse remonter à leur passé. Les amis et les collègues qui le connaissent doivent faire très attention à respecter son désir de conserver le secret. Ils doivent aussi agir promptement afin de stopper toutes les rumeurs qui seraient engendrées par les personnes qui ne sont pas dignes de confiance.

Maintenant que vous comprenez mieux ce qu'est la transsexualité, vous pouvez aussi aider d'autres à faire le même chemin. Avec une meilleure compréhension, les personnes qui ont à cœur d'aider peuvent réduire les problèmes pratiques et  faciliter le chemin d'une amie, d'une étudiante ou d'une collègue. Une fois la transition terminée, la plupart des femmes se fondent dans la société afin de vivre une vie normale, mais bien plus heureuse.

Un roman merveilleux de Chris Bohjalian, Trans-Sister Radio, aide à communiquer ce que c'est que la transition pour une femme transsexuelle, et pas seulement de la perspective de cette femme, mais aussi de tout son entourage. Le roman de C. Bohjalian y arrive en faisant passer la parole de personnage en personnage à chaque étape de la transition. Il montre comment toutes les personnes impliquées évoluent, dans leurs pensées, leurs attitudes et leurs réponses. Cet excellent livre peut être utilisé pour créer un contexte commun afin de mieux communiquer avec des personnes désireuses de comprendre ce que c'est que la transsexualité, la transition et la recherche d'un partenaire. Lynn recommande vivement ce livre aux familles et aux amis des femmes en train de vivre leur transition.

 
 
 
Un livre courageux, une histoire convaincante
Critique: Un lecteur de Philadelphia, PA

Après nous avoir épatés avec les sages-femmes Bohjalian a encore accru son habileté à raconter des histoires actuelles et il s'est dépassé. Pour cet homme conventionnel et phallocentrique..... L'opération (de réattribution de sexe, ndt) n'a pas été un sujet facile, mais il a gagné le droit de m'étonner. La chose la plus surprenante au sujet de ce roman est la manière avec laquelle, au bout de ses 300 pages, plein de choses qui m'étaient étrangères me sont soudain devenues familières. ..... Ces charmantes personnes, quel que soit leur appareil génital, méritent le bonheur, et Bohjalian est assez sage et avisé pour le leur accorder. C'est une histoire d'amour émouvante mais qui vous fait aussi réfléchir.
 
Exquis, douloureux, émouvant et nécessaire
Critique: Un lecteur de Carline du Sud
 
J'ai lu la prose merveilleuse de Mr Bohjalian au moment même où je me remettais de ma propre opération de réattribution de sexe, et il est possible que je sois biaisée. J'ai du subir de nombreuses humiliations dans ma vie, mais je vis maintenant une vie qui est exceptionnellement normale et incroyablement merveilleuse. Je me suis identifiée à Dana et à ses luttes pour faire reconnaître son identité et sa dignité. Pour moi, Mr Bohjalian est un maître dans l'art de dépeindre le spectre des réactions et des réponses tant au transsexualisme qu'à ses effets collatéraux sur ceux qui sont amoureux, qui épousent, sont des parents, des frères ou sœurs ou encore des amis des personnes qui doivent faire face à leur transsexualité et reconstruire leur identité d'homme ou de femme, comme cela arrive – Mr Bohjalian décrit parfaitement l'ignorance et la peur à laquelle nous devons souvent faire face quand nous ne faisons rien d'autre que de chercher le traitement nécessaire pour résoudre ce qui n'est rien d'autre qu'un problème médical. Et, tout comme le cancer, la transsexualité a été présente de tout temps. Là encore les soins que nous accordent les avancées de la médecine nous permettent maintenant d'obtenir une qualité de vie toujours meilleure. Il me semble que cette expérience transparaît aussi de son livre. Merci M. Bohjalian de rendre compréhensibles les épreuves que moi et les personnes comme moi traversent.
 
 
 
Avec de meilleures connaissances, comment est-ce que le transsexualisme pourrait être pris en charge?

