Différences dans la situation des personnes TG et TS selon le pays
par Lynn Conway
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[V 4-19-06]

 

[Note: Cette page et ce site traitent essentiellement des femmes transsexuelles (MtF) et de leur transition.
Si vous souhaitez avoir plus d'informations au sujet des personnes FtM et de leur transition, veuillez consulter des sites
comme FtM international ainsi que la page des témoignages d'hommes ayant réussi leur transition.]
 
Traduction par Marie-Noëlle
Anglais, Español, Português, Русский

 
Les pages de Lynn au sujet du transgenderisme et du transsexualisme sont écrites de la perspective d'une personne qui vit et qui a fait sa transition aux Etats-Unis d'Amérique. Cependant, le transsexualisme et le transgendérisme ont toujours été des réalités "internationales". Les filles de toute la planète out souvent regardé par dessus les frontières de leur propre pays quand elles ont essayé d'échapper aux pièges dans lesquels elles se trouvaient. Chaque pays a mit un accent particulier dans sa manière de traiter les personnes TG et/ou TS et les personnes en transition peuvent souvent trouver des avantages particuliers en adoptant les services médicaux ou la citoyenneté d'autres pays que le leur. Lynn elle-même a dû se rendre à l'étranger pour sa propre opération de réattribution de sexe en 1968, à une époque où ces opérations étaient rarement autorisées ici.
 
Chaque aspect de la vie pendant et après la transition est affecté par notre nationalité et par notre culture. Des pays différents ont des coutumes, des traditions sociales, des tabous culturels, des règles légales et des règles administratives très différentes en ce qui concerne la condition des personnes TG/TS et leur transition. Chaque pays a aussi un degré d'ouverture plus ou moins grand en ce qui concerne l'acceptation des personnes en transition et leurs opportunités de vivre une vie heureuse après la transition.
Historiquement, nombre de cultures en dehors du monde occidental ont depuis longtemps reconnu et donné une place aux personnes transgenres, et elles l'ont fait de manières très différentes. Même quand ces cultures n'ont pas été colonisées politiquement et militairement par le monde occidental, leur désir d'adopter les valeurs occidentales a souvent eu pour résultat la répression ou même l'élimination des minorités de personnes gender variant. Dans certains pays, on se souvient encore de ces minorités au travers de la tradition orale, alors que dans d'autres elles ont tout juste pu survivre, parfois clandestinement ou dans des zones géographiquement éloignées qui sont considérées comme "arriérées". Maintenant que la culture occidentale a commencé à accepter (ou tout au moins à tolérer, ndt) les minorités en matière de sexe et de genre, ces groupes émergent de l'ombre. On trouve, par exemple les fa’afafine et les mahu de polynésie, les takataapui de la culture maori en Nouvelle Zélande, les khanith and mukhannath de la péninsule arabe, les muxe du Mexique, et les Two-Spirit natifs d'Amérique du Nord (incluant les nadle parmi les navajos et les winkte de la tribu des Lakotas).  Un autre important exemple est les Hijras, qui existent en grand nombre en Inde et au Bangladesh (voir ci-dessous). Et il y en a sûrement d'autres.
Nous pouvons visualiser les immenses variations de pays en pays dans la vie des personnes TG/TS, et même parmi les pays occidentaux en comparant des thèmes fondamentaux comme (i) la facilité d'accès aux services et aux traitements médicaux nécessaires pour la transition, (ii) qui paie pour ces services et ces traitements, (iii) la réaction sociale aux personnes TG/TS, (iv) le degré d'acceptation des femmes (et des hommes, ndt) après leur transition, (v) leur statut légal avant et après la transition, (vi) les variations dans leur possibilité de commencer une nouvelle vie et (vii) leur accès au marché de l'emploi avant, pendant et après la transition.
 
