Traduit par Marie-Noëlle
Révisé par Karine Espineira
(Anglais)
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"Les armoires de ma mère étaient à la fois un sanctuaire, une boule de cristal, un lieu dans lequel je m'évadais pour fuir le monde et une place dans laquelle, dans l'entrelacement des vêtements de ma mère, je découvrais mon propre avenir. Dans les armoires de ma mère, mes sens s'éveillaient. L'odeur des parfums, des chaussures laquées, de la laine, du cuir, le toucher du satin, du velours, de la soie, de la mousseline; tout cela avait le pouvoir de susciter des rêves et des fantasmes.....
Et, quand bien même ça n'était pas interdit, j'avais toujours peur d'entrer dans ces armoires. Peur de quoi? D'être prise? Plus probablement, j'avais peur de trouver quelque chose, un indice qui révélerait le monde mystérieux dans lequel j'entrerais un jour, le monde des femmes" -- Eugania Zuckerman
Nombre de personnes qui lisent ces lignes vont supposer qu'elles constituent les souvenirs d'une femme transsexuelle. Mais cela n'est pas le cas. Ce sont les mots de la célèbre écrivain et commentatrice TV Engenia Zuckerman. Elles proviennent de la page de couverture de son remarquable ouvrag "In My Mother's Closet: An Invitation to Remember."
Dans ce très beau livre, Engenia rassemble les souvenirs d'enfance d'une femme de quarante trois ans, elle se centre sur leur pouvoir d'attraction et sur les rêves au sujet du monde des femmes que suscitent les objets secrets que les petites filles trouvent dans les armoires de leurs mères. De nombreuses femmes décrivent les sentiments presque magiques, très sensuels, qu'elles ont ressentis en explorant et en essayant les choses qu'elles y trouvent, au milieu de la chaleur, de la douceur, des couleurs vives et des odeurs douces.
Ce livre révèle pour la première fois combien sont communes ces expériences de petites filles, qui font partie du rituel qui permet de devenir une femme adulte.
Dans les armoires de leurs mères, se trouve les secrets des femmes qu'elles deviendront un jour. "[...] Pour chacune de ces femmes, ouvrir les battants des armoires de leurs mères ouvrait les écluses de leurs souvenirs et de leurs songes qui allaient bien au delà de l'habillement et de la possession de biens. Il y avait des larmes et des rires durant ces interviews avec des intuitions, des révélations et des choix amoureux. La collection de souvenirs qui en résulte fait appel à des mythes et à des rites de passage, et explore les facettes parfois heureuses parfois douloureuses de la relation entre mères et filles." |
Notre connaissance des personnes transgenre nous indique que certains petits garçons ont exactement la même expérience, souvent décrite de la même manière.
Dans le passé, la plupart des personnes pensaient que seulement des garçons pervertis sexuellement pouvaient devenir obsédés par les affaires de leurs mères, comme si les petites filles ne ressentaient pas exactement la même chose. Maintenant nous savons que nombre de petites filles, si ce n'est la plupart d'entre elles, font cette même expérience et personne ne les accuse d'être perverties sexuellement!
Ainsi ce livre nous aide à comprendre l'expérience de ces petits garçons avec les armoires de leur mère non comme une perversion sexuelle, mais comme un désir sensuel, une attirance vers une identité d'adulte qui est irrésistible pour eux, tout comme pour n'importe quelle petite fille. Cet éclairage peut être très précieux pour ceux qui se sentent honteux et gênés pour avoir fait cette expérience durant leur enfance. Il l'est d'autant plus pour les personnes qui se sont vues attribuées des étiquette stigmatisantes par les psychologues ou s'ils se sont vus insultés par d'autres, juste pour avoir fait ce qui est naturel pour n'importe quelle petite fille.....
C'est un livre important au sujet de notre quête de notre rôle d'adulte et au sujet des rituels souvent gardés secrets pour devenir une femme adulte dans notre culture. Je le recommande vivement.
Ce qui est triste, bien sûr, c'est que ceux qui n'ont que l'apparence de petits garçons et qui sont en fait des filles ne profitent pas de l'acceptation de leur mère, ni de son renforcement de leurs aspirations. A la place, elles doivent trouver seules leur chemin, sans l'aide d'aucun adulte, dans le secret, dans le silence et dans la peur. Telle est l'enfance que de nombreuses femmes transsexuelles charrient durant leurs années de transition.Les personnes transgenres MtF peuvent suivre de nombreuses trajectoires dans leur entreprise de révéler leur identité de femme.
Dans les dernières décennies, nombre de femmes transsexuelles ont entrepris des transitions qui incluent non seulement un changement social (de genre) mais aussi une opération de réattribution de sexe et ont mené des vies accomplies dans leur nouvelle identité. Nombre d'histoires suivies par les médias ont aidé la société à devenir progressivement plus consciente, plus tolérante et plus accueillante pour ce genre de situation. La plupart des états (des Etats-Unis, ndt) ont maintenant une procédure bien établie pour mettre à jour les papiers officiels, le nom et l'identité des personnes qui ont entrepris une transition complète. Certains employeurs ont même des procédures pour faciliter de telles transitions.
Plus récemment, nombre de personnes transgenres qui n'ont pas des sentiments aussi intenses que les personnes transsexuelles ont entrepris une transition qui leur soit propre. Certaines de ses personnes ont originellement pratiqué le travestissement et arrivent enfin à accepter leurs sentiments transgenres et ont maintenant besoin d'avoir une identité féminine. D'autre sont des drag queens qui ont longtemps apprécié de participer à des spectacles mais qui doivent enfin reconnaître la force de leurs sentiments quant à leur identité mixte. La plupart de ces personnes commencent leur transition en prenant de petites quantités d'hormones (suffisamment pour qu'elles aient un effet féminisant) en recourant à l'épilation électrique pour éliminer les poils de leur visage. Une fois leur apparence suffisamment modifiées, elles passent à un mode de vie où elles assument en permanence leur féminité, changent leur voix et leur gestuelle, adoptent un prénom féminin et obtiennent une forme d'identification officielle qui reconnaît leur féminité. Elles réalisent ainsi une transition sociale SANS pour autant entreprendre d'opération de réattribution de sexe.