La transsexualité est beaucoup plus fréquente que ce qu'on a longtemps pensé. Au lieu d'être une situation extrêmement rare, des cas intenses de transsexualisme MtF se produisent chez environ 1 enfant sur 300 ou 500. C'est une situation qui va se produire dans chaque grande famille étendue (elle se produit au moins deux fois plus souvent que la sclérose en plaques ou le palais fendu). Cette condition déclenche très probablement une grande part des suicides inexpliqués d'adolescents qui ne trouvent aucun moyen de faire face à leur angoisse. Des parents aimants et attentionnés et des proches doivent être conscients de la nature de cette condition, de manière à accompagner avec compassion tout enfant de leur famille qui en serait atteint.

Un jour, quand un/e adolescent/e (ou un enfant, comme c'est souvent le cas, ndt) découvre sa transsexualité et dit à sa mère "j'ai besoin d'être une fille", la réaction habituelle sera une réaction d'amour et de compassion. Au lieu de voir "un garçon avec un problème mental", les parents vont voir "une fille avec un problème physique", vont comprendre combien elle a besoin d'aide et vont soutenir avec amour sa prise en charge médicale et sa transition.

(Ce qui serai extraordinaire, ça serait qu'on puisse dire à nos enfants, dès qu'ils découvrent leur identité, qu'ils n'ont aucune raison d'avoir peur, que nous avons tout ce qu'il faut pour leur permettre de restaurer leur corps, que, quand ça sera le moment on ira voir un médecin qui bloquera leurs transformations physiques, puis, vers la fin de leur adolescence, on ira voir le chirurgien qui les réparera. Les familles qui sont profondément religieuses pourraient ajouter que c'est ainsi que le Bon Dieu, qui a entendu leur souffrance, prend soin d'eux. Ndt)

Il existe un livre merveilleux pour les enfants transsexuels MtF et pour leurs parents. "Maman, j'ai besoin d'être une fille" (FR) raconte l'histoire de la transition récente d'une adolescente (voyez les photos de Danielle ci dessous). Cette histoire captivante, et les esquisses qui l'illustrent fournissent une introduction qui réchauffe le cœur au sujet de la transsexualité MtF et au processus de la transition pour les adolescentes. Ce livret est épuisé, mais vous pouvez en télécharger le texte (avec ou sans illustrations) au format PDF depuis ce lien et vous pouvez aussi le lire on-line sur le site web de Tante Jenny. Vous pouvez aussi lire ce livre depuis le site de Lynn Conway (en anglais, espagnol, deutsch, português et en français). Les traductions incluent les illustrations originelles et elles se trouvent ci-dessous:

 

Maman, J'ai Besoin D'Etre Une Fille  (FR)

Mom, I Need to Be a Girl  (EN)

 

 

 

Un jour, les écoles et les institutions sociales, qui seront beaucoup plus informées sur les questions de genre, soutiendront efficacement les filles comme Shauna et Danielle durant leur transition, et vont empêcher toute discrimination et tout harcèlement, ce qui augmentera encore leurs chances de succès. 

Puis, une fois qu'elles auront terminé leur transition, non seulement leurs parents, mais aussi leurs proches et amis pourront les accueillir avec bonheur et les traiter avec amour, comme ils le feraient de n'importe quelles autres jeunes femmes.  Elles auront aussi la chance de vivre tout ce que les adolescentes vivent sans devoir passer par les épreuves terribles que doivent traverser aujourd'hui les femmes transsexuelles.

De plus, la loi et la société les traiteront comme n'importe quelles autres femmes, leur fournissant tous les droits civils et légaux, y compris celui de se marier et d'adopter des enfants, si elles le désirent, et la chance de mener une vie pleine et heureuse.

Lynn espère voir ce jour de ses propres yeux.

 
Histoires de réussites: sites de femmes opérées ayant réussi leur transition:

Dans une nouvelle entreprise, il n'y a rien de tel que des preuves de succès précédents pour prouver que "cela peut être fait", et pour fournir des modèles aux personnes qui vont suivre. Cela est aussi vrai pour la transition des personnes transsexuelles.