Etats-Unis:

Pour la plupart de ces critères, les Etats-Unis est actuellement le pays le plus accueillant du monde pour les personnes TG/TS en transition. Actuellement, les charges financières de la transition sont rarement remboursées par les assurances maladie et elles doivent être payées par les personnes en transition. Cependant, la grande variété de postes intéressants disponibles aux U.S.A fournit à de nombreuses personnes en transition les moyens nécessaires pour subvenir à leurs besoins ainsi que pour payer les traitements dont elles ont besoin avant, pendant et après la transition. Nombre de compagnies se mettent même à soutenir le transitions TG et TS à la place de travail. Aucun autre pays ne fournit de si belles opportunités pour les femmes au travail et dans la vie en général, et nombre de personnes opérées peuvent mener une carrière et une vie fructueuse ici.
 
Les U.S.A. ont aussi depuis longtemps une tradition provenant de l'époque de la frontière qui permettait de "tout recommencer ailleurs". Les liens familiaux ne sont pas aussi forts ici que dans d'autres pays. Au lieu de cela, les gens construisent des familles étendues avec leurs amis, au travail et dans leurs loisirs. Ne ressentant pas les contraintes d'une société traditionnelle, et pouvoir reconstruire sa vie loin de leurs familles et de la communauté dans laquelle elles sont nées, les personnes n'ont pas peur de lâcher leurs racines, de déménager et de recommencer ailleurs. Par chance, la plupart des états permettent maintenant aux personnes opérées d'obtenir des certificats de naissance et d'autres papiers révisés après leur transition. Ces personnes peuvent de ce fait avoir pleinement le statut d'une femme (ou d'un homme), y compris en ce qui concerne la possibilité de se marier. Tout cela est un important avantage pour les personnes en transition ici.
 
Les U.S.A ont aussi fait des progrès rapides en ce qui concerne les droits civils des personnes TG/TS, et elles sont de plus en plus protégées par des lois anti-discriminations dans nombre des plus grandes cités. D'un autre côté, il y a une portion réduite mais toujours présente de personnes violentes dans la société U.S. Et les personnes TG/TS doivent toujours être en alerte afin d'éviter les personnes et les lieux où elles pourraient être agressées et blessées. Néanmoins, les U.S.A, constituent pour l'essentiel une société accueillante qui pratique le "vivre et laisser vivre" et les personnes en transition sont relativement épargnées par les harcèlements.
 
Les personnes aux U.S.A. tendent à être plus autonomes et à subvenir à leurs propres besoins de manière indépendante que les habitants d'autres pays du monde. Une grande part de notre liberté "de s'occuper de nos affaires", est que nous devons être responsables de nous-mêmes et que nous ne devons pas attendre que les autres prennent soin de nous. Les personnes qui ont des difficultés à se prendre en main et qui attendent des autres de prendre soin d'elles ne peuvent pas faire facilement leur transition ici. La liberté est de ce fait une épée à double tranchant: vous avez la possibilité d'essayer de réussir ici, et il y a une société extrêmement ouverte qui le permet, mais vous avez aussi la liberté de faire des erreurs terribles, d'échouer et tout cela est de votre propre fait. (cette description fait, à mes yeux, abstraction de la large couche de pauvreté et de discriminations qui existent aux U.S.A. et il y existe aussi de nombreuses adolescentes MtF qui se retrouvent à la rue. ndt)
 
Amérique latine:

Au fur et à mesure que nous descendons vers le sud, vers le Mexique, l'Amérique centrale puis l'Amérique du Sud, la situation des personnes TG/TS varie très fortement. Dans ces pays, la plupart des hommes sont "macho" et définissent la masculinité comme ne pas être "féminin" et les genres sont bien plus fortement polarisés qu'aux U.S.A. Tout homme qui a des comportements ou des traits féminins est soumis à une stigmatisation et à une ridiculisation extrêmement intense. En conséquence, la plupart des personnes TG/TS en Amérique latine restent dans un état de terreur et de répression profonde. Ces personnes sont terrifiées à l'idée d'exprimer leurs vrais sentiments et la plupart n'essaient jamais d'assumer leurs difficultés intérieures.
 