Comme les personnes transgenre sont devenues plus conscientes des possibilités de transition purement sociale, le nombre de ces transitions a augmenté de manière spectaculaire. Nombre de conseillers en matière de genre (cf. Partie I) voient aujourd'hui beaucoup plus de personnes transgenres- que de personnes transsexuelles, en particulier parmi leurs client/es plus âgé/es. La reconnaissance de la validité des transitions transgenres est une nouvelle tendance importante car il y a clairement beaucoup plus de personnes transgenres que de personnes transsexuelles.Certaines personnes TG entreprennent une transition vers un rôle social "transgenre" plutôt que de s'affirmer en tant que femmes. Ces personnes peuvent se sentir mal à l'aise face à la perspective de s'affirmer clairement comme des femmes, en particulier en ce qui concerne leur présentation, leur langage corporel et surtout face à la perspective d'une opération de réattribution de sexe. Elles sentent au contraire le besoin d'adopter un rôle social transgenre ou androgyne qui correspond mieux à leur sentiment d'identité. Ces personnes restent souvent ostensiblement transgenre, ce qu'elles apprécient. Leurs vies sociales et leur travail implique souvent des personnes de la communauté transgenre. Nombre d'activistes TG, de modérateurs de groupes de soutien, de porte-parole, etc., sont des personnes qui ont une identité ouvertement transgenre.
D'autres personnes vont beaucoup plus loin dans l'affirmation de leur identité sociale (mais n'ont pas d'opération de réattribution de sexe) et le font avec succès. Certaines arrivent même à être acceptées socialement (mais pas sexuellement) comme des femmes.
Ce que ce spectre de possibilités nous montre, c'est que la réussite d'une transition transgenre est fonction des buts que s'est fixé la personne. Il y a de très nombreuses destinations possibles.
Certains arrivent même à faire leur transition sans que leurs activités professionnelles n'en soient entravées. Elles informent leur employeur de leur transition, sans plus de détail sur le fait qu'il s'agit d'une transition TG plutôt que TS. La plupart des employeurs et des collègues supposent que la personne est transsexuelle, en particulier si cette dernière "passe" bien en tant que femme. Elles suivent le chemin ouvert par les personnes transsexuelles, y compris pour ce qui est du traitement hormonal, mais n'entreprennent pas d'opération de réattribution de sexe.
De telles transitions peuvent permettre aux personnes transgenre de trouver leur place dans la société. En n'entreprenant pas d'opération de réattribution de sexe, elles peuvent également avoir du plaisir avec leurs organes sexuels masculins, et fonctionnent soit comme "she-males" avec des partenaires masculins soit comme "hommes" avec des partenaires féminins.
Bien sûr qu'une utilisation informelle du terme "transition" peut amener de la confusion, même parmi les personnes TG et TS. Par exemple, si quelqu'un dit "J'ai fait ma transition en 1991", nous restons face à la question potentiellement embarrassante de savoir s'il s'agit de personnes transgenres ou transsexuelles – ce qui peut être très important dans le cadre de rendez-vous amoureux ou de recherches de partenaires. Cependant, si quelqu'un dit "je suis transgenre et j'ai fait ma transition en 1991", nous sommes au clair. De la même manière, si quelqu'un dit "je suis transsexuelle et j'ai fait ma transition en 1991", nous sommes également au clair face au statut de femme opérée de cette personne (sauf dans le cas de personnes autogynéphiles, mais elles ne s'identifient habituellement pas comme des femmes). Une personne qui est en plein "real life test" peut clarifier sa situation en disant "j'ai commencé ma transition l'année passé et j'aurai mon opération de réattribution de sexe dans une année".
Pour résumer, une personne transgenre MtF entreprend une transition sociale, afin de pouvoir vivre comme une femme transgenre dans sa vie de tous les jours. Les personnes transsexuelles MtF entreprennent une transition pas seulement sociale, mais recourent aussi à une opération de réattribution de sexe, afin de pouvoir vivre pleinement leur vie de femme, y compris sur le plan amoureux et sexuel.
Malheureusement, nombre de personnes transgenre ayant fait leur transition continuent à mal vivre leur réalité physique mélangée et craignent bien plus que les femmes transsexuelles d'être "découvertes". Nombre d'entre elles camouflent leur statut en s'affirmant comme transsexuelles. Si leur statut physique est découvert ou décrit publiquement, elles affirment alors être des personnes transsexuelles en attente d'une opération, ou même être des personnes transsexuelles "non opérées" pour expliquer leur statut ambigu.
Mais nombre de personnes transgenre sont aussi en train de comprendre que leur identité ambiguë est leur réalité, et qu'elles n'ont aucune raison d'avoir honte de se trouver au milieu des deux sexes et androgynes. Nombre de ces personnes s'affirment alors ouvertement comme transgenres et sont en paix avec cette situation. En étant ouvertement transgenres, elles fournissent également des modèles pour d'autres personnes qui ne souhaitent pas aller "jusqu'au bout".
Il est évident qu'aucune personne transgenre ne devrait jamais subir de pression pour la pousser à entreprendre une opération de réattribution de sexe. De telles pressions proviennent de personnes engoncées dans un modèle des genres bipolaire (typique du patriarcat, ndt) qui exclut tout intermédiaire entre les hommes et les femmes. Aucune des personnes transgenres ne devrait se sentir forcée de se dire "en attente d'opération" ou"sans opération", ou devoir mentir et se représenter comme des personnes opérées. Il doit être normal de pouvoir dire "je suis transgenre", si cela correspond à sa propre identité.De la même manière, les femmes transsexuelles qui entreprennent une transition TS – et qui sont réellement des femmes – ne devraient jamais se voir dire "qu'elles obéissent à une perception stéréotypée de la féminité" ou qu'elles devraient être parfaitement heureuses sans opération et ne pas entreprendre "cette mutilation". Nombre de personnes dans les communautés gays, lesbiennes, féministes et même dans les communautés transgenres disent de telles horreurs à de jeunes femmes TS, signe qu'elles n'ont aucune compréhension de la profondeur (et de la nature, ndt) des sentiments transsexuels de ces femmes, et du besoin impératif qu'elles ont d'une transition complète.