Nous savons maintenant qu'il y a au moins 32'000 à 40'000 femmes transsexuelles opérées aux USA, et plusieurs milliers d'autres en train de réaliser leur transition. Cependant les nombreuses histoires de transitions réussies sont restées cachées au visage de la société, car la plupart des femmes opérées vivent en gardant leur passé pour elles, afin d'éviter toute nouvelle stigmatisation. Bien qu'elles soient tout autour de nous, elles sont cachées juste sous nos yeux et sont, de ce fait, invisibles.

Heureusement que le web permet maintenant de lever le voile de l'invisibilité, alors que de plus en plus de femmes créent leur site, les autres peuvent apprendre de leurs expériences. On peut maintenant mettre un visage convaincant sur la transsexualité en consultant tous ces sites web qui contiennent les journaux personnels et des informations sur les expériences et les réussites de ces femmes. Elles peuvent fournir des modèles et des exemples pour d'autres personnes en transition. Dans la partie III, nous aborderons plus en détails la vie après l'opération en capitalisant leur expérience. Voici juste quelques exemples de femmes accomplies extraits d'une page ad-hoc que Lynn a créé, en listant des photos et des témoignages de nombre d'entre elles.
 
 
 Andrea James

Cadre dans la publicité, activistes

des droits des consommateurs

  Joan Roughgarden, Ph.D.
Biologiste
Kurara Motoki (Japan)
Animatrice de spectacles, actrice
Deborah
Architecte
 
Sarah
Captaine (Boeing 767), American Airlines 
 
 Robertina Manganaro (Italy)
Créatrice de mode
 
 Vous trouverez de nombreux autres exemples de femmes opérées ayant une vie pleine, consultez la page de Lynn:
 
FEMMES TRANSSEXUELLES ACCOMPLIES (Fr)
 
 
 
Liens et références TG/TS/IS:

Pour une palette plus large d'informations sur les identités transgenres, le transsexualisme, et l'intersexualité, vous pouvez maintenant consulter de nombreux sites et livre excellents. Pour commencer votre exploration, consultez la page de Lynn contenant des liens et des références TG/TS/IS et explorez les différents liens qui s'y trouvent.

 
Une dernière remarque concernant le mot "transsexuel/le":

Même s'il provient d'une bonne intention en tant que terme médical et descriptif, le mot "transsexuel/le", est trompeur. C'est une étiquette qui sert souvent à stigmatiser sans raison, en particulier quand il est utilisé comme nom. Appeler quelqu'un "un transsexuel" fait de cette personne un alien au lieu d'un être humain. Cela implique aussi qu'il y a toujours quelque chose de problématique chez cette personne, même après qu'elle a terminé sa transition. Il vaut bien mieux utiliser ce mot en tant qu'adjectif, et parler "d'une femme transsexuelle". La désigner comme "une femme qui a achevé sa transition" ou comme "une femme qui a eu un passé transsexuel" est encore meilleur.

Après tout, pourquoi quelqu'un qui a survécu à sa transsexualité après une longue et traumatisante lutte, médicale et personnelle devrait être stigmatisée, au lieu d'être traitée de la même manière qu'une personne qui a mené une longue lutte contre le cancer? Est-ce que les deux ne devraient pas être admirés pour leur courage et leur ténacité face à l'adversité?

La perception que Lynn a de sa propre expérience est qu'elle a été mise dans le mauvais corps par la nature et dans le mauvais genre par la société à sa naissance. Après avoir grandi et subi des épreuves terribles durant des années, elle s'est finalement résolue à voir cette déformation corrigée durant sa transition en 1968. Elle a depuis réussi à mener une vie pleine et heureuse, comme une femme ordinaire qui aime la vie.

 
de Lynn et de sa jeune petite nièce Baylea, le 15 Avril 2000
 
 
 

 
 
 
Continue to next part:
Part III: Life as a Woman after TS Transition 
 
 

V-9-30-04 + Update of 10-14-05

Posted 10-16-05

 

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