En même temps, ces pays connaissent depuis longtemps une tradition de "travestis". Il s'agit d'une communauté assez grande mais clandestine de personnes transgenres qui travaillent essentiellement dans l'industrie du sexe, c.à.d. comme prostituées, comme strip-teaseuses, dans la pornographie, etc. Ceci a depuis longtemps servi de "zone de refuge" pour les adolescents gender variant des pays d'Amérique latine qui ont été jetés à la rue par leur famille. Manquant d'éducation, de documents d'identité et d'autres formes de soutien social – cela leur permet au moins de survivre économiquement.
 
Cependant les travestis sont violemment stigmatisés dans ces pays fortement dominés par l'église catholique romaine, où les enseignements et les intrigues de cette église ont un poids énorme sur la société. Sans document d'identité adapté, la plupart de ces personnes n'ont aucune chance de trouver un emploi jugé plus normal et ces personnes restent enfermées dans le ghetto du travail du sexe. Nombre de ces personnes sont très séduisantes et très féminines, comme on peut le voir dans le site des "transsexuelles brésiliennes" (Note: ce site est pornographique). Ces "she-males" et ces femmes transsexuelles séduisantes peuvent facilement, en tant que prostituées, attirer des hommes désirant satisfaire leurs besoins sexuels. (Quelle est la situation des FtM?, ndt)
 
Internet permet maintenant à ces femmes de faire de nombreux contacts (et de travailler comme "escort girls"), de gagner de l'argent par la pornographie sans avoir à se risquer aux activités les plus dangereuses dans la rue. Néanmoins, nombre d'entre elles sont harcelées et terriblement maltraitées par les autorités et par la police. Même les personnes qui sont transsexuelles et qui arrivent à réaliser une transition complète sont généralement dans l'incapacité d'obtenir des documents adéquats, elles sont toujours considérées comme des "travestis" et elles sont fortement stigmatisées dans la plupart de ces pays. Nombre d'entre elles tentent d'émigrer vers l'Europe (certaines vers les U.S.A.) où elles ont l'espoir de pouvoir construire une vie plus digne, que ce soit comme "she-males" ou comme personnes transsexuelles en transition.
 
Dans une certaine mesure, le Brésil est une exception en Amérique Latine. Depuis bien quelques années, des femmes transgenres brésiliennes belles et attirantes ont pu bâtir des carrières respectables dans le monde du spectacle et certaines sont devenues des icônes nationales, comme dans le cas de Roberta Close. Cependant, il faut du temps pour que la spécificité des personnes transsexuelles soit admise et ces personnes sont presque toujours considérées comme des "travestis" quand bien même elles ont réussi une transition complète.

L'opération de réattribution de sexe de Roberta Close qui a eu lieu en 1989 en Europe a fait beaucoup pour accroitre la compréhension par le public de la transsexualité, en particulier quand une controverse s'est développée face aux refus répétés du gouvernement d'accepter un changement légal de son identité et de son sexe. Un programme sponsorisé par le gouvernement a finalement été établi en 1998 afin de fournir à un nombre limité de transsexuelles (MtF) un suivi et des opérations de réattribution de sexe le tout "sur une base expérimentale" (on se dirait de retour à John hopkins en 1969, avec exactement les mêmes problèmes, ndt). Le nombre grandissant de femmes opérées au Brésil a fini par accroître la conscience du public de la légitimité de cette forme de gender variance. Le gouvernement a finalement abandonné sa position rigide sur les changements de nom et de sexe sur les documents d'identité et Roberta a enfin pu faire mettre à jour ses papiers en 2005.

Les années 90 ont également vu l'apparition au Brésil des crosdressers comme une catégorie distincte de personnes gender variant qui, par le passé auraient automatiquement été assimilée aux travestis. Certains groupes ont maintenant une présence sur Internet et ils organisent des manifestations dans les plus grandes villes, un peu comme ce qui se fait aux U.S.A. De plus les différents groupes de personnes gender variant forment de plus en plus des alliances fructueuses avec les activistes gays et lesbiennes. Il semble que plusieurs autres pays d'Amérique latine commencent à évoluer dans la même direction.