Chaque personne doit être à même d'entreprendre la transition dont elle a besoin, sur la base de son propre sentiment d'identité – qu'elles ne correspondent pas aux stéréotypes en matière de genre, androgynes, transgenres à quelque degré que ce soit, ou qu'elles entreprennent une transition TS complète. Elles doivent être libres de vivre et d'affirmer l'identité qui est la leur, sans pression des autres, et sans se trouver marginalisées pour être fidèles à elles-mêmes. Elles devraient aussi se sentir libre d'admettre ouvertement leur identité, où qu'elles se trouvent dans le spectre des genres, plutôt que d'en avoir honte, de devoir se cacher ou de se sentir contraintes de mentir pour se protéger.
Nous espérons que la société va commencer à reconnaître la validité et l'authenticité des personnes transgenres dont l'identité est ambiguë, et qu'elle leur accordera la place qui leur revient, sans les forcer à entreprendre une opération de réattribution de sexe, tout comme elle le fait pour les femmes transsexuelles qui ont entrepris une transition complète, opération comprise.Etant donné le manque de compréhension généralisée et la confusion au sujet des différences entre personnes gays et transgenres, les discriminations et les crimes haineux à l'encontre des personnes transgenres sont presque toujours pris comme des attaques contre les personnes homosexuelles. La vaste majorité des crimes haineux contre les gays sont en fait des crimes contre des personnes qui ne correspondent pas aux standards en matière de genre, qu'elles soient travesties, drag queens, transgenres ou transsexuelles.
Les agresseurs eux-mêmes croient s'attaquer à des "gays" quand ils s'attaquent à ces personnes. Certaines victimes sont simplement des hommes à l'apparence féminine ou des femmes à l'apparence masculine qui ne sont ni gays ni transgenres. De plus, les hommes gays qui sont aussi victimes de ces agressions sont le plus souvent de jeunes hommes, plutôt petits, à l'apparence efféminée et qui paraissent correspondrent au "stéréotype du gay" (i.e. Ils sont efféminés). Ce qui semble déclencher la rage des agresseurs et des attaques monstrueuses, c'est l'apparence de la féminité et de la vulnérabilité chez des hommes. Un exemple tragique est celui de Mathew Shepard, un jeune et tout particulièrement bel homme, sensible, qui a été battu et torturé à mort dans le Wyoming en 1998.Par exemple, l'agression mortelle contre Barry Winchell dans une base de l'armée américaine dans le Tennessee a été initialement qualifiée de "crime haineux contre un gay", tant par les activistes des groupes gay que par les médias. Mais son partenaire n'était pas un autre homme – il n'a jamais eu de relation avec des hommes – mais une jeune et jolie jeune femme transgenre appelée Calpernia Addams. Callie était artiste dans un show "drag" d'un night club fréquenté par les soldats. Ils s'y étaient rencontrés, avaient commencé à se voir et étaient tombés profondément amoureux. Barry était un homme hétéro classique, aimait les belles femmes, et acceptait complètement Callie en tant que femme malgré son statut TG. Il a ensuite été battu à mort par un autre soldat lors d'une explosion de rage homophobe à cause de sa relation avec Callie. Après ce tragique événement, Callie a été décrite par les médias comme un homme gay plutôt que comme une femme transgenre. Elle a délibérément été maintenue de côté pour éviter qu'elle ne révèle son statut. Cet aspect de l'histoire a finalement été révélé par un article du reporter David France intitulé "une femme gênante"("An Inconvenient Woman") dans le New York Times du dimanche 28 mai 2000.
Au cours de l'été 2002, Callie a bénéficié d'une opération de réattribution de sexe, ce qui a achevé sa transition TS et elle vit maintenant pleinement sa vie de femme. En 2003, un film intitulé "Soldier's Girl", diffusé en avant première au "Sundance Movie Festival", raconta l'histoire de sa relation amoureuse avec Barry Winchell et sa fin tragique. Calpernia a écrit un livre intitulé " Mark 247 " au sujet de sa vie, et elle fait vivre un site de soutien très vivant pour les personnes TG/TS.Une longue série d'assimilations délibérées et trompeuses de la part d'activistes gays, comme dans le cas de Calpernia Addams ont créé de fortes tensions entre les activistes gays et les personnes TG/TS. Ces assimilations ont également eu pour effet un plus grand isolement social et une plus grande invisibilité des personnes transgenres. De plus, nombre des plus célèbres gays tels que l'écrivain Jim Fouratt, nombre de féministes célèbres tels que Germaine Greer et Janice Raymond sont violemment transphobes et ont ouvertement oeuvré contre tout effort pour réduire les discriminations contre les personnes TG/TS.
J. Fouratt s'est acquit une sinistre réputation parmi les personnes TG/TS pour son assimilation des personnes transgenres aux personnes homosexuelles, pour assimiler une transition à une "thérapie de conversion anti-gay", et pour avoir écrit que les femmes transsexuelles opérées sont juste des "hommes gays en pleine confusion" qui ont subi une mutilation chirurgicale....
G. Greer est connue pour sa violente opposition à toute opération de changement de sexe et pour essayer d'inclure la transphobie dans les théories féministes traditionnelles. Sa surprenante colère face à la simple existence de personnes transsexuelles est si forte qu'elle l'a poussé (avec d'autres féministes) à entreprendre une chasse aux sorcières et à "dénoncer" publiquement des femmes transsexuelles opérées durant les années 80 et 90 (y compris la physicienne Rachel Padman de l'Université de Cambridge).