Europe de l'ouest:
 
En contraste avec la plupart des pays d'Amérique latine, certains pays d'Europe sont de bons endroits pour entreprendre une transition. La Hollande et les pays scandinaves sont particulièrement accueillants et respectueux des personnes en transition. L'Espagne qui a récemment légalisé les mariages homosexuels, s'est également ouverte aux personnes en transition et des opérations de réattribution de sexe (tant FtM que MtF) sont maintenant disponibles en quantité modérée. Certains des autres pays européens fournissent également des traitements médicaux et des opérations remboursés par leur système de sécurité sociale. Mais il y a cependant de très longs délais administratifs pour obtenir le droit au remboursement de ces traitements. De ce fait, nombre de femmes européennes vont en Thaïlande pour leur opération, ce qui leur permet de contourner les systèmes étatiques. Après leur transition, les femmes opérées de la plupart des pays peuvent obtenir la mise à jour de leurs papiers et être pleinement reconnues comme femmes, y compris en ce qui concerne le droit au mariage. Cependant les possibilités d'emploi ne sont pas encore aussi larges et abondates en Europe que ce qu'eles sont aux Etats-Unis. Pour plus d'informations au sujet des possibilités de transition en Europe, veuillez consulter ce site au sujet des transsexuelles européennes.
 
Le royaume uni est également une bonne place pour faire sa transition. Le système de sécurité sociale supporte intégralement les traitements médicaux et chirurgicaux et la société est plutôt respectueuse des personnes en transition. Cependant, jusqu'en 2004, un vieux cas de jurisprudence empêchait les personnes ayant achevé leur transition d'être officiellement reconnues dans leur nouveau genre. Elles ne pouvaient pas obtenir de certificat de naissance révisé et n'avaient pas d'autre choix que de révéler leur passé à chaque fois qu'elles obtenaient un nouveau job et lors de démarches administratives. Pire encore, elles ne pouvaient pas se marier selon leur nouvelle situation. Sous la pression de groupes d'activistes trans, (en particulier "Press for Change") et sous la pression de l'Union Européenne, le gouvernement britannique a révisé son système légal archaïque et a créé le Gender Recognition Bill de 2004. Ce dernier permet maintenant une reconnaissance officielle des trans après leur transition. Pour plus d'informations au sujet des problèmes des personnes TG/TS au Royaume Uni, veuillez consulter les sites de nombreuses femmes britanniques dont le témoignage est référencé dans La page de Lynn listant les témoignages de femmes TS ayant réussi leur transition ainsi que le site de Press for Change.
 
La situation en Suisse est la suivante: l'opération de réattribution de sexe est remboursée pour autant que la personne aie au moins 25 ans, que l'opération aie lieu dans un hôpital public, qu'elle soit recommandée par un psychiatre et que la personne ait été suivie pendant au moins deux ans. Les changements d'identité sont reconnus par une procédure judiciaire simplifiée, sauf dans le cas où la personne est mariée. Les difficultés sont actuellement les suivantes: il faut trouver un psychiatre prêt à vous accompagner sans vous entraver, ce qui est actuellement très difficile. Le seul chirurgien réalisant les opérations de type FtM ne pratique pas en hôpital public et les assurances refusent le remboursement. Les personnes de moins de 25 ans risquent de devoir payer tous leurs frais. Les personnes transgenres ne sont pas prises en compte par les procédures légales et il est actuellement indispensable de ne pas être marié pour que son changement d'identité soit enregistré par l'administration. Des recours devraient améliorer cette situation dans les années à venir. En matière de travail, la situation est variable de cas en cas. Mais certaines personnes ont été en mesure de garder leur poste de cadre dirigeant malgré leur transition, ou d'en obtenir un après. La mentalité qui favorise le respect de la vie privée des personnes aide certainement les personnes qui sont capables de gérer leur transition adéquatement.
 