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J. Raymond, professeure à l'université du Massachusetts, est largement connue parmi les cercles féministes et lesbiens pour son ouvrage violemment transphobe "The Transsexual Empire: The Making of the She-Male", un livre qui a fortement influencé les premières approches féministes au sujet des femmes transsexuelles. Elle y condamne les femmes opérées les assimilant à des "hommes engagés dans une conspiration destinée à créer des femmes artificielles dont le but et de satisfaire les fantasmes sexuels des hommes". Elle voue les femmes transsexuelles au pilori en les accusant d'être des outils du système patriarcal qui renforcent les stéréotypes au sujet des femmes. Une deuxième édition de cet ouvrage violemment transphobe, datée de 1994, a été inclus dans de nombreux cursus d'études féminines des plus grandes universités, ce qui contribue à renforcer la stigmatisation des femmes transsexuelles parmi une nouvelle génération de "féministes académiques" dans les universités américaines.
Les attaques répétées de personnes comme Frank, Fouratt, Greer et Raymond ont contribué à créer une transphobie réflexe dans la culture des plus anciennes générations des gays, de lesbiennes et de féministes. C'est au point que, dans ces cercles, il est de très bon ton d'être "opposé à toute forme de transition pour les personnes transgenres et transsexuelles", quand on est un gay, une lesbienne et/ou une féministe "bien informé/e"
Cette posture est très difficile à comprendre pour les jeunes femmes transsexuelles qui sont souvent très libres dans leur pensées (et donc assez fortement féministes) et parmi lesquelles on trouve de nombreuses lesbiennes. Il faudra des années d'efforts de la part des personnes des communautés gays, lesbiennes et féministes pour surmonter le ressentiment persistant dû à cette stigmatisation.
Sur un autre plan, il y a aussi tout un pan des gays et des lesbiennes qui essaient de "normaliser" l'image des personnes homosexuelles. Ils désirent faire en sorte de paraître "comme n'importe qui et veulent éliminer les stéréotypes selon lesquels "les gays ont des apparences transgenres". Contrairement aux activistes qui affirmaient que Calpernia Addams était "un gay", ces personnes ne veulent surtout pas récupérer des "victimes trans" comme étant des leurs – ni ne veulent rien avoir à faire qui puisse les faire assimiler à des "personnes trans". Ce groupe a de plus en plus tendance à stigmatiser les personnes transgenres dans certaines parties de la communauté gay, d'une manière qui ressemble à ce qu'ont subi les gays de la part des travestis hétéros.
Miranda Stevens-Miller, une activiste célèbre de Chicago a écrit avec beaucoup d'éloquence à ce sujet, décrivant comment ce nouveau problème contribue à l'isolement et à la stigmatisation des personnes trans:
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Ceci nous montre combien les personnes trans sont vues comme une "source d'embarras et de gêne" par certains gays et lesbiennes parce qu'ils ont peur que nous renforcions les stéréotypes à leur encontre dans l'esprit du public, stéréotypes qu'ils font tout pour effacer. De plus, nombre de leurs leaders ont développé une forte transphobie dans les cercles gays, lesbiens et féministes. Et, quand nous sommes victimes de crimes haineux, nous sommes récupérées comme "gays" par les activités dont le but est de remplir leurs caisses de dons. Il est clair que nombre de gay, lesbiennes et féministes de la première génération ont des sentiments très étrangement mêlés au sujet des trans, et il faudra qu'une nouvelle génération prenne leur place avant de voir des changements importants.
Mais il y a des signes que ces changements ont commencés. La National Center for Transgender Equality (NCTE)" et la "National Transgender Advocacy Coalition (NTAC)" are currently leading the struggle for human rights for transgendered people in the U.S., et en coordonnant ses efforts avec quelques organisations qui s'occupent des droits des personnes homosexuelles. Plusieurs groupes tel que le "Gay and Lesbian Alliance Against Defamation (GLAAD)" et le "Human Rights Campaign" ont finalement adopté des politiques qui tiennent compte des personnes TG/TS et fournissent un grand soutien pour mettre fin aux discriminations contre les personnes TG/TS.D'autre part, le "National Center for Lesbian Rights (NCLR)" à San Francisco, un nouveau groupe important dans les efforts pour assurer aux femmes homosexuelles des droits en matière d'emploi, de protection sociale et familiale, a aussi travaillé sur des cas judiciaires très importants concernant des personnes transgenres. Ce groupe a réuni sur ces cas des avocates très talentueuses et elles sont vraiment en train d'obtenir des succès importants.
Cette défense très efficace des droits des personnes trans par les avocates pragmatiques et soucieuses des droits sociaux de NCLR (qui sont pour la plupart elles-mêmes lesbiennes) est un des premiers signes d'une nouvelle vague de coopération entre groupes LGBT qui permet de résoudre des problèmes très réels et très concrets de droits humains. Cette attitude fait un grand contraste avec les théories paternalistes et les stigmatisations des personnes transsexuelles par des transphobes comme Frank, Fouratt, G. Greer et J. Raymond.
L'idée qu'un "mâle" puisse prendre des hormones puis s'habiller comme une femme et devenir un/e prostitué/e "she-males" est ressentie comme la pire des dégradations par la plupart des gens. Même de nombreuses femmes TG, au moins pour celles qui ont un emploi et une insertion sociale stable regardent ces personnes de haut – pensant que ce qu'elles font est dégoûtant et "quelles donnent à toutes les femmes transgenre une réputation détestable". Cependant, si vous essayez de comprendre à quoi le monde ressemble au travers des yeux de jeunes femmes TG/TS sans emploi et à la rue, vous comprendrez que le fait de se prostituer n'est pas ressenti comme une dégradation.
Pour nombre d'entre elles, arriver à séduire des hommes hétéros et faire en sorte qu'ils les désirent au point de vouloir payer pour leurs faveurs est une puissante affirmation de leur capacité de séduction et de leur féminité et est une puissante récompense émotionnelle. Avec l'argent qu'elles gagnent, elles peuvent s'acheter de beaux vêtements, plus d'hormones et se rendre encore plus séduisantes pour les hommes. Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que nombre de ces filles des rues, sans document d'identité correct, sans possibilité de trouver un emploi normal et un logement décent, exclues de toute possibilité d'une vie amoureuse normale se retrouvent dans la prostitution. Pour plus d'explications sur ce sujet, consultez la rubrique de Kyle Scanlon sur ce sujet. Afin de mieux comprendre pourquoi ces personnes se retrouvent dans la prostitution ainsi que les nombreux problèmes de santé auxquels elles doivent faire face, consultez aussi l'article du Boston Globe sur la prostitution des personnes transgenres à Boston. Voici un extrait de cet article:'"Nombre de personnes transgenres recherchent la validation d'un partenaire sexuel. S'il est le seul à leur dire 'Je te vois telle que tu es; tu es une fille, tu es une femme' ceci est extrêmement important pour elles", indique Grace Sterling Stowell, une femme transgenre qui est directrice exécutive de la " Boston Alliance of Gay, Lesbian, Bisexual and Transgender Youth". Tinoyia confirme ses propos: "ils nous permettent de nous sentir toutes entières telles que nous sommes". |
Il faut pouvoir percevoir la réalité de ces filles qui recherchent avec l'énergie du désespoir une forme d'acceptation sociale de leur identité de femme, même si elle provient de la vente de faveurs sexuelles, pour comprendre ce qu'elles ressentent et pourquoi elles agissent ainsi. Alors, vous ne les verrez plus comme "des garçons pervertis", mais comme des "travailleuses de la nuit" puisque c'est le seul moyen de survie et d'insertion sociale qui leur est offert.
Les personnes les plus séduisantes peuvent parfois quitter la rue et travailler comme "call-girls", qui vendent leurs services "d'escorte" via le web. Ces femmes ont habituellement un long traitement hormonal derrière elles, ont réalisé une transition transgenre et vivent comme des femmes. Nombre d'entre elles ont entrepris des modifications cosmétiques comme un agrandissement des seins, voire une féminisation de leur visage par voie chirurgicale (FFS). Il y a un grand nombre de ces "she-males" sur le web partout dans le monde. La clientèle de la plupart de ces personnes est constituée d'hommes hétéros, pas de gays.Vous pouvez voir combien certaines de ces filles sont séduisantes, et le monde dans lequel elles vivent, en visitant des sites comme Sun Moon et Stars Transsexual Top 100 et Shemales Amateurs around the WWWorld. (AVERTISSEMENT: le contenu de ces sites est fortement pornographique). Bien que ces personnes aient des organes sexuels masculins, leur corps est autrement celui de femmes très belles et séduisantes. Nombre d'hommes hétéros sont puissamment attirés par elles, au moins tant qu'elles sont jeunes, et avant que leur apparence ne se mette à décliner sous l'effet de la testostérone combiné avec celui de l'âge.
Même si elles n'ont pas de documents d'identité appropriés, ni d'historique professionnels (et sont donc incapables de trouver un emploi normal), certaines de ces personnes les plus séduisantes peuvent gagner assez d'argent en tant que "call-girl" pour financer les opérations et les traitements qui leur permettent d'achever leur transition TS. Mais c'est une course désespérée contre le temps et les effets des hormones, alors qu'elles luttent dans un monde dangereux pour réunir assez d'argent pour corriger leur corps avant de perdre leur capacité de séduction.
Le monde est très dangereux pour ces filles. Quelques unes y arrivent, mais la plupart échouent – comme dans le cas d'Amanda Milan, une jeune et jolie escorte transgenre qui a été vicieusement et brutalement tailladée à mort dans les rues de New York alors que les passants encourageaient son tortionnaire.La confusion persistante entre les personnes TG/TS et l'homosexualité a maintenu les "travestis des rues" dans le collimateur de la société. Encore pire, le sida a commencé à balayer cette communauté par une épidémie qui est distincte de celle de la communauté gay. La confusion entre ces deux groupes a contribué à cacher une véritable urgence en matière de santé publique et des tragédies sans nombre (consultez par exemple l'article de Salon.com intitulé " A Plague Undetected " et aussi les récents articles du Boston Globe sur le même sujet).
Les responsables de la santé publique ont fini par rendre conscience de l'existence de ces enfants. En 1999, l'Association Américaine de Santé Publique (APHA) a émis un avertissement majeur afin d'alerter la communauté médicale du problème des jeunes transgenres. Pour plus d'information sur ce problème, Consultez les articles de 1999 de IJT intitulés "HIV Risk Behaviors of Male-to-Female Transgenders in a Community-based Harm Reduction Program", et "HIV Prevention and Health Service Needs of the Transgender Community in San Francisco".
Au fur et à mesure que ces problèmes sont devenus plus visibles, certaines villes comme San Francisco ont commencé à fournir des traitements hormonaux gratuits aux enfants des rues, de l'assistance pour obtenir des documents d'identité adaptés, une aide pour trouver un emploi ainsi qu'une sensibilisation en ce qui concerne le sida et des relations sexuelles sûres. Visitez par exemple le site web de la clinique transgenre du département de santé publique de San Francisco. Ces services ont pour but d'aider ces enfants à réduire au minimum la réutilisation d'aiguilles en cas d'injection d'hormones, à éviter les relations sexuelles non protégées et à réduire leur dépendance de la prostitution. En fournissant ce type d'aide à des adolescentes encore jeunes, on espère leur permettre de vivre des vies plus sûres et d'augmenter leurs chances de pouvoir obtenir un emploi ainsi que les moyens nécessaires pour terminer leur transition TG ou TS.
Les difficultés auxquelles font face les travestis des rues sont bien comprises par de nombreux enfants trans, qui font tout pour cacher leur condition à leur famille afin d'éviter de se retrouver à la rue. Mais ces enfants souffrent eux aussi. Ils retardent la recherche d'aide par peur de se retrouver rejetés de leurs maisons, et souvent attendent de nombreuses années avant de commencer leur transition. En retardant le début de leur traitement hormonal, leur corps subit une forte virilisation sous les effets de la testostérone, effets qu'il sera souvent difficile voire impossible à compenser.