Australie:
 
L'Australie est de plus en plus respectueuse des personnes qui font leur transition. La plupart de personnes (en tout cas dans les grandes villes) sont accueillantes et elles ont une mentalité de "vivre et laisser vivre", comme aux U.S.A. De fait, nombre de personnes en transition peuvent trouver des emplois acceptables avant et après leur transition. Elles peuvent également financer les opérations réalisées en Thaïlande. Nombre d'australiens sont aussi bien connectés au réseau et les personnes en transition bénéficient grandement de cette connectivité et des informations qu'elle fournit. Pour plus d'informations au sujet de l'Australie, veuillez consulter les témoignages et les sites des nombreuses femmes australiennes qui figurent dans la page de Lynn de témoignages de femmes ayant réussi leur transition.
 
Russie et Europe de l'est:
 
Avec la chute de l'Union Soviétique et l'émergence d'une société ouverte en Russie ainsi que dans les pays de l'Europe de l'est, nous commençons à voir quelques personnes ayant réussi leur transition. Il est toujours beaucoup plus difficile d'y réussir sa transition que dans les pays d'Europe de l'ouest, il y a beaucoup plus de bureaucratie et il est plus difficile d'obtenir l'accès aux traitements nécessaires. Cependant, ces derniers sont souvent couverts par les systèmes de sécurité sociale nationaux et certaines femmes (certains hommes aussi) peuvent maintenant témoigner de la réussite de leur transition. Ceci est un changement source d'espoir et cela devrait s'accélérer au fur et à mesure que ces pays se rapprochent du monde occidental. Consultez, par exemples les sites de Lena (Kiev, Ukraine) et de Iva (République Tchèque) pour plus d'informations sur la transition dans ces pays.
 
Asie et moyen orient:

Il y a une grande variété de situations en Asie. La chine a récemment (et discrètement) commencé à permettre des transitions. Il y en a encore très peu comparé à la taille de la population, mais les personnes ont le droit de se marier après leur transition. Le Japon est beaucoup plus conservateur, c'est une société très conformiste qui rejettent les personnes "hors normes". Cependant certaines femmes transsexuelles ont réussi à y faire leur transition. Les femmes de ces pays vont habituellement en Thaïlande pour leur opération et prennent des risques quand à leur chances de survie au retour. Certaines femmes ayant particulièrement bien réussi sont maintenant en mesure d'influencer l'opinion publique de leur pays. Un exemple spectaculaire est celui de Harisu – une très belle jeune femme de Corée du sud qui est une actrice très connue.
 
La Thaïlande a une longue tradition de "lady-boys" aussi appelées "kathoey" qui travaillent dans les bars et les spectacles. De nombreuses jeunes filles TG/TS peuvent y entreprendre une transition précoce et nombre d'entre elles pourront bénéficier d'une opération de réattribution de sexe – qui est facilement disponible sur place et pour un prix raisonnable. Même si, d'une certaine manière la société Thaï accepte les "lady boys", ces personnes ne sont pas considérées comme des femmes après leur transition et elles ne peuvent pas faire mettre à jour leurs documents officiels ce qui leur permettrait de vivre et de travailler en tant que femmes. De ce fait, un très grand nombre de Kathoeys demeurent marginalisées et doivent se contenter de travailler dans les bars ou comme prostituées, même après leur transition. Il en résulte que l'industrie du sexe est largement connue à travers le monde comme comportant un grand nombre de très séduisants "she-males" et de femmes transsexuelles. Nombre de ces femmes essaient de trouver du travail ou un mari à l'étranger dans l'espoir de pouvoir échapper à une vie limitée au travail du sexe et au spectacle. Nombre d'entre elles émigrent dans des pays comme l'Allemagne, où elles sont appréciées et pleinement acceptées en tant que femmes.
 