Nous espérons que la société continuera à mieux comprendre ces conditions ainsi que les options réparatrices à disposition. Un plus grand nombre d'enfant pourront alors parler de leur condition à leurs parents et trouver l'aide dont ils ont besoin alors qu'ils sont encore jeunes.Les enfants transgenres qui sont aidés par leur famille:
Dans certains cas, les familles acceptent leur enfant et essaient de les aider. Au fur et à mesure que l'information au sujet du transsexualisme et des identités transgenres sont de plus en plus diffusées, certaines familles comprennent mieux cette condition et ne réagissent plus en jetant dehors leur enfant. Ces familles ont plus de facilités à trouver de l'aide et un soutien médical pour leur enfant. Ces derniers, même s'ils proviennent de familles modestes, peuvent entreprendre leur transition durant leur adolescence. Comme nous le verrons dans le chapitre II, trouver de l'aide et réaliser sa transition tôt dans la vie est extrêmement utile pour les personnes transsexuelles et celles qui ont des sentiments transgenres très forts.
Il existe un très beau livre pour les adolescentes transsexuelles et pour leurs parents "Maman, J'ai besoin d'etre une fille" raconte l'histoire de la transition d'une jeune adolescente avec l'aide active de sa mère. Ce livre montre comment la mère de Danielle l'a aidée à trouver son chemin au travers du labyrinthe des problèmes auxquels ces adolescentes font face, en particulier au sujet de l'école et au sujet des relations avec les autorités et comment il est possible de faciliter leur transition. Bien que ce petit ouvrage soit épuisé, vous pouvez le consulter sur le site web de Lynn Conway, en suivant ce lien:
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Anglais, Deutsch, Espagnol, Français, Portugais
Danielle a eu beaucoup de chance de pouvoir bénéficier de l'aide active de sa mère et aussi de pouvoir obtenir celle des administrateurs et des enseignants de son école. Nous espérons qu'un nombre croissant d'écoles et d'institutions sociales vont accepter et aider des filles comme Danielle durant leur transition et vont aider à empêcher les discriminations et les harcèlements afin d'augmenter leurs chances de succès. L'histoire de Danielle montre comment on peut y arriver, et la lire peut être utile pour les adolescentes et leurs familles.
Au chapitre II (transsexualisme), nous allons voir que nombre d'autres jeunes filles TG/TS ont été aidées par leurs familles et ont tiré un immense parti de pouvoir faire leur transition durant leur adolescence. Nombre d'autres histoires de femmes ayant pu réaliser leur transition tôt figurent dans les témoignages du site de Lynn. Toutes ces histoires peuvent donner de l'espoir à ces adolescentes et à leurs familles.Bien que les temps aient beaucoup changé, et bien que beaucoup plus d'informations et d'aide soient disponibles pour les adolescentes TG/TS et pour leurs familles, la transition reste une entreprise extrêmement dangereuse. L'adolescence est une époque à laquelle de nombreux jeunes hommes, pleins de testostérone, ont des tendances très violentes alors qu'ils essaient de faire face au défi de "prouver qu'ils sont des hommes". Des groupes de jeunes hommes agressifs sont particulièrement susceptibles de devenir violents contre des jeunes filles et des femmes TG/TS. Ceci est particulièrement fort dans les communautés afro-américaines et hispaniques, où l'expression de la violence contre les "pédés" est particulièrement répandue parmi les jeunes hommes qui essaient d'être "macho" (il y a très probablement des situations tout aussi problématique en Europe, ndt.
Les conséquences terribles de cette violence font trop souvent la une des journaux, comme dans le cas du meurtre de Gwen Araujo. Gwen était une adolescente hispanique de 17 ans à Newark en Californie. Elle espérait pouvoir bénéficier de l'opération de réattribution de sexe qui lui permettrait enfin de restaurer son vrai visage de femme. Elle vivait sa transition depuis plusieurs années avec le plein soutien de sa mère et il est très probable qu'elle aurait pu l'achever. Cependant, lors d'une fête en octobre 2002, plusieurs jeunes hommes particulièrement violents et brutaux ont découvert son statut et l'ont battue et étranglée à mort avec une corde alors que les autres participants ne faisaient que de regarder. Son meurtre tragique a choqué la région libérale de la Baie et a rappelé les dangers auxquels font face les adolescentes TG/TS. (Malheureusement, nombre d'articles de presses se sont référés à Gwen avec les prénoms "Eddie" et le pronom "lui", ignorant et déniant sont statut de jeune femme transsexuelle).Dans les dernières années, un nombre croissant de communautés aux Etats Unis ont pris conscience des discriminations et des crimes haineux contre les personnes TG/TS, et les personnes sont surprises d'apprendre que les lois contre les discriminations qui s'appliquent aux personnes homosexuelles sont sans effet pour les personnes transgenres et transsexuelles.
En réponse, nombre de cités et deux états (le Minnesota et le Rhode Island) ont étendu leur loi anti-discrimination afin d'étendre la protection qu'elle fournit aux personnes TG/TS. Pour une carte et une liste des juridictions qui fournissent une telle protection, veuillez consulter le site de l'Institut pour les lois et les politiques transgenres.
Le changement légal récent le plus important a eu lieu à New York, le 30 avril 2002, quand le maire Michael Mloomberg a signé un texte de loi qui étend la protection des droits humains à toutes les personnes qui ne correspondent pas aux stéréotypes en matière de sexe, y compris les travestis, les drag queens, et les transsexuels qui ont ou qui vont être opérés. L'éditorial du New York Times du 1er mai 2002 disait que "la nouvelle loi passée par 45 voix contre 5 au Conseil de la Ville est un pas très important pour lutter contre les préjugés et pour protéger les droits de certains des citoyens les plus vulnérables de la ville". Pour plus d'information sur cette nouvelle loi, consultez l'article de Planet out "New York OKs transgender protections". Consultez également le site de NYAGARA et la récente dépêche de presse de l'Institut pour les lois et les politiques transgenres concernant la manière dont les activistes ont travaillé pour réussir à faire passer cette nouvelle loi.
L'année 2002 est devenue une vague de succès pour les droits des personnes TG/TS: à la suite de la ville de New York, les cités de Dallas, Philadelphia, Boston et Chicago ont à leur tour modifié leur législation pour fournir des protections semblables pour les personnes transgenres. Le précédent établi par ces cités va affecter les politiques de nombreuses autres villes américaines dans les années à venirLe site de Lynn décrit les perspectives du point de vue d'une personne qui vit et qui réalise sa transition aux Etats Unis. Cependant le transsexualisme et les identités transgenres sont répandus dans toute l'humanité. De partout dans le monde des femmes ont cherché des moyens de résoudre leur condition. Chaque pays a sa propre approche de la prise en charge des personnes TG/TS. Les personnes en transition ont, hélas, souvent avantage à rechercher des services médicaux, ou de l'aide ou un passeport d'un autre pays que celui de leur naissance. Lynn elle-même a dû sortir des Etats-Unis pour son opération de réattribution de sexe en 1968, à une époque où ce genre d'opération était très rarement possible aux USA.
Chaque aspect de la vie pendant et après la transition est affecté par sa nationalité et sa culture. Différents pays ont des coutumes, des conditions sociales, des tabous, des lois et des contraintes bureaucratiques concernant la transition totalement différentes d'un pays à l'autre. Sa propre nationalité a donc un impact immense sur la difficulté de mener à bien sa transition, et sur le degré avec lequel la personne en transition est acceptée et sur ses opportunités après la transition.
Nous pouvons nous rendre compte des immenses variations de la vie des personnes TG/TS selon le pays en comparant (i) la facilité d'accès au traitement, (ii) la source de financement du traitement (iii) la réaction sociale à cette condition (iv) le degré d'acceptation des femmes après la transition (v) le statut légal avant/après la transition (vi) les possibilités de démarrer une "nouvelle vie" et (vii) les possibilités d'accès à un travail avant, pendant et après la transition. Pour une esquisse de ces comparaisons, veuillez vous référer à la page de Lynn qui traite des différences de vie selon les pays:
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En parcourant le monde, nous constatons que les sociétés les plus vieilles, plus traditionnelles (i.e. Patriarcales, ndt), post-coloniales, médiévales et du tiers monde traitent ouvertement les femmes TG/TS de la même manière qu'ils ont toujours traité TOUTES les femmes rejetées. Dans les sociétés traditionnelles/médiévales, toute jeune femme qui ne dispose pas du soutien de sa famille ou de ses propres ressources financières devient totalement exclue socialement. Il ne lui reste alors que peu de choix: soit elle se prostitue, soit elle se contente des travaux les plus méprisés, soit elle mendie (soit elle se suicide, ndt).
En déplaçant notre regard vers des sociétés plus avancées, nous trouvons des conditions plus supportables pour une transition. Les femmes ne sont plus ostracisées ni envoyées dans un ghetto. Dans les plus avancées, nous trouvons des opportunités toujours meilleures pour l'accès à un emploi et même pour mener une vie normale après la transition (en tout cas pour les personnes qui "passent" bien, ndt). Nous espérons que ces avancées qui se produisent aujourd'hui dans quelques pays vont permettre aux autres d'améliorer rapidement la manière dont ils prennent en charge ce problème, en particulier sous l'influence des médias et des moyens de communication modernes.
Vous pouvez avoir une meilleure image des grandes différences dans les vies des personnes TG/TS selon leur pays de résidence en comparant les histoires individuelles des personnes qui ont fourni leur témoignage. Ceux-ci incluent des personnes de toute la planète.Le rôle très important d'Internet pour aider les personnes transgenres et transsexuelles:
Internet joue aujourd'hui un rôle puissant dans les vies des personnes TG/TS de tout le monde occidental. Des personnes de tous types, de tous âges et de toutes nationalités peuvent se rencontrer via le net, peuvent rencontrer d'autres personnes qui ont une situation semblable à la leur et trouver des ami/es avec qui partager leur propre expérience. Dans le passé, de très nombreuses personnes souffraient d'un sentiment très fort de solitude et n'avaient pas les moyens de comprendre leur situation. Elles ressentaient souvent de la gêne et de la honte et avaient l'impression d'être les seules à avoir de telles questions. Aujourd'hui une recherche toute bête avec les mots "transgenre" ou "transsexuel/le" et un moteur de recherche permet de trouver une vaste palette d'informations et de soutien. Ceci a permis à des communautés virtuelles de se créer et les personnes peuvent s'apporter un soutien mutuel très important.
Le réseau est utilisé par des personnes de tout le spectre TG. Il est largement utilisé par les travestis pour s'acheter des vêtements, pour former des clubs, pour organiser des rencontres et pour publier des photos de leurs activités. Il est aussi intensivement utilisé par les personnes intensivement transgenres et par les femmes transsexuelles pour prendre connaissance des différentes options à leur disposition pour résoudre leur situation, pour apprendre comment entreprendre une transition et pour s'informer des détails des traitements et des opérations dont elles vont bénéficier.
L'Internet ouvre la porte à un traitement plus humain des personnes qui ne correspondent pas aux stéréotypes patriarcaux en matière de genre, en particulier pour ce qui concerne les adolescent/es et pour leur permettre de trouver de l'aide beaucoup plus tôt dans leur vie. Il y a une large palette de sites d'information que ces jeunes peuvent contacter pour obtenir de l'aide, y compris des sites clefs qui sont largement utilisés par toute la communauté TG/TS. Comme exemples, regardez les sites listés dans la page traitant des ressources disponibles pour les femmes transsexuelles et TG/TS/IS Links page sur le site de Lynn.