Pour plus d'informations au sujet des nombreuses formes d'existence pour les personnes TG/TS en Asie, veuillez consulter le site Transgender Asia qui est mis à jour par le professeur Sam Winter de l'university de Hong Kong.
La situation en Inde est une toute autre histoire. La société indienne a depuis longtemps inclus une forme primitive de "changement de sexe" comme solution pour des femmes transsexuelles (a-elle prévu quelque chose pour les FtM?, ndt). Elles peuvent échapper à leur sort en devenant des "Hijras" en entreprenant un "changement de sexe" consistant en une émasculation complète durant l'adolescence, puis en rejoignant la caste des Hijras. Même si la conversion n'est pas complète (il leur manque un vagin et une poitrine), les adolescentes peuvent ainsi éviter la masculinisation de leur corps et peuvent vivre une vie de femme par la suite. Cette méthode ancienne pour résoudre la condition des personnes transsexuelle (MtF, ndt) est largement pratiquée en Inde où il y a environ 1 million de Hijras (soit environ un adolescent sur 400 devient une Hijra). Dans un pays où la pauvreté est très répandue, cela fournit une solution abordable aux personnes dont les sentiments transsexuels sont les plus intenses. Dans les dernières années, le gouvernement a commencé à aider les femmes Hijras en fournissant des hormones à certaines d'entre elles, de manière à les aider à féminiser leur corps, ce qui leur permet d'avoir encore plus l'apparence d'une femme dans le but de les aider à être mieux acceptées dans la société. Cependant, vivre dans les castes des Hijras se paie d'un prix très élevé en ce sens que les personnes sont condamnées à vivre dans un statut intermédiaire entre hommes et femmes (ce qui ne leur correspond pas) dans une caste particulièrement basse et méprisée. De plus, elles sont réduites à vivre de la prostitution et de la mendicité. Récemment, certaines Hijras se sont mises en relation avec les femmes transgenres et transsexuelles d'occident, ce qui leur permet de découvrir nos méthodes de transition. Un plus grand nombre de Hijras recourront à un traitement hormonal et aussi à des opérations de réattribution de sexe, si elles sont capables de financer ces traitements. (Consultez la page de Lynn au sujet du transsexualisme et aussi la page de Lynn sur la vaginoplastie pour plus d'informations au sujet des Hijras).
 
Il y a aussi de nombreux Hijras dans des pays musulmans comme le Pakistan et le Bangladesh, où cette coutume indienne s'est répandue il y a longtemps. Leur situation dans ces pays est semblable ou même pire à ce qu'elle est en Inde, et la plupart d'entre elles sont reléguées à une vie de prostituées et de mendiantes.
 
Dans d'autres pays musulmans mais séculiers, tels que la Turquie, l'Indonésie ou la Malaisie, les femmes TG/TS se retrouvent dans une situation semblable à celle des pays d'Amérique Latine sous l'emprise de l'église catholique romaine. Dans ces pays, nombre de jeunes femmes entreprennent une transition sociale (transgenre). Cependant, celles qui le font perdent toute identité, elles se retrouvent dans l'incapacité de trouver un emploi et elles sont marginalisées et condamnées à vivre dans des ghettos urbains. Elles doivent la plupart du temps se tourner vers le travail du sexe et vers la mendicité pour survivre. Bien que certaines arrivent à obtenir des hormones pour modifier leur corps, très peu d'entre elles arrivent à réaliser une transition transsexuelle complète. Et même si elles y arrivent, elles ne sont pas considérées comme des femmes, et restent dans l'incapacité d'obtenir un emploi et complètement marginalisées.
 