Nombre de personnes TG/TS publient leur histoire et d'autres informations à leur sujet sur le web. C'est devenu un moyen classique de partager son histoire avec d'autres et ainsi de faire des connaissances dans la communauté TG/TS. Nombre de personnes en transition informent également leurs proches en construisant un site. Ils peuvent raconter leur histoire et fournir des références sans devoir couvrir tous les détails avec tous les membres de leur famille. Nombre de personnes en transition se révèlent virtuellement sur le web, tout en utilisant un pseudonyme ou juste leur prénom. Elles peuvent ainsi tout à la fois protéger leur sphère privée et parler ouvertement de leur histoire, en allant jusqu'à inclure des photos sur leur site.
Voici quelques exemples de sites TV/TG/TS populaires qui donnent un aperçu de cette activité (regardez les icônes ci-dessous):
ABGender.com est un site très populaire parmi les travestis et les femmes transgenres pour les achats. Le site de Vicki Rene "Prettiest of the Pretty" a de nombreux exemples de photos de personnes travesties et de longues listes de personnes TG. Des listes étendues telles que celle de "Fiona's Fantasyland", le répertoire de Susana Marques et " URNotAlone" ("you are not alone" – "Vous n'êtes pas seul/es", ndt) contiennent des listes de milliers de sites web de personnes du monde entier. Bien que ces sites concernent essentiellement les travestis, ils incluent aussi des femmes transgenres ayant réalisé leur transition, des "she-males" et des personnes transsexuelles opérées et donne une bonne vue de leur situation. Vous constaterez que le nombre de personnes de chaque groupe est en gros proportionnel à leur prévalence dans la population. Pour quelques centaines travestis, il y a une douzaine de personnes transgenres et 2-3 femmes transsexuelles opérées.
Le site merveilleux de Lorna Lynn " Midsummer Night's Dream" contient des histoires plus détaillées et des photos de femmes TG et TS intéressantes. Il y a aussi des listes d'adresses électroniques et des références de forums qui aident à organiser des groupes de soutien informels pour de nombreuses personnes. Un bon exemple est le site d'aide à la transition " BeginningLife" pour les personnes TG/TS.Voici certains des sites les plus populaires dans le monde des travestis,
des personnes transgenres et transsexuelles:
Washington, D.C. Political lobbying group for trans rights: |
Le résultat de toute cette activité sur le Web est que la communauté TG est en train de s'organiser rapidement. Le grand nombre de sites web permet à de plus en plus de personnes de ne plus se sentir seules, de ne plus avoir honte de leur identité. Le web leur fournit un moyen d'explorer leurs problèmes d'identité, de trouver de l'information utile et de trouver des ami/es avec qui partager leurs expériences.
L'usage d'Internet a permis à la communauté TG, totalement dispersée, de trouver des moyens de se réunir, de coordonner son action pour pousser des changements de loi avec des résultats excellents durant les dernières années – y compris avoir réussi à pousser des cités majeures à adopter des lois protégeant les droits des personnes TG/TS.
Dans ce processus, le web aide à mettre un visage plus réaliste sur la condition des personnes TG/TS, et contribuer à lutter contre les vieux stéréotypes. Les personnes TG et TS peuvent enfin prendre le contrôle de leur propre destinée. Ce qui est probablement le plus important, nous pouvons faire entendre notre propre voix et nous pouvons parler en notre nom. Nous racontons nos histoires en grand nombre, au lieu de passer notre temps à nous cacher et à laisser d'autres parler à notre sujet. De bons exemples de personnes qui parlent à haute voix et qui acceptent d'être visibles figurent dans les pages de témoignages de Lynn.
L'identité sexuelle d'une personne est l'une de ses caractéristiques les plus essentielles. Etre forcés de se conformer à des rôles beaucoup trop étroits, totalement rigides d'expression cause d'énormes souffrances aux personnes transgenres et transsexuelles (et à des millions d'autres aussi! Ndt). Etre forcé de grandir et de vivre dans un corps qui n'a pas le bon sexe et dans un rôle qui n'est pas le bon est une expérience terrifiante que vivent tous les enfants transsexuels. Ces situations peuvent mener les personnes à être complètement perdues, à une angoisse intense, et peuvent empêcher de cueillir les fruits de la vie tels que le bonheur profond de trouver un/e partenaire et de faire l'amour. Heureusement, la société (en tout cas dans le monde occidental) rend la transition des personnes TG/TS plus facile et leur permet d'explorer les possibilités d'expression de leur propre identité. Nombre de solutions sociales, médicales, et chirurgicales sont maintenant disponibles pour diagnostiquer, traiter et corriger les conditions TG et TS les plus intenses.
Mais l'assistance pratique et les techniques médicales sont souvent en avance par rapport aux religions et aux institutions politiques et légales. Des enfants TG/TS sont encore jetés à la rue par leurs familles, des personnes TG et TS sont encre trop souvent ridiculisées et stigmatisées pour le seul fait d'essayer de résoudre leur problème, notre société tend encore à marginaliser et à stigmatiser ces personnes, même une fois qu'elles ont réalisé leur transition, et quand bien même cette dernière serait complète.
Avec le temps, la science va progressivement mettre en lumière les causes des identités transgenres et de la transsexualité. Il est probable que les preuves actuelles qui suggèrent que l'identité sexuelle est déterminée avant la naissance vont s'en trouver renforcée. En même temps, des améliorations en matière de technologies médicales et la rapide diffusion via le net des informations quant aux traitements disponibles vont permettre d'améliorer encore les options médicales et chirurgicales déjà disponibles. Avec une meilleure connaissance des options disponibles, et avec des techniques aux résultas encore améliorés, la société devra inévitablement prendre en charge de manière plus humaine les personnes TG/TS, en particulier en ce qui concerne l'adolescent/es transsexuel/les. Pour une discussion plus approfondie des questions liées à ces derniers, consultez l'article de Salon.com du 28 août 1999 intitulé "Teen transsexuals: When do children have a right to decide their gender?"
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V-12-05-05
LC updated posting of 2-26-06