La pire situation pour les personnes transgenres et transsexuelles est de vivre dans les pays islamiques, où la moindre variation en matière d'orientation ou d'identité sexuelle est traitée avec la plus grande cruauté. Dans de nombreux pays islamiques comme l'Arabie Saoudite, c'est une routine d'exécuter des gays et des lesbiennes pour la seule raison qu'il s'agit de personnes homosexuelles. Comme vous pouvez l'imaginer, il n'y a aucun espoir pour les personnes transgenres et transsexuelles dans de tels pays. Il est tout simplement inconcevable de pouvoir faire sa transition dans un environnement aussi moyenâgeux, aussi enfermé dans des superstitions religieuses, aussi violent et brutal, sans risquer sa vie.

Il y a quelques exceptions à la marginalisation et aux persécutions des personnes transsexuelles dans le monde islamique. La plus importante est l'Iran, qui fournit une aide sociale et médicale pour les personnes en transition ainsi qu'une reconnaissance officielle pour leur nouveau statut à la fin de la transition. Cette pratique s'est discrètement étendue durant les dernières années, sur la base d'un jugement favorable de l'Ayatollah Khomeiny. (Veuillez cependant noter que les relations homosexuelles sont brutalement réprimées en Iran et que de nombreux jeunes gays y ont été exécutés). 

L'impact planétaire de l'Internet:

Par chance, l'internet aide de nombreuses personnes transgenres et transsexuelles à mieux comprendre la situation dans d'autres pays que le leur. Ces contacts aident de nombreuses personnes dans des pays où il est difficile, voire impossible, de faire une transition, de trouver des moyens d'échapper au piège dans lequel elles se trouvent. Nombre de personnes en transition font maintenant des comparaisons très détaillées, pays par pays, pour voir où elles pourront obtenir le meilleur traitement médical, le meilleur emploi, où elles pourront trouver des partenaires et où elles pourront vivre à long terme.
 
Par exemple, nombre de personnes TG/TS essaient d'immigrer des pays les moins tolérants dans ceux qui le sont plus, par exemple d'Amérique Latine en Europe ou aux Etats-Unis. Nombre de personnes évaluent les chirurgiens de toute la planète avant de se décider pour quelque chose d'aussi critique que leur opération de réattribution de sexe. D'importantes différences dans le coût de soins de qualité, en particulier en ce qui concerne la chirurgie, amène nombre de personnes des pays occidentaux tels que les Etats-Unis dans des pays comme la Thaïlande pour ce traitement. Des différences dans l'acceptation des personnes opérées encouragent nombre de personnes provenant de pays comme la Thaïlande ou l'Amérique latine à essayer d'émigrer vers l'Europe et elles y arrivent souvent par le mariage.
 
Vous pouvez obtenir plus d'informations sur ces questions en lisant et en comparant les caractéristiques des témoignages qui figurent sur la page de Lynn de témoignages de femmes ayant réussi leur transition, qui inclut des femmes de toute la planète.
 
En regardant autour de nous, nous constatons que les sociétés les plus traditionnelles, les plus médiévales traitent les femmes TG/TS de la même manière qu'elles traitent toutes les femmes exclues. Dans ces sociétés, une jeune femme sans le soutien de sa famille ni source d'argent devient une exclue totale. Elle n'a alors plus que deux moyens de survie: la prostitution ou la mendicité.
 
Si nous déplaçons notre regard vers les pays plus tolérants, nous voyons des conditions nettement meilleures pour les transitions, qui permettent aux femmes d'éviter de se trouver ostracisées ou condamnées au ghetto. Dans les plus tolérants, nous voyons des possibilités toujours meilleures de trouver un emploi et de mener une vie normale après la transition. Nous espérons que les changements qui ont lieux dans ces pays vont susciter des changements rapides dans les pays moins tolérants, en particulier grâce aux médias de masse et aux moyens de communication modernes.

 
Références pour une étude plus approfondie: 

1. "Links to International Support and Information Sites," LynnConway.com

2. "Historical and cross-cultural evidence of transsexualism," LynnConway.com.

3. "Vaginoplasty: Male to Female Sex Reassignment Surgery - Historical Background," LynnConway.com

4. "TransgenderAsia", by Sam Winter.

5. European Transgender Network (TGEU)

 


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LC update 8-29-06